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Éditorial

Grève ou lock-out, choisissez votre bonbon

Rédaction
30 octobre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

 

Ahhh l’Halloween. Cette journée où l’on peut voir une girafe attendre l’autobus en compagnie du Bonhomme Carnaval, et ce sans se poser de questions. On se doute bien que le joyeux duo n’est pas en route vers un quartier familial pour chercher des bonbons, mais plutôt vers un bar ayant une ambiance nettement différente. Toutefois, dans les deux cas, ces chers/chères étudiant.e.s auront soit des bonbons, soit des mauvais sorts.

Aux moments d’écrire ces lignes, l’Association des professeurs à temps partiel de l’Université d’Ottawa (APTPUO) et l’administration centrale n’ont toujours pas trouvé de terrain d’entente. Malgré des séances de médiations les 26 et 27 octobre, les échos des discussions s’avèrent être inquiétants. D’autres discussions se sont tenues le 28 octobre et elles continuent d’avoir lieu présentement (29 octobre).

Sans entente de convenue, les 2 300 professeurs à temps partiel pourront exercer leur droit de grève dès le 30 octobre à minuit, après un vote où 92% se sont prononcés en faveur de la grève. Le cas échéant, ces professeurs ne se présenteront pas en salle de classe et la question se pose à savoir si, par solidarité, leurs collègues à temps plein les imiteront.

Toutefois, si les discussions n’aboutissent à rien, l’Université aussi jouira d’une option qu’elle pourra faire valoir. En effet, sans entente, elle sera dès minuit le 30 octobre en position légale pour déclarer un lock-out. Selon le Ministère du Travail de l’Ontario, l’Université pourrait alors « [fermer] un lieu de travail, [suspendre] le travail ou [refuser] de continuer à employer un certain nombre de ses employés durant un conflit de travail ».

La Rotonde supporte les revendications de l’APTPUO dans l’optique de la protection et de l’équité d’emploi. L’offre globale de l’Université qui a été transmise le 26 octobre camoufle sous une façade de statistiques une absence d’amélioration des conditions de travail des membres de l’APTPUO.

En plus, on se serait attendu à ce que même si les deux camps ne s’entendaient pas sur les modalités de l’entente, les négociations se dérouleraient dans un contexte de bonne foi. Et bien non. L’APTPUO a annoncé sur son site web avoir déposé une plainte pour négociation de mauvaise foi à l’encontre de l’Université.

Il en va sans dire que dans ce contexte, la signature d’une entente commence à être un objectif distant et les possibilités de grève ou de lock-out commencent à se rapprocher dangereusement.

Et les étudiant.e.s dans tout ça ?

Dans les deux cas, ces moyens de pression auront des effets contraignants et frustrants pour la population étudiante. Vous êtes un.e étudiant.e et voulez savoir comment la grève vous affectera ? Demandez à un.e étudiant.e inscrit.e à un collège ontarien et vous verrez que ne pas avoir cours n’est pas aussi amusant qu’il ne le parait.

Tandis que les deux acteurs à la table des négociations sont pris dans un bras de fer, la population étudiante attend docilement des mises à jour. Pour l’instant, ce sont des rumeurs de mauvaise augure qui se répandent. Toutefois avant de s’emporter, attendons une annonce officielle. Il ne sert à rien de s’emporter sur des rumeurs et des ouï-dire.

Les courriels de professeurs à l’intention de leurs étudiant.e.s afin de clarifier la situation commencent à se multiplier, tentant d’être rassurant, mais en précisant bien les impacts d’une grève sur leurs cours.

Au retour de la semaine de lecture, plusieurs ont des examens de prévus et des projets à remettre. En plus, dans le cas où seul.e.s les professeurs à temps partiel iraient en grève, les facultés les plus touchées seraient entre autres celles d’éducation et d’arts.

Certains professeurs, tels que ceux à la Faculté d’éducation, ont fait savoir qu’en cas de grève les travaux dont la remise est prévue pour la semaine du 30 octobre devront être remis en bonne et due forme. Ce n’est donc pas une deuxième semaine de lecture, surtout si elle perdure pour plusieurs semaines.

Que sera l’ambiance pour l’Halloween ?

Aux dernières nouvelles, l’Université vient de rejeter une offre de l’APTPUO (à 11h, 29 octobre) et des négociations sont encore prévues pour l’après-midi. Sans entente, l’Association déclarera fort probablement une grève dès minuit, et ce jusqu’à nouvel ordre. Ce scénario est aussi prévu par l’APTPUO elle-même, qui a créé des affiches dans le but de faire une sortie publique dès lundi le 30 octobre.

On revient alors au principe enfantin du bonbons ou sorts?, communément connu comme trick or treats?. Que recevront les étudiant.e.s ? Ils auront soit un courriel leur indiquant que le tout s’est réglé et qu’ils n’auront eu qu’une frousse cadrant bien avec ce temps de l’année. Ceci est le bonbon.

Il y a toutefois la sérieuse possibilité qu’ils reçoivent un sort sous la forme d’un avis de grève, ce qui serait beaucoup moins drôle et viendrait redonner à Halloween son blason de fête de la peur.

Quoi qu’il en soit, suivre les négociations en cours s’avèrent être un effrayant substitut à un film d’horreur, de par le suspense et la prévisibilité de la conclusion.

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