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Éditorial

La responsabilisation de notre institution

Rédaction
29 janvier 2018

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

À un moment comme un autre, il vient un temps où il faut se responsabiliser d’erreurs commises. Un peu comme on le dit aux jeunes enfants qui apprennent à vivre avec certaines de leurs décisions, il y n’y a pas moyen de changer le passé donc il faut l’assumer et agir par conséquent.

Pourquoi est-ce pertinent de rappeler ce principe ? Et bien, comme à son habitude, l’Université d’Ottawa (l’U d’O) évite de se responsabiliser en bonne et due forme pour une affaire qui terne sa réputation et son image, comme quoi ce qui compte vraiment est sa position dans les sondages et non la réalité de ce qu’elle offre. Mais comment leur en vouloir ? L’U d’O est une entreprise pour qui l’objectif est d’hausser ses chiffres d’affaires et d’attirer le plus d’investisseurs… n’est-ce pas ?

Malgré cette nature, l’U d’O reste une institution devant mettre davantage le volet humain de sa raison d’être en avant-plan lors de ses interactions et gestion. Toutefois, il lui arrive bien trop souvent de glorifier ses petites victoires auxquelles la majorité de sa population est indifférente, et de mettre sous le tapis les dossiers et controverses qui choquent réellement les corps étudiant, professoral et le personnel.

L’affaire Nadon est un exemple récent de cette manie de notre chère institution. Vincent Nadon, ancien médecin de famille à la Clinique de services de santé de l’Université d’Ottawa (SSUO) sur la rue Rideau, a été accusé et a comparu devant la Cour de justice de l’Ontario sous des accusations de voyeurisme et d’agression sexuelle. La Rotonde a communiqué avec l’équipe des relations avec les médias de l’U d’O qui s’est empressée de rappeler que « [le] SSUO est un fournisseur de services indépendant de l’Université d’Ottawa ».

Remettre les pendules à l’heure

Il est vrai que le SSUO est une entité indépendante du contrôle de l’U d’O. Par contre, le SSUO utilise le logo de l’U d’O et la signification des lettres « UO » ne devrait pas être un trop grand mystère. Le SSUO se vante de rendre ses services de santé accessibles aux étudiant.e.s, membres du personnel et membres du corps professoral de l’U d’O et l’Université Saint-Paul, entre autres.

En gros, d’un point de vue purement administratif et institutionnel, cette indépendance existe. Mais en réalité, quand on pense SSUO, on pense immédiatement à l’U d’O.

On nous a dit que « [la] santé et sécurité de nos étudiants, nos professeurs et nos employés de soutien sont primordiales ». Cette citation provient d’une réponse à notre demande médiatique. De plus, envoyé aux courriels professionnels de La Rotonde, le SSUO a fait parvenir un communiqué le jour après l’arrestation de Nadon.

Mais sur les courriels @uottawa.ca, quel communiqué de l’U d’O avait été envoyé à la population étudiante ? Bon, peut-être qu’un message a été diffusé par l’entremise des médias sociaux… Et bien non. Non seulement l’U d’O s’est entièrement dissociée du scandale, mais elle n’a même pas daigné agir pour en informer formellement ses étudiant.e.s.

Disons que ce n’est pas le genre de conventions que l’on cherche à défier.

Plus de transparence

Il faut reconnaître que l’U d’O a communiqué avec le SSUO pour assurer que Dr. Nadon ne pratiquait plus dans les cliniques de l’organisation. Avec ce geste, l’Université fait ce que l’on s’attend d’elle et protège ses membres, que ce soit les étudiant.e.s, les membres du personnel ou le corps professoral.

Le SSUO est un prestataire de service de l’Université d’Ottawa et Dr. Nadon n’est donc pas un employé direct de l’U d’O, mais plutôt une des personnes contractées par le prestataire pour exécuter ses obligations. C’est pour cela aussi que c’est le SSUO qui a fait parvenir un communiqué aux patient.e.s de ses cliniques et qui a suspendu Dr. Nadon de ses fonctions.

Sauf que, lorsque La Rotonde a tenté de contacter le SSUO pour obtenir des explications sur les mesures entreprises par le prestataire de service, ce dernier n’a pas daigné faire suite. Au lieu, c’est son client, l’U d’O, qui a fait suite à ces demandes médiatiques par l’entremise de courts commentaires.

Comme quoi leur principe d’indépendance n’est utile que pour certaines occasions.

Et peut-être que dans les coulisses de Tabaret des groupes d’actions ont été formés et des enquêtes internes furent lancées. Mais M. Frémont, si vos initiatives pour faire face à ce genre de situation ne sont en marche que derrière des portes closes, pourquoi ne pas au moins garder la population uottavienne au courant des efforts de votre administration ?

Ce n’est pas la première fois que l’U d’O agit de cette manière – en fait ce n’est même pas la seule fois dans une seule semaine – et ce ne sera pas la dernière. Bien entendu, ce genre d’événement est délicat et des limites doivent être respectées pour le respect de personnes pouvant être impliquées.

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