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Vers un programme unilingue ?

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12 février 2018

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Par : Nonibeau Gagnon-Thibeault – Journaliste

 

Au sein d’un article publié en ligne le 26 janvier, Radio-Canada rapportait que plusieurs étudiant.e.s francophones en génie électrique à l’Université d’Ottawa (U d’O) se heurtent à un environnement majoritairement unilingue et ne parviennent pas à terminer leurs programmes dans leur langue maternelle. La Rotonde est allée à la rencontre de ces étudiant.e.s pensant s’être inscrit.e.s dans un programme pouvant être entièrement suivi en français.

De fausses informations

On peut lire sur le site web de l’Université d’Ottawa que le programme de génie électrique « est offert en français et en anglais », mais que « certains des cours plus avancés sont offerts en anglais seulement ». L’institution assure toutefois que « les cours des trois premières années sont offerts en français et en anglais ». Or, selon l’Association des étudiants en génie (AÉG) et plusieurs étudiant.e.s présentement dans le programme de génie électrique, il y a des cours strictement en anglais dès la troisième année.

Isabelle Mailloux Pulkinghorn, gestionnaire des relations avec les médias de l’U d’O, explique que « pour certains programmes spécialisés tels que Génie électrique, il est extrêmement difficile d’offrir certains cours en français en 3e et 4e année. Les étudiants sont d’ailleurs informés lorsqu’ils font leur sélection de cours ».

Mauvaise surprise

« Je me sens un peu arnaquée », confie Astan Simaga, une étudiante internationale qui songeait à changer de programme pour aller en génie électrique. Étonnée, l’étudiante disait croire que le programme était entièrement en français. Elle ne se laisse toutefois pas démoraliser. « J’ai envie de le faire, ça me tient à cœur. Je vais faire avec, mais c’est louche ».

Cette situation implique ainsi un effort continu pour les personnes moins à l’aise en anglais afin de pouvoir se préparer à la troisième année du programme. Dans cette perspective, Ali Dou, étudiant en première année en génie électrique, apprend actuellement l’anglais pour pouvoir suivre ses cours. « Je pense que j’aurai une bonne base en anglais quand je serai en troisième année », prévoit-il avec confiance.

« Leur publicité, c’est trompeur! », s’indigne Jocelyn Leblanc, coprésident du Regroupement des étudiants franco-ontariens (RÉFO). Leblanc dénonce de manière plus générale l’image bilingue que projette l’U d’O alors que, selon lui, les étudiants francophones n’ont pas autant de services que les anglophones. Il considère que c’est un exemple démontrant que « le modèle bilingue ne fonctionne pas ».

Faute de budget

L’Université justifie le manque de cours en français par un manque budgétaire. Le recteur de l’U d’O, Jacques Frémont, cherche à combler ce trou en proposant une entente avec le gouvernement ontarien, qui financerait l’Université pour le développement des programmes en français. Il pourrait y avoir des programmes entièrement francophones en septembre 2019 si le gouvernement appuie la proposition du recteur.

Leblanc voit dans cette justification un exemple où le bilinguisme à l’université se fait au détriment des franco-ontariens. « Monsieur Frémont, il se tire dans le pied en disant des affaires de même, parce qu’il dit que les franco-ontariens écopent encore pour le manque budgétaire ». « C’est un des plus grands problèmes des universités bilingues. À chaque fois que l’on doit diminuer le financement, ce sont les étudiants franco-ontariens qui en souffrent et qui doivent s’adapter », dénonce Leblanc.

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