
Centre de deuil et de la mémoire St-Amand : un lieu pour se recueillir et se souvenir ensemble
Crédit visuel : Jurgen Hoth – Photojournaliste
Article rédigé par Joelluc Liandja – Journaliste
La communauté étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O) s’est réunie pour inaugurer le centre de deuil et de la mémoire St-Amand. Ce nouvel espace, situé au 85 University, Private, salle 211E, est entièrement consacré au cheminement du deuil au sein de la communauté universitaire. L’objectif est de faire du deuil un processus collectif plutôt qu’une épreuve solitaire pour les étudiant.e.s, le corps enseignant et le personnel administratif.
Hommage à Marissa St-Amand
Ce centre a été érigé en hommage à Marissa St-Amand, ancienne commissaire francophone du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO), décédée après une lutte contre le cancer. Elle a laissé une empreinte durable sur le campus par son engagement, son esprit créatif et son humanité qui résonnent désormais entre les murs de ce lieu pensé pour panser les blessures invisibles.
Audrey-Ann Messier, coordonnatrice du soutien aux étudiant.e.s et initiatrice de ce projet, raconte que l’idée provient d’un geste solidaire : « L’initiative est née d’une motion présentée à l’Assemblée générale du Syndicat, en mémoire de Marissa. Ses ami.e.s voulaient créer un endroit où la mémoire des étudiant.e.s disparu.e.s puisse continuer de vivre. Le Syndicat a entendu cette demande et m’a confié la mission de donner vie à cet espace. »
Ce lieu regorge de souvenirs de Marissa St-Amand : ses œuvres d’art, dont le célèbre mur de craie, y sont exposées. On y retrouve également l’arbre de la mémoire, une installation participative où tous les membres de la communauté peuvent inscrire des noms ou des pensées en hommage à leurs êtres chers disparu.e.s, leurs repères, leurs identités ou même leurs sentiments d’appartenance. Pour Messier, « le deuil ne se vit pas seulement à travers la mort. Il peut aussi s’agir d’un éloignement, d’une rupture ou d’un changement profond. L’idée, c’est d’offrir un espace où chacun.e se sent accueilli.e, compris.e. et soutenu.e ».
Des services offerts pour accompagner le deuil
L’un des objectifs principaux du centre est d’offrir un accompagnement réel et accessible à l’ensemble de la communauté universitaire. Messier précise : « Il n’y a aucun besoin d’inscription ni de justification pour venir au centre. On peut s’y rendre aussi souvent que nécessaire, pour écouter, échanger ou simplement être. Ce qui compte c’est d’être là, de sentir qu’on appartient à quelque chose ». Elle souligne que l’esprit d’accueil qui illumine ce lieu incarne celui de Marissa qui, dès qu’elle voyait quelqu’un dans le besoin, allait spontanément vers lui.elle. Elle affirme son engagement à préserver cet héritage dans ce nouveau centre.
D’autres ressources sont également disponibles pour accompagner cette démarche. Il existe, entre autres, une bibliothèque spécialisée proposant des ouvrages, des brochures et documents bilingues sur la gestion du deuil, des groupes de soutien animés par des bénévoles à l’écoute et passionné.e.s de l’entraide. Il existe également une collaboration étroite avec le centre de santé et de mieux-être étudiant de l’U d’O pour offrir des suivis psychologiques et des formes de soutien communautaire à long terme. D’autres activités complémentaires telles que des ateliers créatifs (dessin, bricolage…) viendront compléter cette offre.

La communauté universitaire salue l’initiative
Lors de la cérémonie inaugurale, plusieurs invité.e.s ont mis l’accent sur l’utilité et l’importance d’un tel lieu dans l’enceinte de l’U d’O. C’est le cas de Cam Plante, étudiante en psychologie et linguistique, qui salue cette démarche : « Je pense que ce projet aurait dû exister depuis longtemps. Beaucoup d’étudiant.e.s traversent des moments de deuil ou de stress intense pendant leurs études. C’est rassurant de savoir qu’il existe désormais une ressource qui reconnaît cette réalité et qui offre un soutien concret. »
Pour elle, ce projet incarne une valeur profondément humaine dans le milieu universitaire.
« Ce genre d’initiative contribue à la création des communautés fondées sur l’acceptation et l’entraide. Malgré nos différences existentielles, nous partageons tous.tes des fragilités vécues qui nous rapprochent dans les moments difficiles. »
- Cam Plante -
La cérémonie s’est conclue par une réception conviviale pendant laquelle les participant.e.s ont pu échanger dans une atmosphère bienveillante, tout en visitant le centre pour en découvrir les différents espaces d’exposition et de recueillement.
Un héritage pour l’avenir
Messier ne souhaite pas que ce lieu de deuil soit éphémère. Elle aspire à ce qu’il devienne un point de repère durable : « Le but, c’est que le centre perdure, même dans dix ou quinze ans. On n’aidera peut-être pas des milliers d’étudiant.e.s, mais si quelques un.e.s trouvent ici un peu de soulagement, un peu de paix, alors on aura atteint notre mission ».
Elle espère également que ce projet inspire d’autres initiatives similaires, tant au sein de l’université qu’à travers la ville d’Ottawa : « Le deuil ne devrait pas être un tabou. C’est une émotion humaine, légitime, qu’on peut traverser ensemble.»
L’ouverture de ce nouveau centre marque une étape cruciale dans le soutien psychologique et émotionnel offert à la communauté universitaire. Chaque mot laissé, chaque nom suspendu à l’arbre de la mémoire, rappellera celle de Marissa St-Amand, et rappellera surtout que personne ne traverse sa peine seul.e.
