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À Adèle

Labyrinthes

Par Caroline Champagne

Ma plume parcourt le papier, l’ancre diminue tellement

J’essaie de trouver les mots, pour décrire mes sentiments

La lueur de ma chandelle reflète mon âme en agonie

Tentant de me rappeler ton visage, devenant de moins en moins précis

Ce souvenir précieux symbolise mon bonheur

Oublier cette image laisse mon cœur chagriné

Laissant à la dérive une âme pleurant son malheur

Mais pour l’instant Adèle, je combats d’arrache-pied

En brandissant ma baïonnette symbolisant ma fierté

Je cours vers la torpeur, fonçant vers les enfers

Me battant pour ma patrie, ainsi que pour ma douce moitié

Et je m’élance, transperce et foudroie ceux qui m’éloigneront de notre amour survécu à hier

Tu me donnes raison de continuer la guerre

Je lutte afin de ne point verser des torrents de larmes

Titanesque est mon défi, de brandir les armes

Lorsque mon corps est là, mais mon cœur n’y est guère

Je te le promets que jamais je n’abandonnerai

La bravoure, Vimy, les Canadiens défendant ton fantôme abandonné

Du fond de leur tranchée, ils défieront l’ennemi

Qui est du moins je le crois, déjà bien affaibli

Torrentiel est mon horreur, de te savoir si loin

Mais une partie de moi sera toujours avec toi

Car à travers mes mots, mon âme survivra

Où par ces lettres ton cœur battra fort loin du mien

Mes mots te raconteront, mes sentiments cachés

Une fois prononcés, risquent d’être perdus, envolés

Mais maladroitement, ne sauront te dire « Je t’aime »

Ni dévoiler mon amour pour toi intemporel

Tu représentes à mes yeux une étoile filante

Étincelant vaillamment dans le rougeoyant firmament

Je ne puis oublier, je ne puis mourir maintenant

Trainant derrière moi mes forces jour après jour déclinantes

Courage et Héroïsme sont mes fidèles acolytes

Ensemble nous le vaincrons l’odieux ennemi

Je lutte et élimine avec tant de rythme

Et observe au loin l’ennemi déjà en fuite

Mais sache ma belle Adèle que je ne m’avouerai pas vaincu

Ou alors ce sera seulement après avoir atteint mon but

Je continuerai d’arrache-pied à lutter

Évitant la mort, la terreur, le Temps, pour ne point te chagriner

Inutile de pleurer je vais demain revenir

Je ne vais pas tomber mais bel et bien réussir

Je vais m’en sortir, ne perds pas espoir

Malgré mes faiblesses et les moments les plus noirs

N’aie crainte de la vue d’un visage ravagé

Ayant un air sombre, un regard si sinistre

Derrière une telle image se cachera tel un astre

L’âme de ton valeureux conscrit, de ton poète bien aimé

Je vais quand même tenter d’atteindre l’inaccessible

Me battant dans le but de vaincre l’invincible

Et habitué comme je le suis par les ailes de la folie

Je t’écrierai encore longtemps des lettres avec mes larmes dans la pénombre de la nuit

Sache que mon cœur pleurera les flammes immortelles de notre amour

Et battra toujours la chamade pour toi à l’astre éteint du jour

Ton Raoul,

Si loin de toi

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