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Éditorial

Le refuge de la vérité

Web-Rotonde
10 avril 2017

Éditorial

Par Frédérique Mazerolle – rédactrice en chef

« C’est ça qui est ça », dit-on, en épongeant la sueur sur notre front, tout en laissant des taches d’encre au passage. Glamour, la vie de journaliste-étudiant.e. C’est terminé. La dernière édition de l’année 2016-2017 est sur les présentoirs*.

*Peut-être pas au pavillon Simard ou au fameux gastro-pub estudiantin Father and Sons.

*Ou par terre, à côté des présentoirs de l’entrée de la bibliothèque Morisset.

*Ou sous les bottes des membres de l’exécutif de la Fédération étudiante (FÉUO).

Peu importe, c’est comme vous voulez. On ferme la porte, on tourne la page, on essaye de mettre derrière nous la turbulence, tout en se replongeant dans les lectures de cours que l’on aura malheureusement repoussées à la dernière minute. Les nouvelles ne dorment jamais, et nous non plus.

On peut retourner chez soi. Ce n’est pas si facile que ça. Qu’arrive-t-il quand La Rotonde est justement notre maison?

Je ne fais pas référence à la vieille cabane à l’état miteux qui nous sert de quartier général et qui ne figure pas dans le plan stratégique Destination 2020 de l’Université d’Ottawa (U d’O) pour des raisons bien évidentes, mais plutôt à un espace sacré pour le journalisme étudiant.

Cette maison figurative, qui représente à la fois un lieu de rencontre, une école d’apprentissage et une voix francophone qui ne se la ferme donc jamais, est ce que l’on pourrait appeler un refuge.

Un refuge pour ceux et celles qui sont bien écoeuré.e.s de se faire vendre des salades sur le campus uottavien. Où l’on n’a pas peur des parler des vraies affaires, celles que certain.e.s ne voudraient pas voir dévoiler au grand jour. Une institution pour tou.te.s ceux et celles qui veulent entendre et lire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

La Rotonde est bien connue pour ne pas avoir sa langue dans sa poche. Par contre, plusieurs sont ceux et celles qui auraient bien voulu lui couper la parole, alors qu’ils ou elles étaient sous le spotlight en raison d’actes et paroles jugés pertinents pour l’intérêt public. « Qu’on lui coupe la langue » se sera transformé en accusation de propagation de fausses nouvelles, question de vivre avec son temps.

Contrairement à la pensée populaire, c’est avec fierté que La Rotonde accepte ce titre, aussi absurde et ridicule soit-il, tout en sachant qu’elle a fait son travail avec brio, et les concerné.e.s sont incapables de trouver une réplique à la vérité, se tournant vers l’expression « fake news » pour tenter de sauver leur réputation. C’est triste, pour ne pas en dire plus.

La curieuse, la chialeuse et, sans exception, la fouteuse de merde par excellence du campus uottavien. Il va sans dire que celle-ci est en soi une bête singulière. En fait, ce n’est pas moi qui le dis, ayant piqué cette expression aux gens ayant occupé la rédaction en chef de ce journal il y a jadis.

Ceci dit, cette bête qu’est La Rotonde n’a pas à chercher loin pour se nourrir, se goinfrant sur les dernières controverses, venant à la fois de la FÉUO ou de l’administration de son université chérie. Si nous prenons au sérieux la recherche et l’éthique de notre travail journalistique, il faut avouer que le travail est facilité quand les individus au pouvoir ne pensent pas aux conséquences de leurs actions.

Pourtant, ce refuge qu’est La Rotonde n’est certainement pas un espace respecté par tous et toutes. Les bombardements des parties qui l’opposent se font nombreux au courant de l’année, comme si ça allait changer quelque chose au train-train quotidien du journal étudiant.

Reproches, publications sur les médias sociaux, intentions de poursuite, on aura tout vu et entendu. Des lettres d’opinion nous sont aussi adressées, bien que, pour une raison qui ne semble pas du tout évidente, elles se retrouvent dans les pages de notre homologue anglophone. Dure, la vie de minorité linguistique, se dit-on.

Pourtant, comme n’importe quelle organisation médiatique de valeur, La Rotonde occupe plusieurs rôles, au delà d’embellir les mensonges, car il serait bien trop dommage de parler négativement de qui que ce soit ayant fait quoi que ce soit. Mais bon, vous voulez tout de même rehausser votre réputation? Ça sert à ça, les relations publiques.

Pourtant, on peut se voir découragé.e. par le manque d’initiative ou de l’apathie qui se développe, hormis les reportages qui dévoilent les détails les plus désastreux sur la situation actuelle qui s’orchestre sur le campus de l’U d’O. À quoi bon, quand on voit que les choses ne changent pas. Pourtant, La Rotonde continue de persister, en tentant de faire lumière sur les histoires les plus lugubres. Un mandat qui dépasse de loin les attentes du journalisme étudiant.

Ne soyez pas berné.e.s, elle ne cherche pas votre approbation, votre encouragement et encore moins votre pitié. Elle est consciente du travail qu’elle effectue, ne cherchant pas l’argent, la gloire et tout le tralala. Elle cherche tout simplement la vérité. Ode à toi, pionnière du journalisme étudiant canadien-français, qui ne cesse d’aller au bout de ses enquêtes, pour le meilleur et pour le pire.

Sur ce, je signe ce dernier éditorial à titre de rédactrice en chef, une énième tasse de café à la main, en sachant que malgré les défis et les bâtons qui se logent dans nos roues, La Rotonde en ressort toujours plus forte, plus féroce et plus vraie.

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