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Visites guidées alternatives-Découvrir la ville politisée avec un « détour »

Web-Rotonde
22 septembre 2014

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– Par Alex Jürgen Thumm-

Les étudiants passent souvent des années dans leur ville d’accueil sans vraiment la connaître. Depuis cet été, Ottawa (de)tours essaie de dévoiler le côté politique et militant de la ville au bénéfice des résidents et des touristes. La Rotonde a participé à son « séminaire marchant » sur le féminisme pour apprendre la manière dont on politise une visite guidée d’Ottawa.

Avec Indigenous Walks, l’une des nouvelles compagnies de visites guidées alternatives lancées en mai, Ottawa (de)tours propose des marches qui remettent en question la visite guidée traditionnelle, touristique et non interactive. « C’est une occasion d’apprendre à connaître sa nouvelle ville et de regarder les sujets qui les intéressent d’une manière différente », explique sa co-fondatrice Susan Johnston. Le nom symbolique de « détour » signifie la déconstruction et la déviation du passé, du présent et du futur.

Notre guide pour le séminaire « Women, Society and Spaces » fut Amy Kishek, militante féministe et étudiante de troisième année en common law à l’Université d’Ottawa. Encouragée par une amie, elle a conçu son « walking seminar » féministe cet été. « J’ai décidé d’exploiter mon expertise et d’aller chercher les lieux où l’on peut parler de la politique », explique-t-elle.

La visite guidée féministe offre une nouvelle perspective et un visage humain aux femmes notables de l’histoire canadienne, par exemple en apprenant que les lettres d’amour de la première députée se trouvent aux archives nationales. Même le point de départ n’est pas un hasard. Mme Kishek explique que Bridgehead Coffee est fondé et dirigé par une femme. « Pour nous, il s’agit de montrer la ville d’une différente manière », explique-t-elle. « L’histoire des femmes est partout, la question réelle est “est-elle reconnue?” ».

                  La participation est intégrale au modèle. « La perspective de chacun compte. Si tu as une perspective que tu veux partager avec autrui, c’est nous tous qui contribuons à l’expérience », souligne Mme Kishek. « Ce qui m’intéresse le plus est d’entendre des femmes et les raisons pour lesquelles elles croient qu’il n’y a pas plus de politiciennes ». Normalement, à la fin des visite guidées, on prend un repas ensemble pour continuer la discussion de manière détendue. « C’est souvent en buvant leur première boisson que les gens se rendent compte qu’ils sont réellement invités à discuter », raconte Mme Johnston, qui ajoute que tous peuvent y approfondir leurs connaissances sur les sujets qui les passionnent.

                  Quatre des huit participants, le maximum de chaque « detour », étaient étudiants. Une démographie typique selon Mme Johnston. « Les jeunes étudiants seront à l’aise avec notre vibe », explique-t-elle. Mme Kishek apprécie la diversité d’âges et trouve que cela sert parfois à la « rééducation » de certains participants en matière de féminisme.

                  Malgré le nom de « séminaire », ceux-ci ne ressemblent pas du tout à une classe, assure Mme Johnston, mais complémentent plutôt leur éducation formelle. Elle recommanderait, par exemple, le tour intitulé en anglais « crois-tu en l’argent? » aux étudiants en science économique. « Là, on se demande “que font les institutions économiques?” en face des lieux mêmes et on remet en cause ce que l’on apprend en classe en revoyant la matière dans un contexte nouveau ». Mme Johnston voit le potentiel du modèle dans l’enseignement universitaire. « Je peux m’imaginer plusieurs sujets académiques pour lesquels il serait bénéfique de les étudier sur place ».

                  Lorsque nous étions assis devant la Cour suprême du Canada en train d’apprendre sur les aspects légaux du féminisme canadien et de la manière dont les femmes vivent la violence différemment que les hommes en cas d’autodéfense, un jeune étranger curieux a surpris la conversation et s’est joint à nous jusqu’à la fin. Sam, étudiant en première année en droit à l’U d’O, explorait les institutions juridiques de sa nouvelle ville. « C’était vraiment intéressant, et exactement la manière dont je voulais découvrir Ottawa », déclare-t-il. Émanuelle, une étudiante passionnée du féminisme et aussi nouvellement arrivée à Ottawa, a aimé la visite et mentionne qu’elle a comblé toutes ses attentes.

                  Quatre séminaires marchants sont régulièrement offerts sous les noms« feminism », « food », « play » et « money ». Puisque le concept est en phase bêta cette saison, les visites guidées ont été proposées à un ou deux dollars depuis leur lancement. Mme Johnston avertit toutefois que les prix seront bientôt haussés.

                  Tous les « detours » actuels sont donnés en anglais, mais les coordinateurs s’intéresseraient à des tours français. Detours affirme être prêt à parler avec de nouveaux guides potentiels afin d’élargir leurs choix de séminaires marchants.

 

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