Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Wu-Fest : Un nouveau festival à l’Auberge Le Mouton Noir

Web-Rotonde
17 novembre 2014

– par Didier Pilon –

Nommé en l’honneur de Ming Wu, photographe et bloggeur canadien, le Festival est une célébration de l’art et de la musique locale.

Wu-Fest est l’initiative de Kelly Symes, la coordinatrice de projets de l’Auberge Le Mouton Noir. « En tant que salle de concert, nous avons grandement besoin de personnes comme Ming, La Rotonde et Ottawa Showbox pour assister, couvrir et promouvoir nos spectacles », affirme Symes. « Ce festival est notre manière de vous remercier ». Pour rendre hommage à Ming Wu, elle a organisé deux jours d’art et de musique, présentant cinq groupes tout en vendant les photos de Wu. Plutôt que de regrouper des artistes en fonction de leur style musical, Wu-Fest ne présente que des groupes qui ont reçu le sceau d’approbation de Ming Wu lui-même. « Il n’y a pas vraiment de thème qui unit les artistes », dévoile le photographe. « Au contraire, j’ai donné une liste de mes artistes préférés à Kelly et elle s’est chargée de les inviter ».

Le spectacle du vendredi présentait deux groupes : Moonfruits et AroarA. Moonfruits est un groupe de la région composé d’Alexandre Millaire et de Kaitlin Milroy. AroarA présente Andrew Whiteman, un des membres réguliers de Broken Social Scene, et Ariel Engle, anciennement du duo électro-indie, Moufette. De prime abord, les deux duos semblaient avoir tant en commun. Accompagnés de leurs guitares, ils chantent de douces harmonies homme-femme. Toutefois, il en résulte une atmosphère complètement différente.

Les rythmes parfois entrainants et parfois mélodieux de la guitare acoustique de Moonfruits exsudent une chaleur omniprésente. En revanche, AroarA crée un mélange hétérogène de guitares électriques et de séquenceur pour créer une ambiance électrique et froide. Alors que le son folk-pop de Moonfruits tire des influences du swing et de la musique traditionnelle, AroarA présente un son indie qui s’inspire plutôt du rock ambiant, de la musique électro et de la poésie sombre d’Alice Notley. En prestation, Alexandre Millaire a bien démontré sa virtuosité en tant que guitariste. Les harmonies de sa partenaire, Kaitlin Milroy, ont enrichi les mouvements mélodiques et donné aux airs une consonance verticale. En contraste, c’est la dissonance des riffs électriques minimalistes d’AroarA, ajoutés aux percussions préenregistrées de leur séquenceur, qui a su mettre de l’avant la voix mélodieuse d’Ariel Engle.

Le spectacle du samedi a présenté trois groupes : Giant Hand, Pony Girl et Little Freak.

La prestation de Giant Hand était tout simplement poignante. La formule est pourtant simple : Kirk Ramsay chante en jouant quelques accords relativement simples sur sa guitare acoustique alors qu’une guitare électrique y rajoute quelques notes ici et là. Toutefois, ses chansons frappent avec une honnêteté qui sait percer corps et âme. Le son folk minimaliste qui en résulte rappelle l’influence de la musique maniaco-dépressive de Daniel Johnston. Le vibrato qui couronnait ses vers ressemblait plus aux tremblements d’une voix marquée d’une douleur profonde.

On peut donc s’imaginer le contraste lorsque les sept membres de Pony Girl ont pris scène. Trois guitares, une basse, un clavier, une batterie, une clarinette et même un panneau de percussion électronique se superposent pour créer un son épais et pesant. La complexité de leurs arrangements, le mouvement de la progression, l’utilisation de pauses et de soupirs font preuve de la maitrise de leur instrument. Le paysage sonore art-rock avant-gardiste qui en découle est hypnotisant. Même l’expérience esthétique de les voir jouer sur la petite scène avec un synchronisme impeccable était en soi stimulante. La formation a pris avantage de l’occasion – leur dernier spectacle de l’année – pour mettre de l’avant ses nouvelles compositions.

Little Scream est le projet solo de Laurel Sprengelmeyer. Avant d’entreprendre sa carrière solo, elle a contribué sa voix à plusieurs groupes indie, y compris Arcade Fire et The National. Pour sa prestation à l’Auberge, Sprengelmeyer était accompagnée d’un batteur, d’un bassiste et d’une musicienne à tout faire (guitare, clavier, séquenceur, percussion, etc.). Si leur son est si difficile à décrire, c’est qu’il changeait radicalement d’une chanson à l’autre. D’un coup, ils grattent des power chords en drop D sur un fond de distorsion et de rétroaction, ensuite, ils jouent une douce mélodie aigüe sur un piano acoustique. Au cours de la soirée, ils ont mélangé l’influence de la musique indie, art-rock, folk, funk et même de la musique spirituelle noire.

Comme tout nouveau festival, il y a certes eu quelques petits accrochages. Certains étaient déçus que les soirées se terminent si tôt (23 h 30!). Les deux groupes de vendredi ont joué pour un total d’environ 1 h 30, très court lorsqu’on considère l’aller-retour d’au moins une heure. Il y a aussi eu un peu de confusion concernant l’autobus du vendredi et le prix d’entrée du samedi (affiché à 10 $ mais en fait 12 $ à la porte). Mais, pour une première édition, ce fut tout de même un grand succès.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire