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Arts et culture

When we were old: Une collaboration qui se démarque

Culture
28 septembre 2015

 

Par Lissa Léger

La semaine dernière, le Centre de danse contemporaine (CDC) d’Ottawa accueillait pour trois soirs seulement le spectacle When We Were Old de la compagnie montréalaise Danse Carpe Diem/Emmanuel Jouthe.

Ce spectacle est né d’une collaboration entre le Québécois Emmanuel Jouthe et la chorégraphe et performeuse italienne Chiara Frigo. Cette rencontre a entraîné un processus de création divisé entre l’Italie et le Canada permettant aux artistes de se nourrir de cette séparation. Emmanuel Jouthe a cofondé Danse Carpe Diem/Emmanuel Jouthe en 1995, mais ce n’est qu’en 1999 qu’il est devenu le directeur artistique solo de la compagnie.

C’était le premier spectacle de cette nouvelle saison 2015-2016 de la série Danse 10. Pour l’occasion, le CDC nous proposait un amuse-bouche avant le plat principal. La jeune compagnie de danse FloorPlay nous a présenté De notre petit squelette, un duo de 15 minutes. Les deux chorégraphes/interprètes Annabel Boissonneault et Alya Graham ont offert une performance athlétique avec une impeccable précision du mouvement. Elles ont exploré le vertige de la mémoire sensorielle du corps lorsqu’il fait face à l’infini. Les corps se rencontraient pour se supporter et s’explorer. Puis tout à coup les individualités s’éclataient pour ensuite s’abandonner dans leurs récits personnels.

When We Were Old

C’est dans une ambiance mystérieuse et planante qu’Emmanuel Jouthe et Chiara Frigo ont pris place sur une scène au décor minimaliste, recouverte de tapis de danse blanc. Dès le début, Chiara chuchote au micro, nous donnant accès à l’intimité de l’univers naissant devant nous, pendant que Jouthe est toujours assis.

C’est lorsque les deux individualités se rencontrent que la dualité des deux êtres devient perceptible. Une dualité qui n’est pas en opposition une envers l’autre, ni en harmonie, mais qui vise la cohabitation. Cette relation évolue avec le support d’accessoires provenant de la nature : comme des bûches de bois, un arbre en pot et de la terre. La performance explorait le dialogue entre l’humanité et l’organique, le primitif et l’urbanisme, souvent cadré dans une dynamique de construction et de déconstruction. Dans une des séquences, Chiara est debout sur une bûche de bois et Jouthe vient ajouter deux bûches en-dessous d’elle sans qu’elle ne descende de la première. On peut ainsi voir le symbolisme de la construction humaine : imposer un tour de force à la nature qui doit absolument s’adapter à ce changement.

Les chorégraphies soignées et dynamiques étaient exécutées avec une grande qualité d’interprétation corporelle et émotive. Les mouvements plus fondants de Jouthe devenaient de la réelle poésie corporelle en contraste avec les moments rythmiquement plus rapides de Chiara. Les séquences étaient accompagnées d’une pulsation musicale techno-électro-ambiante qui pouvait faire référence au pouls d’une société vivante prête à émerger.

La fin du spectacle explorait la question « À quel moment le nouveau remplace-t-il l’ancien? ». Notre Terre est constamment en période de changement au gré des saisons et du déséquilibre créé par les hommes. Au cours de la performance, les tapis blancs du début se faisaient plus rares sur scène, puisque quelques tapis noirs se sont ajoutés. Les multiples tapis rappelaient l’image des nombreuses couches que consiste notre sol. Puis le spectacle se termine avec les deux danseurs qui disparaissent dans une mort symbolique entre les couches. « Est-ce que la mort fait partie du nouveau ou de l’ancien? » When We Were Old, un spectacle contenant des images fortes, provoquant des questionnements et une prise de conscience chez celui qui les reçoit.

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