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Éditorial

Engouement, mais où te caches-tu ?

Rédaction
26 mars 2018

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

Eh oui, mars touche bientôt à sa fin. Les camions à poutine s’installent devant la Faculté des sciences sociales, les bureaux dans les salles d’étude sont soudainement devenus un luxe et une ambiance anxieuse s’alimente à vue d’œil. Passant un peu dans le beurre, la fin du Mois de la francophonie et l’apathie entourant l’événement à l’Université d’Ottawa (l’U d’O) soulèvent d’importantes réflexions.

C’est avec une variété d’activités que le Mois de la francophonie a été célébré à l’U d’O et si ces dernières étaient réfléchies et riches en matériel, l’engouement est encore la variable constante qui ne cesse remettre en question les résultats. Que ce soit avec les conférences, le spectacle de Rosalie Vaillancourt et le Gala de la francophonie, pour ne nommer qu’eux, des efforts ont été faits pour mettre en avant-plan une richesse culturelle présente sous différentes formes. Par contre, il ne faut pas négliger la nécessité de créer de l’engouement pour ces événements et pour inciter la population étudiante à s’y présenter, on sait bien qu’il faut se rouler les manches.

La nécessité d’engouement représente toutefois bien plus que le nombre de personnes s’étant présentées à une activité. Cet enthousiasme doit être certes développé, mais surtout être maintenu, pour que ce sentiment soit le précurseur de décisions et d’actions. Le milieu de l’éducation est particulièrement important dans la mesure de cette optique, car si l’intérêt n’est pas piqué, cette avenue ne sera pas explorée avec autant de vigueur.

« Je pense que la survie du peuple passe par le savoir-faire et la recherche », a partagé Marie-Pierre Héroux, co-présidente du Regroupement étudiant franco-ontarien, lors d’une entrevue avec Radio-Canada. Prononcées en lien avec ce que représente le projet de l’université de langue française en Ontario, les paroles de l’Embrunoise font écho au constat de plusieurs personnes. Édith Dumont, la directrice de l’éducation du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario pousse cette ligne de pensée en y ajoutant l’importance particulière qu’ont les écoles et les communautés d’offrir aux jeunes des possibilités de s’impliquer socialement et culturellement.

L’approche d’Héroux et de Dumont soulève d’office l’enjeu de l’engouement au niveau institutionnel; les écoles, collèges et universités se doivent d’être en mesure d’offrir des options concrètes pour l’apprentissage et la découverte culturelle afin de s’affirmer dans un espace linguistique minoritaire.

Il ne faut pas l’oublier ou le négliger, mais l’éducation et les diverses formes culturelles sont les assises même d’une société. C’est à partir des institutions ayant le mandat, mais surtout l’engouement même, d’offrir des services, d’organiser des rassemblements, d’enseigner ou de créer des débats que la motivation de vouloir s’intéresser à la chose et d’y participer fleurit.

Du concret ?

Si ces institutions ont cette responsabilité, il en va de même avec la sphère politique qui a une responsabilité vis-à-vis des communautés linguistiques, en particulier celles dans un contexte minoritaire. Que ce soit par l’entremise des tintamarres de la communauté fransaskoise à Régina le 20 mars, la proclamation du mois de mars comme étant le Mois de la francophonie en Alberta ou le 30e anniversaire de la Journée internationale de la francophonie et 20e anniversaire des Rendez-vous de la Francophonie, les acteurs politiques se font visibles en ce qui touche la question.

L’image étant bien belle, qu’en est-il du concret ? Du pratique ? Des approches pratiques et descendantes ? La thématique de la soirée des deux anniversaires mentionnés préalablement était Célébrons nos acquis. C’est bien de se célébrer mais il faut faire plus.

Il faut développer ces acquis.

Il faut innover, diversifier, renouveler ces acquis.

Parce que oui c’est l’fun de les célébrer. Mais cela ne doit pas masquer le fait que ce sont des acquis sous-financés, avec une relève qui manque de support, qui souffrent d’absence de promotion et qui sont les victimes d’une défiguration patrimoniale. Il faut faire plus pour éviter que cette culture ne devienne un folklore au sein d’un contexte minoritaire épris par l’influence mondialisatrice.

Et qu’est-ce qui constitue encore une fois la base de ces changements d’approche ? L’engouement.

Du bas vers le haut

Les approches politiques de nature descendante ont tendance à créer des mobilisations pleines de ressources mais dont la durée du sentiment s’estompe avec l’adrénaline ou la consommation du café gratuit promis.

Les projets sociaux de nature ascendante ont prouvé, dans le contexte des revendications linguistiques, être les pierres angulaires de processus ayant ultimement abouti à des changements au niveau des institutions politiques. L’engouement politique étant absent ou refoulé, c’est l’engouement des individus et des communautés à développer leur patrimoine qui sera le moteur de ces approches.

C’est donc en se mobilisant, en offrant des avenues communautaires et surtout en encourageant ceux et celles qui s’y lancent que l’éducation et la culture seront célébrés.

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