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Arts et culture

Alberte La Burquette dans tous ses états

Web-Rotonde
27 février 2012

BANDE DESSINÉE

Catherine Dib | Chef de pupitre
@catherinedib

Petite adolescente de son époque, la pauvre Alberte ignorait que son prénom la condamnait à plus qu’un simple rapprochement d’Albert Camus. Son maladroit de père, philosophe déconnecté, l’accapare de ses idées de grandeur en lui imposant le port d’une burqa le temps d’un premier tome. Le but? Inculquer à la jeune donzelle une conscience du monde. Maintenant présentée dans de multiples médias, la série gagne en visibilité depuis sa création.

La plume derrière les commentaires superficiels de la petite Alberte et les tendances soixante-huitardes du père, c’est celle de Francis Desharnais, à l’air taquin.

Et la « burquette », c’est un voyage en France qui en est la source première. « J’ai eu l’idée en France durant la période des débats sur la présence des signes religieux à l’école », explique M. Desharnais.

Mise en jeu d’un enjeu sérieux

Ne vous méprenez pas, Burquette n’est ni un essai pédagogique chevronné sur les préjugés régissant notre existence ni une blague de mauvais goût à la Charlie Hebdo, mais une critique à demi voilée de notre société, qui se décline en blagues divertissantes, mais respectueuses.

Une critique qui fait écho, si on en juge les multiples plateformes qui lui sont consacrées depuis son apparition en 2008.

D’ailleurs, la question était épineuse, mais aussi d’actualité, lors de la sortie du premier tome de Burquette, la commission Bouchard-Taylor ayant causé bien des remous.

En effet, la présence de la burqa aurait pu alourdir le contenu de la bédé, mais Francis Desharnais avait prévu un angle pince-sans-rire qui jouait dans un registre comique et sympathique : « Je ne voulais pas faire la leçon à personne. C’était plus une façon d’explorer comment les gens peuvent voir ça. »

Post-Burquette

Le deuxième tome, aborde d’autres thématiques tout aussi sociopolitiques avec le même ton léger et tirant parfois vers l’autodérision : « Je ne voulais pas rester pris à étirer la sauce avec des blagues de burqa, explique M. Desharnais. La petite fille se rebelle et trouve un moyen de ne plus la porter. Alors son père l’attache à une machine à coudre », ajoute-t-il le sourire dans la voix.

L’apparition de Burquette dans le journal Voir, il y a quelques semaines, permettra aussi au bédéiste d’ausculter l’actualité sur un tout autre débit tout en gardant le ton initial : « Je ne vais pas dévier de mon désir de ne pas faire la morale, soutient-il. J’ai une galerie de personnages permettant d’évoquer une galerie d’idées qui s’entrechoquent et de jeter une lumière différente sur diverses situations. »

Alberte et les internets

Comme mentionné, les avenues pour voir les créations de M. Desharnais se multiplient. Que ce soit en direct à la Cinémathèque de Montréal, sur le site internet de la bédé, le strip dans l’hebdomadaire Voir, l’animation sur le site de l’Office nationale du film ou encore par les interactions des personnages sur Facebook, ce fourmillement permet-il de présager un avenir 2.0 pour les arts? « Je ne serais pas prêt à aller jusque-là, nuance l’auteur. On est encore en mode d’exploration avec des outils comme internet. Il y a encore plein de choses qu’on n’a pas encore essayées. »

Cette ouverture corrobore l’évolution que Francis Desharnais prévoit pour Burquette, ce dernier misant surtout sur le présent : « Ah mon dieu, l’avenir, on est comme dedans, là! On va voir comment ça se passe comme façon de travailler. […] L’avenir est encore ouvert à tout pour l’instant! »

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