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Arts et culture

VERSeFest 2017: Pas piqué des vers

Culture
27 mars 2017

Arts et culture

Par Myriam Bourdeau-Potvin –  Cheffe de pupitre Arts et culture

Pour une septième année, le festival de poésie ottavien VERSeFest offre aux héros du pinde l’occasion de prendre la parole devant un auditoire avide de nouveautés. Débutant.e.s autant qu’initié.e.s se sont côtoyé.e.s entre les 21 et 26 mars lors de cette édition qui misait autant sur les artistes locaux que les stars du style. Loin des poètes maudits récitant sur une scène sombre devant un public inexistant, les poésies du VERSeFest prennent diverses formes actualisées selon les nombreuses influences de ceux qui les récitent.

Pour les plus compétitifs

Qu’est-ce que la poésie slam? Selon Rusty Priske, animateur de la soirée, « ça n’existe pas! C’est un slam poétique. N’importe quel style de poésie peut être présenté et ce qui en fait un slam, c’est la compétition. » Les huit poètes de la compétition se voyaient attribuer une note sur dix par cinq juges déterminés au hasard. Les participants avaient ensuite trois minutes pour présenter leurs poèmes après quoi ils recevaient des pénalités.

Le monde des slam poétiques étant plutôt restreint, plusieurs concurrent.e.s étaient déjà connu.e.s localement. Sarah Ruszala, Jeff Shephard, Amal El-Mohtar, Apollo the Child, Blue, Kevin Matthews, King Kimbit et DMP sont pour la plupart affilié.e.s au Capital Slam ou ont déjà gagné quelques prix dans le domaine. Après la première joute, c’est Amélie Prévost, couronnée championne de la coupe du monde de slam poésie à Paris en 2016, qui était l’artiste invitée pour la soirée. « J’ai trouvé ça fantastique lorsqu’on m’a demandé de venir. J’ai accepté tout de suite, puis j’ai eu un petit moment de stress où je me suis demandé s’il y a des gens qui n’allaient rien comprendre. Finalement, personne n’avait d’yeux vides pendant que je parlais », confie-t-elle. Elle juge « qu’il faut aimer la poésie d’abord. C’est la première chose, il faut la voir et la sentir, le reste c’est un peu de la magie. »

Poésie et speed métal

Le LIVE! on Elgin recevait mercredi soir un évènement hors-site du VERSeFest. C’est grâce à l’initiative du poète Bertrand Laverdure, en partenariat avec le générateur de projets Rhizome, que le projet Poésie Oralité Métal Musique Écrit (POMME) a pu se concrétiser. À ce sujet, Yves Doyon, le directeur général administratif de Rhizome, raconte l’origine de leur inspiration : « On s’est dit qu’on allait mettre des auteurs avec un groupe métal pis on va voir qu’est-ce que ça donne. On a invité cinq auteurs à écrire deux textes : les textes ont été envoyé à Anonymus qui dans leur grande générosité ont dit : »On se lance dans l’aventure!» »

Erika Soucy assurait l’animation de la soirée tout en participant à titre de poète. « Je me suis souvent fait dire que mes thèmes et ma rythmique d’écriture s’apparentaient au métal. » Elle ajoute que, pour que les deux mondes puissent bien se rejoindre, « [il faut oser] headbanger de façon maladroite parce que ce n’est pas grave, j’ai l’avantage d’être une poète, je ne suis pas une chanteuse métal! »

Pour Anonymus, le défi était d’un autre ordre. Oscar Souto, chanteur et bassiste du groupe depuis leurs débuts en 1989, admet qu’« on est un band qui joue très fort. Même notre soundman nous dit de baisser le volume. Ce soir, on joue vraiment pas fort. Ça a été une des difficultés pour nous, de se baisser et de laisser la place aux poètes. »

Du vieux et du neuf

À la suite de ces évènements peu conventionnels pour le genre, Monty Reid, directeur du festival, s’extasie d’avoir « plus de pays participants que les années précédentes. » Il ajoute : « Nous en sommes très heureux, puisque nous voulons que les gens d’Ottawa, poètes comme auditoire, puissent voir des poètes de partout. » Nommons la participation de l’éternel hippy bill bissett, poète canadien connu pour son orthographe unique et pour l’usage de maracas dans ses performances vocales à mi-chemin entre des chants grégoriens mutés par des sons gutturaux chantés dans une langue extraterrestre.

À titre d’ambassadeur de l’Université d’Ottawa, notons la présence de Frédérique Champagne lors de l’évènement mettant en vedette les voix étudiantes. L’avantage de la poésie émergente, c’est que les orateurs n’ont aucun autre choix que de prendre des risques. Pour Champagne, ce qui fait un bon poète, c’est « l’émotion. Le sentiment. Ne pas avoir peur de s’élancer et de plonger. On peut traiter de n’importe quoi, donc prendre un sujet qui nous tient à cœur et se lancer là-dedans. » Lorsqu’on a posé la même question à Reid, celui-ci a répondu : « Je ne connais pas la réponse à cette question, et il n’y a pas une réponse unique à cette question. Je pense que tout bon poète trouve son inspiration et leur motivation à travers quelque chose de différent. »

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