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Éditorial

Élections puis aliénations

Rédaction
12 février 2018

Actualités

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

La poussière commence à retomber tranquillement sur le campus, où pendant quelques semaines les élections générales ont englouti le quotidien de la population étudiante. Toutefois, il semble toujours y avoir un petit je ne sais quoi qui soulève un tollé remettant en question les résultats et la rigueur du processus électoral.

Avec un taux de participation déclaré de 17,6 %, 2018 confirme une tendance quant à l’augmentation du vote étudiant. Rappelons qu’en 2017, ce chiffre était de 14,6 % et en 2016, de 7,82 %. On peut bien s’en réjouir mais à titre de comparaison, le taux était de 34,9 % cette année à l’Université Carleton où c’est le vote de non-confiance qui a raflé la mise en étant l’option la plus choisie pour trois des six postes à l’exécutif, dont la présidence.

La différence ? À Carleton, le contexte est si anti-démocratique que seul un parti s’est présenté et bien sûr, c’était celui représentant le parti au pouvoir.

On peut alors se réconforter de notre Fédération étudiante qui avait deux prétendants en cette veille de la Saint-Valentin ; Uni.e.s et Solutions. Les résultats non-officiels dévoilés durant la soirée du 10 février démontrent la proximité relative des voix pour certaines des positions, tandis que pour d’autres, c’était un gouffre.

C’est donc Uni.e.s qui a la majorité des postes au sein de l’exécutif tandis que Solutions ne devra se contenter que de deux. Il n’en reste pas moins que les deux partis peuvent se féliciter d’avoir su faire des campagnes propres, du moins à la surface.

Des accusations vides

C’est après que soient rendus publics les résultats que les critiques et les accusations se sont mises à fuser dans tous les sens, mais en restant bien dans le cadre des réseaux sociaux. Sous la publication que la Fédération a mise en ligne sur son compte Facebook, on peut y lire des internautes remettant en question la légitimité des résultats et en critiquant le Bureau des élections.

Toutefois, même si prouvées légitimes suite aux processus de révision et d’évaluation, ces commentaires perdent de leur sérieux lorsqu’on y incorpore un aspect personnel et que l’on vise directement, et péjorativement, des individus. Cela concerne autant les candidat.e.s que les électeurs et électrices.

Parce que c’est ça le revers de la médaille de la politique étudiante. Il y a toujours un côté personnel qui ressort et qui habite les institutions, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur. Pour qu’on encourage les étudiant.e.s à participer au processus démocratique, il faut d’abord régler cette culture toxique qui habite depuis plusieurs années la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) et qui se veut un frein au développement du potentiel qu’elle a réellement.

Un processus douteux

Pour ce qui est du processus électoral, plus particulièrement l’étape du comptage, plusieurs inquiétudes légitimes peuvent être soulevées. Tout d’abord, comment se fait-il que les individus aux bureaux de scrutins puissent utiliser les informations personnelles d’une électrice pour ensuite la trouver en ligne et lui envoyer un message privé ? C’est ce qui est arrivé à l’une de nos collègues du Fulcrum et cela remet en question à la fois la formation des employés liées aux élections et le professionnalisme instauré dans le processus.

Le Bureau des élections a publié un communiqué reconnaissant la violation de ses politiques par l’un de ses employés mais qu’après que la situation ait beaucoup fait réagir en ligne.

Ensuite, pourquoi il y a-t-il eu autant de confusion entourant certaines stations de vote, en particulier dans les pavillons Desmarais et Roger-Guindon ? Si l’on dit une information à l’électorat, il semble logique de ne pas se contredire en faisant le contraire.

La source de toutes ces critiques est évidente, le Bureau des élections fait défaut à plusieurs niveaux et devra être réformé de long en large. Des pistes envisageables seraient par exemple l’embauche d’un audit externe pour superviser le bon déroulement des élections. Si c’est la question financière qui dérange avec cette solution, pourquoi ne pas se tourner vers des changements structuraux et d’image ? Repenser le Bureau et analyser – avec plus que des commentaires sur Facebook – la perception qu’à la population étudiante face à ses compétences, ou simplement de son existence.

Outre le taux de participation qui hausse, ce qu’il faut retenir de ces élections est que la politique étudiante reste une illusion démocratique dûe à l’approche trop personnelle de la population estudiantine.

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