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Opinions

La femme-fontaine du Vieux-Hull

Actualités
28 novembre 2016

Opinion

Par Yannick Bessette-Viens

Le 16 novembre dernier, une consultation publique été organisée par la conseillère municipale Denise Laferrière dans l’objectif de consulter la population du district Hull-Wright sur la question de l’utilisation d’une enveloppe de 300 000 $ mise de côté il y a près d’une décennie pour la construction d’une épicerie dans le quartier.

Si madame Laferrière choisit d’abandonner ce projet, comme elle semble l’avoir signifié, la communauté ne pourra pas accéder au 200 000 $ promis par la coopérative financière Desjardins pour soutenir l’initiative. On peut concevoir qu’un autre projet, encore plus important, pressant, voire primordial, aurait attiré l’attention de la ville pour que celle-ci se détourne de l’épicerie du Vieux-Hull.

En effet, pour qu’il y ait des discussions quant à l’urgence d’un dossier qui a tant d’histoire, qui mobilise tant de citoyens, et qui bénéficie même d’un don de Desjardins, il doit y avoir urgence ailleurs, non?

Pour quelqu’un, quelque part, ça doit être important?

C’est justement cette urgence que madame Laferrière était venue présenter à son électorat le 16 novembre dernier. Projets au premier plan : restauration d’une fontaine, construction de jeux d’eau et d’un terrain de soccer synthétique. Je me demande pourquoi on parle de jeux d’eau et de terrains de soccer dans un quartier pauvre, qui est couvert de neige à l’année longue. La conseillère continue de discuter en détail de sa fameuse fontaine à restaurer, comme si cette conversation avait effectivement le mérite de concerner la population de l’île de Hull.

Je rêve ou quoi?

Sérieusement, à l’aube de l’hiver, me demande-t-on vraiment de choisir entre une fontaine et un accès à de la nourriture saine et abordable? Est-ce trop demander de vouloir faire toutes mes courses au même endroit, de pouvoir bien manger, de demander à avoir accès à une variété de produits abordables dans mon quartier, de souhaiter qu’on y crée des emplois accessibles pour les gens qui en ont le plus de besoin? C’est ahurissant. Les arguments de notre conseillère ne tiennent pas la route, ils se contredisent sans cesse. Elle semble ignorer le vrai problème, celui qui nous concerne tous.

Elle a pris cette décision seule, alors que c’était un dossier d’importance dans son mandat pour l’île de Hull, les autres projets n’étant que des diversions.

Madame Laferrière, si vous souhaitez devenir un symbole de la pauvreté du Vieux-Hull, si vous voulez qu’on se rappelle de vous comme d’une preuve vivante du fait que les problèmes de précarité proviennent directement de mauvaise gérance gouvernementale, bravo.

J’étais au bord de croire que l’épicerie n’existerait pas pour de bonnes raisons, mais vous m’avez ouvert les yeux. Tant qu’à y être, vous mettrez des poissons dans votre fontaine, comme ça les Hullois pourront manger sans avoir à se déplacer.

 

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