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Le bilinguisme au Canada : A work in progress

20 octobre 2014

À chaque année, c’est la même chose. Graham Fraser s’installe derrière son bureau pour nous expliquer que, malgré les efforts, les droits des minorités linguistiques officielles au Canada (du moins pour une des communautés) se font galvauder. Année après année, on nous répète qu’Air Canada n’offre pas un service acceptable et que l’accès à des services en français de la part du gouvernement fédéral est un combat perpétuel.

En tant que bon franco, nous avons bien évidemment appris à accepter la situation : deal with it. À quand remonte la dernière manifestation au siège social d’Air Canada pour réclamer un peu de respect de la compagnie aérienne nationale? Il s’agit bien sûr d’une question rhétorique.

Il ne faut cependant pas être totalement cynique ; la situation des francophones au Canada s’est améliorée depuis les années 70. Les fonctionnaires sont encouragés à employer le français dans leur travail et le bilinguisme développé par ces derniers, dans un contexte souvent hostile à notre langue indigène, les place même souvent en avantage vis-à-vis leurs collègues anglophones. Cependant, se contenter de si peu ne peut être acceptable pour un peuple se battant pour sa subsistance.

À l’heure où un gouvernement fédéral nomme des anglophones unilingues à des postes de haute-administration, les populations francophones sont à risque de voir leur acquis leur glisser entre les mains. À chaque fois que le gouvernement verra le bilinguisme comme un embarras, les francophones devront se lever pour réclamer le respect qui leur est dû.

Il faut commencer à exiger plus de leadership de la part des institutions supposées représenter le bilinguisme canadien. On ne peut se contenter, en 2014, que des juges de la Cour suprême du Canada ne puissent comprendre des causes de la plus haute importance pour la société canadienne sans l’interprétation d’un tiers qui doit traduire.

Il est temps qu’Ottawa assume son statut de capitale de notre pays et embrasse sa dualité linguistique. Il est temps que Jim Watson, francophile autoproclamé, fasse preuve de toute l’envergure que sa ville peut avoir en faisant du français une langue officielle d’Ottawa. Il est temps que l’on cesse de vivre comme en 1970 et que l’on agisse comme tel. Le bilinguisme canadien n’a pas causé chaos et destruction, pourquoi ce serait différent à Ottawa?

Le bilinguisme ne consiste pas à offrir quelques services approximatifs à la minorité et celle-ci à accepter son sort, se considérant chanceuse d’avoir même la chance d’avoir ces piètres services. Le bilinguisme nécessite une acceptation de la part de la majorité de devoir participer à ce projet et non pas de manière réfractaire.

Il ne faut par contre pas se leurrer, le combat qu’a entrepris nos ancêtres pour la reconnaissance de nos droits n’est pas près d’être terminé. Dans une société où chaque jour marque le recul du français au Canada, la bataille de l’opinion publique, selon laquelle le bilinguisme est nécessaire, demeura longtemps un work in progress.

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