Dès le 31 octobre, et jusqu’au 2 décembre 2012, l’Outaouais peut se vanter d’accueillir une exposition signée Jean-Yves Vigneau, sculpteur de métier. Le vernissage avait lieu mercredi dernier, au centre d’artistes AXENÉO7. La Rotonde vous raconte la plus récente exposition de l’artiste aux multiples talents.
Avant toute chose, il s’agit de clarifier un point important: Jean-Yves Vigneau, comme bien des natifs du Bas-du-Fleuve, accorde une grande importance aux vastes étendues d’eau ou, plus précisément, aux espaces de terre entourés d’eau. Et oui, Vigneau se passionne pour les îles. Il n’était donc pas surprenant de découvrir des installations rappelant la mer et les îles pour l’exposition Autopsie du Corps-Mort. Vigneau se définit comme sculpteur, mais les oeuvres de sa dernière installation comportent de la toile, du bois, ainsi que des vidéos.
Comment parvient-il à lier sa démarche artistique avec un thème aussi lourd que la mort? « L’île que l’on voit dans la vidéo [de l’installation] s’appelle Corps-Mort, car elle a la forme d’une personne couchée sur le dos. Je la connais depuis mon enfance et mon grand-père y pêchait. Je me souviens de lui couché sur le dos, couvert d’un drap blanc. De plus, l’autopsie est une façon de regarder quelque chose de près », explique Vigneau. Explorer la mort à travers les îles, voilà le défi qu’il s’est lancé dans le cadre de cette exposition.
Depuis plus de 20 ans, l’artiste né aux Îles-de-la-Madeleine a l’habitude d’exposer seul et avec beaucoup de succès. Ses expositions prennent place en grande majorité au Québec, ainsi qu’en Ontario et au Nouveau-Brunswick, entre autres. Jonathan Demers, directeur de l’équipe du bureau, nous explique que Vigneau a grandement contribué à la présence des arts en Outaouais, notamment en achetant plusieurs parts pour contribuer à l’achat de la bâtisse que nous connaissons maintenant sous le nom d’Axenéo7. « Pour cette exposition, il avait carte-blanche! C’est un peu notre façon de lui rendre hommage », affirme-t-il. Autopsie du Corps-Mort est une exposition créée de toutes pièces, sur place. L’artiste s’est fondé sur l’espace qui lui était alloué, c’est-à-dire trois pièces.
On entre d’abord dans la première pièce, spacieuse et illuminée. Au plafond, un crochet sur une poulie de bois et, juste en dessous, une large rampe d’embarquement qui nous dirige vers une grande fenêtre – une ouverture sur le monde extérieur? Dans un autre coin de la pièce est posé un cube, également fait de bois.
La suite de l’exposition mène à un deuxième espace, celui-ci plus sombre. Une projection sur un mur de blocs blancs nous montre une île, l’île qui a inspiré l’artiste. Nous avons d’elle une vision de jour et de nuit, toujours immuable. On peut l’observer jusqu’à s’en donner le mal de mer, tellement les vagues font tanguer le cadre de l’image. Cette île, qui rappelle effectivement la silhouette d’un corps étendu, partage paisiblement l’écran avec les marées, les oiseaux et la lune.
Dans la dernière pièce, l’un des murs est en fait une baie vitrée. Au centre, occupant toute la place, une sculpture. L’intime compagnon du marin sur l’eau, un bateau, est là: mais pas au complet, seulement son squelette. Une base d’embarcation simple, chaloupe ou barque, faite de bois courbés et de crochets. Dans un coin, un petit haut-parleur susurre un passage du « Flying Dutchman », de Thomas Moore. On l’entend décrire l’île de l’homme mort – « dead man’s island » – avec une pesanteur théâtrale. Le squelette de bois nous ramène immanquablement à la notion d’épave, ce qu’il reste d’un navire déchu.
Ressort de cette exposition une vision calme et paisible de la mort, bien adaptée au rythme de vie des Provinces maritimes. Elle se tiendra jusqu’au 2 décembre et, comme toujours, dans l’optique d’encourager les artistes locaux, l’entrée est gratuite.