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Éditorial

Hiver comme politique, les deux font pitié

Rédaction
4 décembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

L’hiver ottavien tarde à s’installer, laissant planer des doutes ici et là avec quelques flocons égarés. Pourtant, on nous disait de se préparer pour un hiver plus long, plus froid, plus authentique que le dernier. À chaque cycle, nos attentes baissent et comme avec la politique canadienne, on se satisfait de la surface.

En effet, ce n’est pas que l’hiver qui a perdu de son étoffe depuis quelques temps, la scène politique canadienne a aussi vu ses patins perdre de leur tranchant, ce qui est peu dommage compte tenu de l’investissement de 5,6 millions de dollars sur une patinoire éphémère devant le Parlement.

L’idée de cette patinoire extérieure paraît magnifique à la surface. Ne serait-ce pas une superbe idée de pouvoir faire une sortie entre amis pour aller patiner ? Pourquoi pas y organiser des parties de hockey pour les jeunes ? Toutefois, comme à l’image du gouvernement fédéral, c’est au moment de concrétiser les promesses enjolivées que l’on constate la superficialité des intentions du projet.

Certes, ce sont de dures paroles et il ne faut pas critiquer juste pour le faire; si l’on parle du gouvernement actuel à Ottawa, il faut bien entendu leur lever notre chapeau pour certaines de leur action depuis leur arrivée.

Mais ce n’est qu’en responsabilisant sérieusement nos élu.e.s que l’on peut assurer l’ambition du changement et du progrès.

Réveiller l’ambition

Pourquoi serait-il important de réveiller de son hibernation l’ambition politique fédérale ? Depuis plusieurs années, aux alentours de la fin du mandat libéral sous Jean Chrétien, le désir d’être précurseur de changement se veut timide.

Comparez les gouvernements fédéraux depuis le virage du 21e siècle avec les précédents en terme d’ambition. Que ce soit Lester Pearson, Pierre Elliott Trudeau ou Brian Mulroney, tous ont partagé des ambitions pour façonner le Canada sur le long terme, et comme ce dernier le disait, les gros changements ne sont pas nécessairement populaires, car ils traitent d’aspects fondamentaux de notre société.

Mais depuis quelques cycles électoraux, la popularité prédomine la substance dans l’esprit de l’électorat. L’électorat se laisse amadouer par de belles promesses idéalistes. Le gouvernement ne veut pas sacrifier les quelques précieux points de popularité qu’il a dans les sondages. Les partis d’opposition ne s’opposent que pour le faire, visent des personnes au lieu de projets et ne proposent aucune alternative sérieuse.

La politique est dominée par le biais de l’autocomplaisance, on prend tout le crédit de notre succès, mais l’on blâme des facteurs externes quand les choses vont mal. Cette immaturité politique, dominée par l’égo et la peur de l’impopularité, nuit à tout processus d’autoévaluation. Comment peut-on accepter d’être guidé par des acteurs politiques qui refusent de se regarder dans le miroir et de se dire les vraies affaires, d’admettre publiquement d’avoir fait des erreurs. Certes, la réponse publique ne sera pas des plus positives, mais la population se sentira respectée, car elle aura devant elle un gouvernement qui n’a pas peur d’admettre ses fautes en les regardant dans le blanc des yeux.

Et pourtant…

Malgré cette réalité, le public se satisfait du minimum en se répétant une phrase du genre « ben c’est ça la politique, ça ne date pas d’hier ». Oui, ce n’est pas un phénomène qui est apparu soudainement la semaine dernière, mais, non, ce n’est pas une justification correcte. C’est justement une forme d’incarnation du problème.

Normaliser cette politique déjantée nuit d’abord et avant tout aux Canadiens et Canadiennes, car c’est leur pouvoir démocratique qui en subit les conséquences. En ne tenant pas responsables les individus élus pour se représenter, la population canadienne consent à préserver un contexte politique où l’ambition et les risques ne sont plus que des mots choisis par un groupe de conseillers pour embellir un discours.

Alors, oui, les acteurs politiques ont une énorme part de la responsabilité, mais la population canadienne en a une aussi grande, soit de se distancer de l’objectif, de se sentir confortable et de viser plutôt à tenter de faire changer ce que l’on juge peut-être amélioré.

Alors que faire ?

Ce serait un peu hypocrite de critiquer sans relâche un système où la concrétisation formelle d’idées fait défaut, et de ne pas agir soi-même. Depuis 1932, soit maintenant 85 ans, La Rotonde informe, en français, son lectorat sur des enjeux de notre société.

Du point de vue de la politique fédérale, tout comme provinciale, nos objectifs pour 2018 sont clairs ; rencontrer les député.e.s d’Ottawa-Vanier pour dresser un constat de la circonscription où se trouve l’Université d’Ottawa, s’entretenir avec les chefs des partis officiels à Ottawa et mettre en valeur les enjeux qui toucheront les jeunes et les étudiant.e.s lors des élections provinciales.

Ce sont des projets ambitieux qui risquent fort probablement d’être ardus et peut-être même impossibles, mais nous ne pouvons le savoir que si nous essayons.

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