Entretien

Patrick Weldon | Chef de pupitre
@patweldon

Marie-Josée Massicotte, professeure à l’École d’études politiques, entretient La Rotonde des effets de la dette financière sur la participation des étudiants à la vie universitaire.

La Rotonde : Selon vous, est-ce que le poids financier des études a un impact sur la participation étudiante?
Marie-Josée Massicotte : Oui, c’est un phénomène que je remarque énormément. La majorité des étudiants au bac travaillent de plus en plus. On voit plus souvent des 20 heures de travail par semaine à l’extérieur de l’Université. Cela a un gros impact sur la vie étudiante; il y a moins de participation, moins d’engagement communautaire et moins de réseautage. [Les étudiants] ne peuvent pas venir aux conférences ou aux colloques, c’est dommage. Je dis toujours à mes étudiants qu’il y a plus que juste les cours à l’Université. C’est important de s’impliquer dans une association étudiante, sa communauté, des organisations locales ou une ONG. On remarque de plus en plus la limite des gens, le coût des études étant une sorte de pression.

LR : Y a-t-il un désintérêt à s’engager de la part des jeunes, aujourd’hui?
MJM : Je crois qu’il est faux de dire que les jeunes sont désintéressés de la politique. Ils font leur possible. Ils sont intéressés, mais il y a manque de temps pour prendre part au débat public. C’est décevant, parce qu’à 40 ans, les gens sont rendus plus pessimistes et moins engagés, tandis que les jeunes de 18 à 30 sont plus engagés et intéressés. Mais là, ils ont moins de temps pour ça.

LR : Que peut-on dire de l’engagement à travers les médias sociaux?
MJM : Les réseaux sociaux, Facebook et autres, sont importants et enrichissants. Au moins c’est déjà un peu. Ça permet d’engager des gens et la communauté. Nécessairement, ces manifestations d’engagement sur les médias sociaux sont une réponse au fait qu’il y a beaucoup de travail déjà fait sur le terrain. Ça implique des rencontres face à face. Cette capacité de s’engager, il ne faut pas la dévaloriser.