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Quelles spécificités pour le journalisme communautaire ?

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27 novembre 2017

Entrevue

Par : Charley Dutil – Journaliste 

Journalisme de niche, journalisme communautaire, spécialisation sur les langues officielles en situation minoritaire, rapports de pouvoir asymétriques entre associations communautaires, partis politiques et journaux, quelles sont les spécificités du journalisme franco-ontarien, ses limites et défis ? Pour aller plus loin dans la compréhension de cette situation, La Rotonde est allée à la rencontre du premier rédacteur et journaliste aux affaires francophones de la Télévision Française de l’Ontario, Sébastien Pierroz.

La Rotonde : L’histoire de la presse franco-ontarienne est-elle liée à celle de la presse communautaire francophone ?

Sébastien Pierroz : On peut dire que oui et non, par exemple, le journal franco-ontarien qui est le plus connu est le journal Le Droit qui a été fondé en 1913 afin de répondre à la crise du règlement 17. Mais il y a aussi beaucoup de journaux communautaires franco-ontariens, par exemple, dans la grande région de Toronto il y a le Métropolitain, à Windsor on parle du Rempart. Dans l’Est ontarien, qui compte quand même plus de 80 000 francophones, on voit la présence du Carillon à Hawkesbury et du Reflet dans l’Est Ontarien. En bref, je pense qu’ils sont une dizaine dans l’est de l’Ontario.

LR : L’Association de la Presse francophone a récemment développé une nouvelle charte, qu’apporte-t-elle concrètement ?

SP : La charte permettrait de donner beaucoup plus d’indépendance aux journaux. Pour l’instant, il reste le défi que les journaux communautaires soient souvent liés à des associations et que celles-ci limitent l’indépendance des journaux. Le but de la charte est de rendre les journaux beaucoup plus libres ainsi que de rendre la vie plus facile aux journalistes.

LR : Quels sont les défis auxquels la presse communautaire est-elle confrontée ?

SP : Les défis sont assez importants. C’est une presse de combat. On est dans une masse. On est minoritaire et il faut savoir aller chercher une information pertinente pour le lecteur. Il y a un million de francophones hors Québec et il y a une véritable appétence de ces francophones pour avoir de l’information en Français.

LR : Le journalisme communautaire doit-il craindre d’être assimilé à des intérêts privés ?

SP : Oui, il y a toujours ce danger, les communautés aiment s’approprier leur journal. Mais parfois il y a une ligne qui peut être dépassée, on va dire que le journaliste est au service de la communauté. À ce moment, cela peut devenir dangereux si le journaliste perd son indépendance et ne peut plus écrire l’information de la manière dont il l’entend ou s’il ne peut plus aller prendre le parti opposé.

LR : Qu’en ressort-il de vos différences expériences dans le journalisme franco-ontarien ?

SP : Les défis sont différents d’un journal à un autre. À TFO, l’indépendance est respectée, mais par exemple lorsque je travaillais au Reflet, qui est un journal beaucoup plus communautaire, il y a beaucoup de personnes qui appelaient en demandant de remercier les sponsors à la fin des articles, d’autres personnes demandaient de relire les articles avant publication. On devait alors expliquer que nous ne sommes pas des agents de communication. C’est beaucoup plus fréquent dans un milieu très communautaire. Ce qu’il faut absolument c’est une direction du journal qui défende le rôle du journalisme. Souvent les directions le font, mais il se peut qu’elle soit un peu plus laxiste.

LR : Que pensez-vous est le rôle des journaux étudiants ?

SP : Il y a environ 10 000 étudiants francophones à l’Université d’Ottawa. Il s’agit environ de l’équivalent de la population francophone de Timmins, de Cornwall or Rockland. Le rôle de La Rotonde n’est pas qu’important en tant que nombre, mais aussi en ce qui concerne les enjeux. Un grand nombre d’enjeux se déroule aujourd’hui dans les institutions post-secondaires, on dit souvent aujourd’hui en Ontario que la gestion des écoles post-secondaires francophones est manquante. C’est tout le débat à propos de la nouvelle Université de l’Ontario Français, mais par ricochet c’est aussi un débat qu’on peut avoir à l’Université d’Ottawa à propos des services en français.

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