Par Maeve Burbrigde, Cheffe de la section Actualités
Vers quel avenir avance-t-on ? Est-ce que le niveau d’investissement monétaire et social pour le changement climatique actuel est adéquat ? Quelles sont les autres options en terme de politiques climatiques au Canada ? La Rotonde s’est entretenue avec deux experts dans le domaine de la recherche en changement climatique; Ryan Katz-Rosene et Illimar Altosaar, pour explorer l’enjeu.
D’après Katz-Rosene, spécialiste en politique environnementale et professeur à l’Université d’Ottawa (U d’O), le Canada est présentement loin d’atteindre son objectif d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30 % d’ici 2030.
Le Canada, très affecté
Le Canada a réussi à baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 2 % depuis 2005, mais récemment, elles restent à un niveau stable, explique Katz-Rosene. Plusieurs autres pays développés ont, toutefois, pu réduire leurs émissions de 20 % à 40 % depuis 2005.
Katz-Rosene explique que si tous les pays agissaient comme le Canada, la terre pourrait se réchauffer de 2,5 à 3 degrés dans les prochaines décennies. À ce point-ci, le spécialiste déclare que chaque dixième de degré peut causer énormément de dégâts environnementaux.
La température moyenne au Canada aurait augmenté trois fois plus que l’augmentation moyenne sur terre, précise Katz-Rosene. Au nord du Canada, le niveau d’augmentation de la température moyenne serait même plus que cinq fois la moyenne terrestre.
À cause de ce changement de température, le climat de toutes les régions du Canada change. Chaque région est affectée de manière différente, mais Katz-Rosene note que les incendies de forêt, l’apparition de nouveaux parasites, la fonte du pergélisol et de glaces marines ainsi que les éboulements sont parmi les effets les plus prononcés au Canada.
Ce qu’il faut faire
« La grande majorité des changements climatiques peuvent être attribués à la combustion de combustibles fossiles. C’est autour de 70 % à 80 %. Si on pouvait arrêter d’utiliser des combustibles fossiles et le charbon comme source d’énergie, on verrait une différence immense », partage Katz-Rosene. Les combustibles fossiles et le charbon sont utilisés pour produire l’électricité.
Pour Katz-Rosene, le changement qui pourrait avoir l’effet le plus important au niveau du changement climatique serait d’éventuellement pouvoir utiliser des sources d’énergie renouvelables ou à émission de carbone faible pour produire l’électricité du pays.
Altosaar, climatologue et professeur à l’U d’O, explique comme solution potentielle la plantation d’arbres. Ceux-ci peuvent absorber beaucoup du dioxyde de carbone qui réchauffe l’atmosphère. D’ailleurs, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé, le 27 septembre dernier, que son gouvernement compte planter 2 milliards d’arbres dans la prochaine décennie.
Altosaar rappelle que l’invention et l’adaptation humaine vis-à-vis le changement climatique sont continues et sans limites. Pour l’instant, Altosaar et son équipe travaillent sur une modification génétique au niveau de plantes qui les permettra d’absorber l’oxyde nitreux dans l’atmosphère, un gaz à effet de serre qui cause 398 fois plus le réchauffement par tonne que le dioxyde de carbone.
Initiatives politiques ?
Malgré le travail d’Altosaar et son équipe, voulant mener à une solution importante au niveau de la lutte contre le changement climatique, celui-ci affirme recevoir un financement largement inadéquat de la part du ministère de l’environnement, sous l’administration libérale courante. Le gouvernement libéral n’investirait pas assez au niveau de la recherche dans le domaine du changement climatique.
Le plan climatique du gouvernement libéral se focalise sur la taxation de la pollution pour décourager les grandes compagnies d’utiliser des moyens de production polluant. D’après le Plan climatique canadien, document officiel expliquant les mesures prises par le gouvernement contre le changement climatique, 40 % des émissions de gaz à effet de serre au Canada sont causés par les activités industrielles.
Le Parti néo-démocrate et le Parti vert proposent des visions alternatives vis-à-vis la politique climatique. Ces partis veulent continuer à taxer les activités polluantes, tout en annulant les subventions fédérales pour les compagnies de combustibles fossiles et de pétrole au Canada, ainsi que les projets de pipeline canadiens. Pour ce qui en est du Parti conservateur, l’unique engagement concret est de couper les taxes sur la pollution pour investir dans des « technologies vertes ».