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Éditorial

Des actions aux conséquences irréversibles

Rédaction
4 septembre 2018

Éditorial

Par Mathieu Tovar-Poitras – Rédacteur en chef

 

Après une fin d’été mouvementée, la poussière retombe tranquillement en ce début de septembre. On pourrait même dire que les choses reviennent à la normale : complications avec la distribution des U-Pass, des chandails blancs à perte de vue et des files au DocUcentre. Pourtant, l’illusion de cette perception de normalité ne représente pas l’entièreté du tableau.

Pour ceux et celles qui découvrent le campus ou pour les personnes apathiques à ce qui les entoure, tout est normal. Les cours ont toujours lieu, les frais de scolarité sont encore dus, la Semaine 101 bat son plein et le campus recommence à devenir une fourmilière.

Mais ce qui est normal pour certains est un chaos pour d’autres. Les critiques qui fusent en direction de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) ne sont pas une nouveauté, au contraire. Mais force est d’admettre que le contexte actuel a encouragé des personnes à non seulement s’exprimer publiquement – et en grand nombre – mais à associer des actions à leurs paroles.

Les allégations de fraude rendues publiques dans un article de La Rotonde publié le 9 août à l’endroit de Rizki Rachiq, président actuel de la FÉUO, ainsi que Vanessa Dorimain, directrice exécutive, ont créé des soubresauts au sein de la communauté uottavienne ainsi qu’à l’extérieur du campus. Les réactions se sont enchaînées de manière très rapide : suspension des transferts de fonds à la FÉUO, tenue d’un audit juricomptable, votes du conseil d’administration (CA) de la FÉUO sur des motions visant la suspension des individus visés.

Que l’Université réagisse est logique, qu’elle le fasse de manière aussi forte un peu moins de 24 heures après la publication des allégations est un peu plus surprenant. La FÉUO a, quant à elle, maintenu un silence radio en n’émettant aucun communiqué, vidéo ou simple publication pour rassurer le corps étudiant qu’elle représente. Pourtant, ne voulait-on pas justement améliorer les communications entre les étudiant.e.s et leur Fédération ?

Une relation acrimonieuse

Les commentaires fustigent et les opinions sur les démarches à entreprendre sont multiples. Une pétition visant à destituer les individus visés par les allégations a été mise en ligne. De plus, une manifestation sera tenue lors de la prochaine foire des clubs pour demander « la destitution immédiate » de Rachiq, Dorimain, ainsi qu’Axel Gaga, vice-président aux opérations.

Cette initiative mérite davantage d’attention compte tenu de la particularité de son organisation. En effet, parmi la liste des clubs participant à la manifestation, les quatre clubs politiques de l’Université d’Ottawa, soit les néo-démocrates, les conservateurs, les libéraux et les verts, sont en tête d’affiche.

En mettant leurs griefs de côtés, ces organisations ont décidé de prioriser un syncrétisme à la fois raisonné et animé par un enjeu allant au-delà des différences politiques. C’est cette maturité et cet irénisme logique qui, pendant trop longtemps, a fait défaut au sein de la population étudiante, cette unité mais aussi cette étincelle, ce vouloir de contester le statu quo.

Par contre il faut bien être deux pour danser le tango et à moins que la FÉUO, en tant qu’institution, ne soit prête à mettre de côté la partisannerie interne pour le bien de sa réputation et de travailler avec ses membres, la relation entre les deux parties restera tendue. La situation semble être la suivante : personne ne fera le premier pas car chacun pense que l’autre n’est pas sincère et que les efforts ne sont pas réciproques.

Revenir aux bases

Certes, en visant directement certains individus, cette initiative ainsi que des actions similaires peuvent paraître, pour certaines personnes, comme étant des mouvements visant personnellement des individus. Par contre, cette rhétorique est largement incomplète compte tenu du fait que le contexte actuel porte sur la question de la gestion de la Fédération étudiante. Ce n’est pas l’identité des individus qui est visée par les allégations ayant poussé la mobilisation actuelle, mais plutôt ce que le système leur aurait permis de faire.

Il ne faut pas non plus oublier – ce qui est malheureusement le cas chez certaines personnes – que ce ne sont que des allégations. Par contre, qu’elles s’avèrent véridiques ou non, la réputation et l’intégrité auront mangé toute une volée, tout comme la relation de confiance entre l’institution et les gens qu’elles est censée représenter.

Il faudra alors retourner aux bases et repenser la FÉUO. Pour ce faire, il faut responsabiliser les élus et représentants étudiants. Oui, les membres de l’exécutif, mais aussi le CA, qui dégage l’impression d’être un groupe d’élus interprétant de manière très libérale le pouvoir qui lui est délégué par les étudiants, que les membres du conseil sont censés représenter.

En théorie, ces personnes devraient voter consciemment en représentant un groupe plus important que leur propre personne. Mais l’image que dégage la réalité est celle d’individus qui votent et se prononcent d’une manière qui pourrait être utilisée comme exemple dans un cours de psychologie, pour décrire la théorie de l’identité sociale de Tajfel et plus particulièrement les groupes minimaux.

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