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Pétition ou traduction d’un ras-le-bol étudiant ?

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1 Décembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Thelma Grundisch – Journaliste

Les revendications des étudiant.e.s concernant l’enseignement virtuel ont été relayées par le Syndicat Étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) dans une pétition lancée le 20 novembre dernier sur les réseaux sociaux. La voix estudiantine sera-t-elle entendue par l’Université d’Ottawa (U d’O) ? Voici le bilan des revendications et les craintes des signataires.

« On est conscient.e.s du fait que les étudiant.e.s payent les mêmes frais de scolarité pour une éducation de qualité inférieure, pendant une crise économique. Je pense que ça en dit long sur les priorités de l’Université et des gouvernements », affirmait Tim Gulliver, commissaire à la revendication du SÉUO, dans une précédente entrevue avec La Rotonde.

Au cours des derniers mois, le Syndicat a écouté les plaintes et inquiétudes de la population uottavienne par le biais de sondages et d’appels à échanger concernant l’enseignement virtuel. Les observations semblent présenter une large augmentation de la charge de travail, s’additionnant aux facteurs du travail, de la vie sociale et du stress lié à la COVID-19. La population étudiante se retrouve donc largement dépassée aujourd’hui, surtout en matière de santé mentaleconfie Gulliver. Cheryl Wan, étudiante de quatrième année en études internationales et langues modernes à l’Université, concède d’ailleurs qu’il s’agit du semestre le plus difficile de son baccalauréat. 

Conseils formulés

Avec cette pétition, le SÉUO et les gouvernements des différentes facultés ont lancé un appel à l’aide destiné à Jill Scott, provost et vice-rectrice aux affaires académiques de l’U d’O. Gulliver explique que ses recommandations se résument en trois volets :

1) Charge de travail 

En ces temps de crise, il semblerait logique que la charge de travail soit réduite, explique le commissaire à la revendication. Pourtant, les étudiants rapportent que l’inverse s’est produit, l’Université ayant suggéré aux professeur.e.s de donner plus d’évaluations qui pèseraient moins pour la note finale. Cette mesure visait à donner une chance à tou.te.s de se rattraper en cas de devoir raté.

Mais cette mesure « est allée un peu trop loin », indique Gulliver, puisque certain.e.s étudiant.e.s se retrouvent avec des questionnaires et évaluations chaque semaine, dans plusieurs de leurs cours. En plus de cela, que ce soit lors de cours synchrones ou asynchrones, un grand nombre de professeur.e.s semble enseigner au-delà du temps maximum prévu pour leur cours. Le SÉUO demande donc à l’Université d’encourager les enseignant.e.s à offrir plus de flexibilité dans l’organisation de leurs classes, et à réduire la charge de travail pour le semestre prochain.

2) La prestation de cours 

Un grand nombre d’étudiant.e.s ne vit pas à Ottawa et ne partage pas forcément le fuseau horaire de la ville, ce qui s’avère être un véritable handicap pour suivre les cours synchrones. « Ce n’est pas rendre un cours inaccessible pour des étudiant.e.s qui vivent en France, en Arabie saoudite, ou en Australie », insiste Gulliver.

Il ajoute que cela se rapporte au contenu du cours, et non à la façon de l’enseigner. C’est pourquoi le Syndicat demande à ce que l’Université rende obligatoire l’enregistrement des cours. Il demande également que la méthode d’enseignement du cours soit accessible par avance sur uOzone, afin de donner pleinement le choix aux étudiant.e.s lorsqu’ils.elles s’inscrivent à leurs cours.

3) Une notation réussite ou échec

Le SÉUO fait appel à la compassion de la provost afin de reconnaître les conséquences qu’a cette session sur la population universitaire. Il souhaitera mise en place de la même option que celle proposée par l’Université Carleton à ses élèves ; en donnant l’option de remplacer une note numérique par une motion de réussite ou échec, une part du stress concernant les notes serait levée.

Cela permettrait ainsi de limiter le stress déjà très important engendré par ces dernières semaines, la période d’examen, et une année bien compliquée, partage Gulliver. « Si Carleton a reçu cette option, pourquoi pas nous ? », demande-t-il, voyant la situation comme une occasion pour l’U d’O de montrer qu’elle est aussi pro-étudiant.e.s que sa concurrente.

Et maintenant quoi ? 

Près de 5000 étudiant.e.s ont déjà signé cette pétition, chiffre incroyable selon Gulliver, puisque cette campagne a reçu plus de participations que leur dernière élection. « Ça montre que la vaste majorité du corps étudiant appuie ces mesures », ajoute-t-il. Wan confirme que les propositions de la SÉUO sont logiques, étant donné la situation et le fait que les autres universités disposent déjà de telles mesures. Mais elle soulève que c’est l’administration même de l’Université qui ne semble pas vouloir aider. 

Scott a adressé la pétition lors de la dernière réunion du Sénatau cours de laquelle elle a réaffirmé l’attention qu’elle porte aux demandes de la communauté. Elle se disait ouverte à un débat constructif avec le SÉUO, et annonçait qu’une rencontre aurait lieu d’ici quelques jours afin d’en discuter. La provost a, par la même occasion, envoyé un courriel à la population étudiante intitulé Je salue votre résilience et votre courage

Le message a été très mal accueilli par ses destinataires, explique Sam Yee, représentante de la Faculté des sciences au Conseil d’administration. Pour elle, « ce courriel montre que l’Université essaie de distraire les étudiant.e.s pour ne pas avoir à agir », et certain.e.s n’ont même pas voulu le lire, le considérant comme une nouvelle banalité de l’U d’O. « Les mots ne veulent absolument rien dire lorsqu’ils ne sont pas soutenus par des actions », poursuit-elle, affirmant que ce n’est pas un courriel félicitant les étudiant.e.s pour leur gestion des défis qui va les aider à traverser cette période difficile, étant donné qu’ils en sont en partie responsables.

Alors que la période d’examens débute le 10 décembre prochain, la communauté uottavienne attend la mise en place de véritables actions de la part du Cabinet de la provost et vice-rectrice aux affaires académiques.

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