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Éditorial

Quand l’écho fait défaut

Rédaction
11 septembre 2017

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

Vous connaissez sûrement le principe de l’écho: des sons sont reproduits lorsqu’ils font contact avec une surface fixe et solide. Dans le contexte uottavien, ce phénomène est malheureusement d’une rareté et d’une exclusivité si particulière qu’il faut le dénoncer.

Mettons-nous dans le contexte de contestations et revendications étudiantes; les sons répétés par l’écho seraient, en principe, les discours étudiants et les surfaces, leurs représentants et politiciens étudiants.

Veuillez noter l’usage du en principe. C’est bien beau de dire que la voix des étudiant.e.s a un poids important et que leur implication est encouragée, mais c’est un discours trop souvent hypocrite. Le discours des étudiant.e.s doit être non seulement écouté, mais doit trouver écho au sein des instances de la politique étudiante.

C’est justement là le problème.

Les représentants étudiants, qu’ils soient des membres de l’exécutif de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), des directeurs du conseil de l’administration, ou des représentants d’associations étudiantes, sont trop souvent distancés des discours du petit peuple.

Des campagnes sélectives

La FÉUO se reconnaît constitutionnellement comme étant « [l’] instrument de changement politique de la population étudiante de premier cycle ». En effet, il est même précisé que cet outil a pour but de « parler d’une seule voix pour revendiquer nos besoins communs. »

Bon, j’avoue que ces citations proviennent de la version francophone de la constitution féuosienne. Mais les variances d’interprétations entre les deux versions (français et anglais) sont trop souvent utilisées à la légère pour justifier des motions de la clique de la FÉUO. On l’a vu récemment lorsque ces nuances interprétatives ont été utilisées pour justifier la fin de mandat de deux anciens membres du conseil d’administration de la FÉUO.

La nature synthétique de certains individus dans des positions de représentants étudiants et leur soudain intérêt pour leur communauté lorsque le temps des élections approche fait défaut à la déclaration de principes de la FÉUO.

À moins bien sûr que ce ne soit qu’une question d’interprétation, et que quand l’on dit « nos biens communs », on parle en fait « des biens communs d’un nombre select d’étudiants en position de pouvoir ».

En leur défense, on ne peut pas tout blâmer sur ces institutions qui ont déjà les épaules assez larges. La FÉUO, par exemple, organise des campagnes et initiatives qui doivent être davantage visibles, que ce soit les efforts pour l’équité entre étudiant.e.s., contre la discrimination ou encore la lutte pour la baisse des frais de scolarité.

La FÉUO organise ces campagnes, qui ne sont qu’une petite partie des projets en cours, mais ces dernières manquent de visibilité et sont victimes d’une absence d’appui constant des hauts placés de la politique estudiantine.

Le but de ces campagnes devrait être de les diffuser et de les développer en élargissant leur étendue sur le campus, et non pas de faire le minimum pour les conserver en vie. Oui, la situation budgétaire complique un peu le tout, mais c’est la distribution des fonds existants qui fait réellement défaut.

Il n’est tout simplement pas acceptable que l’on dise d’un côté qu’il n’y a pas assez de fonds pour amener d’importantes initiatives à un plus haut niveau, et que de l’autre on paie environ plus de 60 000$ pour un chanteur qui n’est là que pendant une heure.

Revenir aux sources

Il fut un temps où la FÉUO était réellement un outil de contestation et de revendication. Le fruit de leurs efforts sont encore présents sur le campus; le Bureau de l’ombudsman, le Centre des droits étudiants, et la liberté dont profite la communauté étudiante grâce à l’absence de politique comportementale.

Cet engouement communautaire et contestataire semble toutefois avoir été mis à la porte. On aimerait voir l’exécutif de la FÉUO se présenter à une réunion du Sénat de l’Université d’Ottawa pour dénoncer les hausses de frais, ou organiser des manifestations dans les bureaux du rectorat.

Vous pensez que l’on exagère, mais ce sont toutes des actions qui ont été faites dans le passé et qui ont obtenu d’importants résultats.

Au lieu, certains membres de l’exécutif préfèrent gaspiller leur temps pour défendre des motions qui n’affecteront qu’eux et tenter de garder leur poste le plus longtemps possible.

Mais nous avons un message pour eux et elles : si vous pensez que la politique est un concours de popularité, vous vous trompez de métier. Vous êtes élus en fonction de votre vision et de vos projets qui toucheront toute la communauté.

Être populaire ne sert à rien si vous ne foutez rien. Les projets les plus ambitieux et les plus importants sont souvent impopulaires et c’est un fait. Assumez-le et gardez en tête la forêt au lieu de seulement l’arbre sur lequel sont gravées vos initiales.

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