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Arts et culture

Des grands sauts et des grands mots

Culture
19 février 2019

Photo courtoisie 

Par Emmanuelle Gingras, cheffe du pupitre arts & culture

C’est un second Shakespeare avec le théâtre français du Centre National des arts pour ce mois-ci: Le songe d’une nuit d’été, une réécriture audacieuse et flexible selon une traduction de Michelle Allen et une mise en scène d’Olivier Normand. Il était possible de témoigner d’un classique réexploré selon une collaboration entre le Théâtre du Trident et le cirque FLIP Fabrique du 13 au 16 février d’après un univers utopique touchant mais  parfois maladroitement cousu…

Il s’agit de tortures et combles amoureux, unissant un monde féerique et humain. L’angle de l’histoire; un jeune homme dans son lit rêvant lucidement qui croise l’action de la pièce shakespearienne. Surpris par les évènements, celui-ci suit d’abord la pièce en lisant le texte, créant un comique de situation considérant son langage parlé fondu au grandiose du texte classique. Vient ensuite une transition d’une chambre naturaliste à un monde féerique orné de toiles, de pétales, et d’un sol sinueux…

Un cirque, un théâtre

Sur scène, l’on situe des acteurs distincts des artistes du cirque. On comprend rapidement que ses derniers sont un miroir des personnages, par leur allure et leurs chorégraphies rappelant les enjeux de la pièce. Mais attention! Ceux-ci font aussi partie du monde féerique shakespearien; leurs sauts et acrobaties leur donnent l’apparence d’éléments intégraux de la forêt. Pouvant rappeler des fées ou de simples brindilles florales portées par le vent, l’ajout de cirque pour la pièce en question était des plus enrichissants pour concrétiser la création d’un monde surnaturel.

Les numéros acrobatiques étaient insérés lors de transitions accompagnées de musique en écho, transcendante, interprétés par une figure blanche exotique et fantomatique qui rappelle un peu Sting. Malgré la voix envoûtante et le mystère de cette figure en soi, celui-ci pouvait ralentir l’action dramatique et son apparition était parfois un peu maladroite, injustifiée. Peut-être si l’aspect féerique avait été grossi, considérant qu’il pouvait se faire parfois minimaliste, sa présence se serait mieux fondue dans l’ambiance.

Un corps actif

L’action principale suit un quatuor amoureux infantile qui se croise dans la forêt et dont l’intervention des philtres du roi des fées soulève plusieurs comiques de situation. Il va sans dire, Maude Boutin St-Pierre, Jean Michel Girouard, Mary-Lee Picknell et André Robillard ont su interpréter des personnages fébriles avec un contrôle du corps remarquable, mettant en valeur leurs particularités physiques personnelles brillamment.

Toutefois, l’interprétation du stéréotype pouvait faire décrocher; on pouvait à quelques reprises percevoir les acteurs dans leur tête et non dans la compréhension du personnage. Il pouvait parfois sembler que les personnages s’entendaient jouer et manquaient un peu d’humilité. Était-ce peut-être les notes de comédie musicale de la production en soi qui faisaient émerger des notes larmoyantes et parfois fausses?

Pour ajouter au comique, s’ajoute un trio d’acteurs amateurs québécois qui se réunissent dans la forêt pour monter une courte scène. Malgré la rupture radicale qu’ils créaient avec l’esthétique établie, ceux-ci ont su conclure la pièce de façon hilarante, laissant le public en larmes.

C’est une production touchante qu’à sur nous présenter Olivier Normand, si l’on ne considère pas les occasionnelles notes qu’on pourrait considérer comme «quétaine». Un spectacle qui tient en haleine et d’un visuel des plus satisfaisants.

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