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Éditorial

Séparer le personnel du politique : le grand fardeau de la politique étudiante

Web-Rotonde
16 janvier 2017

Éditorial

Par Frédérique Mazerolle

Il était une fois, dans la métropole d’Ottawa-Gatineau, des hommes et des femmes politiques qui s’aimaient bien, et ce malgré leurs différences et leurs alliances socio-politiques. Des gens si humbles et terre à terre, nous avait-il semblé, qu’ils étaient en mesure de séparer parti et party.

Eh oui, il y a bien eu une époque où les politiciens et politiciennes d’un bord à l’autre du spectre étaient en mesure d’oublier leurs différences idéologiques discutées dans la Chambre des communes pour aller prendre un café ou une frette avec les adversaires.

Certes, plusieurs admettent que cette belle utopie politique, où les gens pouvaient séparer leur vie personnel et leur association à un parti, n’est devenu qu’un souvenir lointain et que la rivalité partisane, voire même les différences au niveau personnel et moral, auraient prises le dessus. Le personnel serait donc devenu politique.

Chamaillage à l’U d’O

Pas bien loin du Parlement du Canada, se trouve un campus, celui de l’Université canadienne, l’Université qui défie les conventions, bref l’Université d’Ottawa, où certain.e.s étudiant.e.s prennent plaisir à jouer dans la cour des grands en participant d’une façon ou d’une autre au monde de la politique étudiante.

Ceux et celles qui ont décidé de s’embarquer dans le grand creuset qu’est la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) savent très bien que ce n’est pas une tâche facile et que de grandes responsabilités s’y rattachent. Par contre, il est clair que la majorité d’entre eux commencent leur mandat avec de bonnes intentions et qu’ils ne s’attendent pas à être jetés dans l’eau bouillante du même creuset.

Avec les élections générales de la Fédération étudiante qui approchent à grands pas, il est donc important de se pencher sur la question de la séparation nécessaire entre le personnel et le politique, trouble qui semble être la cause de la perte de légitimité de certains membres de l’exécutif et de la confiance des étudiant.e.s envers ces derniers.

Pour une énième fois, les membres de l’exécutif semblent avoir confirmé aux étudiant.e.s qui les ont élus qu’il était impossible pour eux de mettre leurs différences personnels de côté, même pour le temps d’une simple réunion de leur Conseil d’administration.

Suite à la présentation du dernier rapport du contrôleur général, le 11 janvier, qui faisait état de dépenses à faire sourciller et d’abus de congés payés chez certains membres, les tensions entre les membres de l’exécutif ont fait surface, surtout quand le président, Roméo Ahimakin, s’est vivement opposé à l’idée de discuter des formalités du rapport et des sanctions possibles pour les membres concerné.e.s en huis clos.

Oui, ces mêmes candidat.e.s qui lors de la période des élections, avaient milité haut et fort contre la corruption et pour une Fédération plus accessible et transparente pour les étudiant.e.s sont également ceux et celles qui sont prêt.e.s à se battre de façon aussi féroce pour s’assurer que les détails de leur vie privée, mêmes si ceux-ci pourraient être étroitement liés à des décisions douteuses, ne soient pas révélés au grand public. Ou pire encore, qu’ils ne soient pas divulgués par les grands méchants de la presse étudiante.

L’écho du silence
Ce n’est pas la première fois que les membres de l’exécutif, avec l’aide de certains membres du Conseil d’administration, créent une coalition pour empêcher au public de savoir ce qui se passe réellement dans les bureaux de la Fédération étudiante. On l’aura vu avec la présentation du budget annuel, année après année, où les détails financiers seraient trop complexes pour être expliqués de façon convenable, par peur de voir des données erronées sur Twitter.

Cet embargo d’information s’est également concrétisé lors de la première présentation du contrôleur général, où celui-ci a exposé des dépenses astronomiques quant au transport en taxi et aux sorties de l’exécutif. Dans un temps d’austérité où la FÉUO doit se serrer la ceinture, il n’est que sain de couper les dépenses qui ne sont pas nécessaires.

Et finalement, nous pouvons également revenir sur les plaintes à l’égard de l’ancienne vice-présidente aux finances, Camélia Touzany, ainsi que ses propres plaintes formulées contre le reste de l’exécutif, en raison de harcèlement psychologique et de mauvaises conditions de travail. Parce que le fait que le bien-être d’une membre élue ait été mis à l’épreuve par d’autres membres élu.e.s devrait bien évidemment rester derrière portées fermées.

Certain.e.s élu.e.s s’indigneront, répétant qu’ils et elles ne sont pas des animaux, mais bien des êtres humains comme vous et moi. Qu’ils et elles ne méritent pas de devoir s’exposer devant les étudiant.e.s qui leur ont offert leur soutien durant leur élections. Pourtant, ce qui se passe devant nos yeux ressemble bien à un cirque, mettant en scène des animaux politiques qui se battent sans pitié dans le but de défendre leurs intérêts personnels.

Il reste que ces gens ont fait le choix d’être membres d’un exécutif qui se doit de représenter près de 40 000 étudiant.e.s et que quand le moment vient de répondre aux questions difficiles, il ne faut pas hésiter à y répondre, sous peine d’être accusé de manquer de transparence.

Avec les élections générales qui approchent rapidement, il relèvera de votre responsabilité, chers lecteurs et lectrices de ce journal, de choisir des candidat.e.s qui sont prêt.e.s à mettre de côté les enfantillages et à travailler avec sérieux avec les membres des instances décisionnelles de la FÉUO. Ce n’est plus une question d’aimer ou de ne pas aimer travailler ensemble, mais bien de pouvoir travailler ensemble correctement. La transparence et la responsabilité viendront donc par eux-mêmes suite à ce changement de dynamique.

Ce qui semble sur, c’est que le silence, pour l’instant, semble être plus fort que la vérité.

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