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1 300 employé.e.s en grève à l’Université d’Ottawa

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27 octobre 2020

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique 

Par Aïcha Ducharme-Leblanc et Alexandre Robillard – Journalistes

Après 19 mois de négociations infructueuses, le Syndicat du personnel de Soutien de l’Université d’Ottawa (PSUO) a déclenché une grève lundi dernier. Affilié à la Fédération des enseignants-enseignantes des écoles secondaires de l’Ontario (FEÉSO), il représente plus de 1300 employé.e.s de soutien, qui déplorent l’insensibilité de l’établissement à leurs demandes.

La convention collective, un accord entre le PSUO et l’Université d’Ottawa (U d’O), a expiré en avril 2019. Depuis, des changements au niveau des assurances médicales, des congés parentaux et des allocations de retraite ont été suggérés par l’Université,  mais ont été mal reçus par le Syndicat.

Si en juin dernier une offre de renouvellement de l’entente de travail avait été proposée, elle avait également été refusée à 80 % des votes par le PSUO, qui la jugeait inacceptable. Elle a même mené au départ du médiateur, qui assurait le progrès de la discussion entre les deux partis, après l’échec cuisant des négociations. 

Effet immédiat 

Patrick Charrette, directeur des communications institutionnelles de l’U d’O, explique que l’Université cherche à faire le maximum pour maintenir les cours, ainsi que les activités académiques et de recherche. « Les étudiant.e.s peuvent anticiper certains retards ou perturbations pour certains services de première ligne », ajoute-t-il cependant. 

Les employé.e.s de soutien jouent quotidiennement un rôle essentiel dans de nombreux secteurs de l’Université souligne Charrette. Ce sont toutes les facultés qui ont donc été touchées par la grève, et incluant des services comme Infoservice, le Service de l’aide financière et bourses, et Infoadmission. Les services d’appui sont aussi concernés, notamment les Services de soutien en santé mentale, le Service d’appui au succès scolaire, et le Régime coop

L’absence des travailleur.euse.s de soutien a été ressentie par tou.te.s les membres de la communauté universitaire. Joel Westheimer, professeur à la Faculté d’éducation, a constaté que de nombreuses tâches étant à l’arrêt, « il a fallu mettre des choses en veilleuse; formulaires pour des étudiant.e.s, […] affectations des assistant.e.s de recherche, et remboursements financiers pour la recherche ».

Mélissa Hachey et Karine Charron, employées de soutien pour la Faculté des arts, font valoir qu’elles veulent travailler et soutenir les professeur.e.s et étudiant.e.s. Mais elles souhaitent souligner les difficultés provoquées par leur absence actuellement, et faire ainsi comprendre que « sans le personnel de soutien, il n’y a pas d’Université ».

Lutter en pandémie

Une grève est, aux yeux d’Hackey et Charron, nécessaire étant donné que leurs droits en tant qu’employées sont brimés. « On ne fait que demander ce qu’on avait déjà, […] ce qu’on a toujours eu », explique Hachey. Les deux employées ajoutent qu’il n’est pas facile d’organiser une grève en pleine pandémie, avis que partager Westheimer. Il remarque qu’une action de grève normale comporterait beaucoup de piquetage et de panneaux de manifestation, ce qui se complique actuellement en raison de la distanciation sociale.  

Internet et les médias sociaux sont devenus les outils privilégiés de promotion et de transmission des revendications du PSUO-FÉESO. Celui-ci a reçu énormément de soutien au sein de ces milieux virtuels, comme en témoigne le compte Twitter du syndicat. Hachey est enthousiasmée par cet appui qui, selon elle, montre que le personnel est apprécié et que son travail est reconnu.

Possibilité d’entente

Dans un communiqué de presse datant du 19 octobre dernier, l’Université a annoncé avoir amélioré son offre pour mettre fin à la grève. Elle explique notamment avoir soumis au comité de négociation du Syndicat une nouvelle offre, et espère que ce dernier prendra « sérieusement en considération ces importantes améliorations apportées à notre [leur] afin de mettre fin à la grève. »

Les grèves sont très importantes dans une société démocratique, dans la mesure où « elles donnent une voix démocratique aux salarié.e.s », estime Westheimer. À court terme, les grèves peuvent être frustrantes en raison de toutes les conséquences qui en découlent. Cependant, à long terme, elles sont généralement bénéfiques, puisqu’elles permettent aux employé.e.s d’être plus heureux.ses dans leur travail, concède-t-il. 

La présidente de la PSUO, Marcelle Desmones, espère parvenir à une entente rapidement. Elle partage que si la grève aurait légalement pu être déclenchée depuis le 17 septembre dernier, elle était un moyen de pression de dernier recours, qui s’est finalement avéré être nécessaire. « Il est temps que l’Université témoigne le respect que nous méritons », conclut-elle.

Les portes des deux camps sont désormais entrouvertes aux négociations pour mettre fin au conflit de travail. La grève ne prendra fin que lorsque les améliorations proposées par l’Université seront jugées appropriées par les syndiqué.e.s.

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