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Éditorial

L’affaire Don Cherry ; un heureux débat entre blancs

Rédaction
18 novembre 2019

Crédit visuel; Andrey Gosse – Directeur artistique 

Par Emmanuelle Gingras – Rédactrice en chef

Une simple phrase de la part de Don Cherry, le samedi 9 novembre, avec Sportsnet lui a coûté son congédiement. Se révoltent depuis des gens prônant la liberté d’expression partout dans les médias. Cette « cherry» sur le sundae du racisme est encore, évidemment, débattu par des hommes blancs.

« Vous aimez nos modes de vie, vous aimez notre lait et notre miel. Vous pourriez au moins payer quelques sous pour un coquelicot ou quelque chose comme ça. Ils [vétérans] ont payé pour que vous profitiez d’un mode de vie que vous appréciez, au Canada ».

Tels étaient les mots de Don Cherry, en s’adressant aux immigrant.e.s canadien.ne.s. Ses propos racistes ont été la goutte qui a fait déborder le verre, si l’on se rappelle des autres commentaires désobligeants qu’il a fait dans le passé. Maintenant, les défenseurs de la liberté d’expression et les opposant.e.s de l’ancien coach se révoltent violemment dans les journaux.

Parmi ceux qui débattent, il y a… des hommes blancs.

Mals placés pour parler

Il est drôle de constater que ceux qui ont le temps de se questionner sur la question de la liberté d’expression sont encore et toujours les blancs. 

Nous n’avons que ça à faire ! Prendre plaisir à se questionner et à débattre sur des gens qui n’ont pas que ça à faire, qui se battent encore pour s’adapter aux conditions d’ici. 

C’est grave ; où sont les réponses de « ceux qui ne payent pas pour le coquelicot » ? Outre CBC News ayant publié une chronique d’un certain Leon Yu, arrivé au Canada il y a dix ans et étudiant maintenant à l’Université d’Ottawa, ceux et celles attaqué.e.s par le contenu de Don Cherry n’ont pas été mis.e.s de l’avant dans les médias.

Les médias francophones auront beau se réjouir du congédiement de Don Cherry, alors qu’il a dans le passé dit des propos désobligeants envers les francophones ; leur hypocrisie est sans pareil !

Faites un tour entre autres dans les chroniques de La Presse ou encore Le Journal de Montréal. Visitez simplement les titres des grands journaux ; on y trouve la couverture des opinions de Bobby Orr, François Legault, Denis Coderre ou encore Bart Yabsley concernant le sujet ! 

Du côté anglophone, même chose ! Avec ET Canada, on trouvera un débat entre Roz Weston et Graeme O’Neil, plus blancs que neige. Pensons aussi à l’entrevue entre Tucker Carlson et Don Cherry à Fox News, qui est des plus répugnante. 

C’est le festival des hommes blancs qui commentent sur l’enjeu ! Évidemment, l’on se croit important avec nos opinions chéries, privilégiées et écoutées. Toutefois, ces réactions sont loin d’être des plus importantes et constructives à la question.

Des excuses sont-elles nécessaires ?

Une chose est certaine ; plusieurs réquisitionnent des excuses de la part de l’ancienne emblème de hockey.

Cherry tient son bout du bâton et croit en ce qu’il a dit. Celui-ci a, malgré tout, admis en entrevue avec CBC News qu’il aurait dû dire que tout le monde devrait porter le coquelicot, plutôt que de viser un groupe.

Est-ce assez ? Ne devrait-il pas s’excuser d’avoir fait preuve d’autant d’impertinences envers les médias ? Non.

Non, il ne devrait pas s’excuser si celui-ci pense réellement ce qu’il pense. Voudrions-nous réengager quelqu’un d’aussi ignorant à nos ondes, mais qui, sous pression des idées populaires, se serait excusé ? Non. Au moins, il n’est pas aussi hypocrite que Ron MacLean!

Mieux vaut que l’on sache ses réelles pensées et que les entreprises du secteur public, comme Rogers qui appartient Sportsnet, n’engagent pas des gens qui ont des idées qui vont à l’encontre de la diversité du public ; c’est-à-dire un Canada diversifié ! 

On pourra malgré tout dire que l’objectif de Don Cherry à ce dont tous soient informés sur le Jour du souvenir s’est exaucé. Car pour avoir parlé du coquelicot, on a parlé du coquelicot !

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