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Sports et bien-être

Bientôt la fin des bagarres dans le sport ?

Dawson Couture
7 novembre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Direc­­­trice artis­­­tique 

Par Alexandre Robillard – Journaliste

La joie, la déception, en passant par la frustration et l’excitation ; le sport a l’habitude de faire ressentir aux athlètes toutes sortes d’émotions, pouvant parfois amener à des bagarres. En Amérique du Nord, ces dernières sont bien présentes dans les racines de certains sports, et pour le hockeyeur retraité et homme politique québécois Enrico Ciccone, cela n’a plus sa place.

Le député de Marquette du Parti libéral du Québec souhaite instaurer le projet de loi 692, visant à interdire les bagarres dans les activités sportives auxquelles participent des jeunes de 18 ans et moins. L’ancien hockeyeur professionnel veut ainsi protéger les jeunes athlètes des dangers de ces affrontements sur leur santé à long terme.

Celui qui possédait un statut de dur à cuire tout au long de sa carrière fait encore des cauchemars du camp d’entraînement de 1987, lorsqu’il a disputé une rencontre avec les Cataractes de Shawinigan dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec. Son coéquipier, Dean Bergeron, a perdu l’usage de ses jambes après une violente chute sur la patinoire, à la suite d’un combat lors d’un match simulé.

Santé avant tout 

L’argument premier de Ciccone afin d’adopter ce projet de loi est, sans grande surprise, la sécurité des athlètes mineurs. Les bagarres entraînent des risques élevés de blessures physiques, celles à la tête étant les plus redoutées. Il paraît logique de vouloir les protéger puisque, plus que jamais, la science prouve les effets dévastateurs des commotions cérébrales à long terme.

Il ne manque pas d’exemples de joueurs professionnels, comme Johan Franzen, qui ont souffert de commotions, et de carrières écourtées, comme celle de Connor Crisp, en raison du nombre de fois où ils en sont venus à se frapper. Si ce projet de loi vise ce sport en particulier, c’est parce qu’aucun autre sport, même pas ceux de combats, ne permet les affrontements à mains nues entre les joueurs. Néanmoins, bagarre ou pas, le danger concernant ce type de blessure restera toujours présent dans le hockey, où la surface glacée est complètement fermée avec des bandes, et où les contacts physiques violents sont nombreux.

Différents règlements 

Si le projet de loi 692 est adopté, il entrerait en vigueur dans la seule province du Québec. Dans cette dernière, les joueurs de hockey instigateurs de combat reçoivent, dans le circuit universitaire canadien, une suspension de la partie en cours, ainsi que celle d’un d’un match supplémentaire. L’adversaire se retrouve, quant à lui, exclu de la partie actuelle.

Mais dans la Ligue de hockey junior de l’Ontario et la Ligue de hockey junior de l’Ouest, les règlements diffèrent. Il serait intéressant que les dirigeants s’entendent sur des conséquences similaires, voire identiques, d’une ligue à l’autre, afin de développer une certaine uniformité pour les jeunes hockeyeurs à travers le pays et, ainsi, influencer leur décision de se battre.

À l’échelle internationale, la Fédération internationale de hockey sur glace est stricte au sujet des bagarres : les contrevenants se voient expulsés immédiatement de la rencontre. La formule fonctionne, et ce depuis longtemps, puisque lors des tournois internationaux et des Jeux olympiques, les bagarres se font extrêmement rares. L’opportunité de représenter son pays est exceptionnelle, et ne motive pas les joueurs à en venir aux coups.

Culture changeante

Si les bagarres sur la patinoire font déjà l’objet de conséquences, telles que cinq minutes de punition, deux minutes d’instigateur et parfois même, dix minutes d’inconduite de partie, ce n’est pas assez pour encourager les joueurs à éviter les combats. Que ce soit pour changer le rythme d’un match, régler des comptes avec un adversaire ou encore défendre un coéquipier, les raisons sont nombreuses.

Mais même avant la proposition de ce projet de loi, les bagarres au hockey avaient largement diminué au cours des dernières années. La culture du sport change ; les contacts physiques diminuent au profit de la vitesse, du talent et d’un rythme de jeu plus fluide. Il reste maintenant à voir si  le projet de loi 692 sera adopté, et comment il sera mis en place au Québec, puis, peut-être, à l’échelle nationale.

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