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Sports et bien-être

Arrêtons de courir, vivons l’instant !

Crédit visuel : Élodie Ah-Wong— Directrice artistique

Chronique rédigée par Sandra Uhlrich — Journaliste

L’université est souvent perçue comme un milieu extrêmement exigeant sur les plans scolaire et personnel. Nous sommes constamment tourné.e.s vers l’avenir, que ce soit vers le prochain examen, notre prochaine session, ou encore notre vie après les études. À bien des égards, nous sommes pris dans une course à la destination, nous laissant croire que le bien-être se trouve toujours un peu plus loin. Nous en oublions parfois l’importance d’explorer et de profiter de l’expérience présente.

L’Université : Cocotte-Minute de stress

Un rapport du Conseil Ontarien de la qualité de l’enseignement supérieur rappelle que les adolescents et jeunes adultes constituent le groupe le plus vulnérable à une mauvaise santé mentale. En 2019, une étude pancanadienne a révélé que près de la moitié des étudiant.e.s se sentaient déprimé.e.s, que 70 % ressentaient une anxiété accablante et que 16 % disaient avoir sérieusement considéré le suicide. Des chiffres alarmants.

Il me semble donc nécessaire de repenser notre manière d’aborder ce passage à l’Université. Selon moi, nous sommes parfois trop concentré.e.s sur l’avenir au détriment du présent. Nous courons après le temps, sous pression. Pourtant, sortir du cadre rigide que cette routine impose et laisser place à l’exploration pourrait être une solution.

Selon le dictionnaire Antidote, l’exploration consiste à étudier en profondeur un domaine sous tous ses aspects. Stephan Cote, coach en leadership, le définit quant à lui comme le fait de « découvrir ce qui nous anime, ce qui nous permet de développer un niveau de créativité dans ce que l’on fait, ce que l’on est ». 

Quand la performance étouffe l’exploration

L’université, lieu de performance, a tendance à noyer la possibilité d’exploration, souligne Cote. Plus on accorde d’espace mental à la performance, plus le désir d’explorer en est réduit. Pourtant, « l’exploration est cruciale pour le développement des aptitudes, le développement du caractère, le développement des valeurs ».  

Jose DiBella est professeur et chercheur en développement international. Il travaille sur l’adaptation et la résilience face aux changements climatiques, notamment par et dans le secteur privé et les communautés. Il a mis sur pied de nombreux projets où l’exploration occupe une place centrale. Pour lui, « penser en décalé » (en dehors du cadre) permet de vraiment comprendre et compatir avec les autres, de mieux saisir leur réalité. 

Il estime qu’un plan trop rigide laisse peu de place à l’imprévu et à l’ambiguïté, ce qui limite l’exploration. Dans ses projets, il valorise l’agentivité des communautés en les impliquant directement dans la planification des projets. Il laisse aux acteur.rice.s la liberté de donner leur propre couleur et forme au projet, dans la mesure du possible.

Selon lui, plus d’essais-erreurs favoriseraient l’apprentissage et l’innovation, ce qui permettrait de répondre à la critique récurrente selon laquelle le milieu académique manque de réactivité. Cote appuie aussi cette pensée : « L’exploration doit toujours être présente, sans arrêt, sinon s’installe une rigidité qui empêche la croissance ».

Oser prendre le détour

L’exploration peut s’appliquer à la vie académique, comme le propose DiBella dans son approche. Mais elle s’avère aussi essentielle dans la vie personnelle. DiBella le tire de sa propre expérience : après avoir étudié en droit et pratiqué pendant 5 ans, il a décidé de changer de cap et de se réorienter vers le développement international. Il encourage donc les étudiant.e.s. à ne pas hésiter à prendre le détour. Car on y apprend forcément quelque chose qui nous servira plus tard. Cote affirme même que « l’essai et l’erreur, ce n’est pas un détour, c’est le chemin lui-même ».

Cote souligne que l’exploration nécessite une certaine ouverture d’esprit : accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas avoir toutes les réponses. Il s’agit d’apprendre à tolérer l’ambiguïté et de s’exposer progressivement à l’inconnu. 

Se poser pour choisir sa propre direction

Prendre un moment pour faire le point sur sa vie et s’intéresser à ses motivations intrinsèques se révèle pertinent  afin de faire la différence entre la direction et la destination.

Pour Cote, ce n’est pas la destination qui importe, mais davantage la direction. Il définit cette différence : si tu es étudiant.e en droit, et que tu veux absolument travailler dans un cabinet prestigieux précis, c’est ta destination. Si tu ne l’atteins pas, tu risques la déception, même lorsque la raison échappe à ton contrôle. Alors que si tu vises à faire toujours de ton mieux, à devenir le.la meilleur.e avocat.e possible, alors cela constitue ta direction.

"Ça change le processus de vie lorsqu’on n’est pas focalisé.e sur la destination, mais sur la direction."

-Stephan Cote-

Pour y parvenir, il suggère de se recentrer sur nos valeurs, sur ce qui compte vraiment pour nous. Cela nous aide à décider quelles actions poser, tolérer ou accepter. Il conseille de faire de ces valeurs des « piliers de nos vies, flexibles, mais des piliers tout de même, permettant ensuite d’explorer, et non pas simplement performer ».

Cote rappelle que la performance est nécessaire en partie, dans le sens où il vaut mieux se donner à 100 % dans ce que l’on décide comme important pour nous, au risque de le regretter. Et DiBella abonde dans le même sens : explorer à 100 %, faire le tour de l’expérience afin d’en garder un réel apprentissage. Surtout, il nous encourage à faire preuve d’audace et à expérimenter.

Petit exercice pour le temps des fêtes

Voici une liste assez complète des valeurs qui existent. Choisissez-en seulement cinq. Vous pouvez en choisir plus une première fois, mais au final, n’en garder que cinq. Vous verrez lesquelles comptent le plus pour vous. Et si «Performance» en fait partie, alors foncez! Sinon, mettez le pied sur le frein et réajustez votre manière de vivre pour qu’elle corresponde davantage à vos valeurs. 🙂  

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