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Arts et culture

Une chronique de moins sur la platitude d’Ottawa

Culture
12 novembre 2018

Par: Gabrielle Lemire, Cheffe Arts et culture

Si vous n’avez jamais entendu quelqu’un dire qu’il ne se passe rien à Ottawa, c’est que vous avez la tête enfoncée encore plus profondément dans le sable que tous ceux qui ont dit ça.

C’est probablement vrai, il ne se passe rien à Ottawa. Apparemment, puisque les étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa préfèrent rester emmitouflés dans leurs résidences, à supplier les divinités netflixiennes d’enjoliver leur quotidien, plutôt que d’aller explorer les environs. Pourtant, c’est par eux qu’une image plus invitante de la capitale pourrait s’instaurer.

« J’existe! » — la scène culturelle ottavienne

Je peux vous assurer qu’Ottawa n’est pas une ville plate. Et ce, sans prétendre être la première personne à en parler. On ne compte plus le nombre de chroniqueurs et de blogueurs qui commentent sur le degré de platitude de notre ville. Elle a même remporté le titre de la ville canadienne la plus ennuyeuse en 2013, à l’occasion des Boring Awards à Toronto. Et les étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa semblent assimiler ce préjugé, sans réaliser qu’il revient justement à eux de façonner le paysage culturel de la ville.

On pourra dire ce qu’on veut, la ville d’Ottawa en est une de fonctionnaires, et ce ne sont visiblement pas eux qui, en respirant de 9 à 5, vont étoffer la diversité de l’offre artistique de la ville. Sans l’intérêt de la jeunesse, d’une relève au niveau du public, en effet, il n’y aura rien à faire à Ottawa. Et pour quiconque investit de nombreuses heures à dénicher pour les autres des occasions de goûter à la vivacité de la capitale, il est important de souligner l’absurdité de ces propos. Apt 613 ou Ottawa Beat ne sont que deux exemples d’entités qui tentent de convaincre les Ottaviens de sortir de leur cocon. Mine de rien, peut-être qu’une meilleure stratégie municipale (comme celle implantée en 2017 côté musique) serait de mise pour encadrer la richesse artistique d’Ottawa.

Hein, richesse artistique d’Ottawa ?

En effet, Ottawa accueille chaque année plus de 180 festivals. Les incrédules peuvent consulter le site web de Tourisme Ottawa ou simplement passer la porte de leur chez-soi. La fin de semaine dernière, on assistait au festival de films LGBTQ+ Inside Out et le festival contemporain actoral à la Nouvelle-Scène Gilles Desjardins. Les lieux ont été investis par un concert-performance complètement déjanté de la chorégraphe de renommée internationale Miet Warlop, avec un vin d’honneur offert gratuitement au public après la représentation. Le 17 novembre, ce sont les Night Lights qui envahiront la rue Preston, dans la Petite Italie.

Des murales partout, des monuments historiques, une rue Elgin où se disputent les bars, moyennant musique en direct ou soirées comédie. L’offre de talents artistiques du centre-ville est plantureuse, même si, j’en conviens, peu d’artistes connus arrêtent leur tournée ici. On assiste ici au cercle vicieux de l’offre et de la demande culturelle d’Ottawa. C’est simple, pas de demande, pas d’offre. Et pendant que vous entamez le prochain épisode de Sabrina la sorcière, l’offre arrête son choix sur Montréal. Pourquoi ? Parce qu’en ne découvrant pas les endroits artistiques de sa propre ville, on omet d’encourager les talents locaux, tout en freinant la création d’une communauté alléchante pour les talents d’ailleurs.

Ça coûte trop cher.

Non. S’exposer à l’art dans la capitale canadienne sans rompre son portefeuille, c’est possible. Voici quelques pistes, question de s’échauffer. Tous les jeudis soirs, les musées nationaux sont gratuits. Les samedis, les pianistes du Sens House et du bar VJ’s jouent gratuitement les demandes spéciales du public. Des dizaines de bars comme le Avant-garde proposent gratuitement des artistes plusieurs soirs par semaine et la Galerie d’Art d’Ottawa est ouverte gratuitement de 9h à 21h chaque jour. Chaque semaine, La Rotonde vous fait une proposition de quatre événements artistiques, la plupart du temps gratuits. C’est un bon début.

En espérant que la prochaine fois que les mots « Ottawa » et « ennuyant » lutteront pour sortir de votre bouche dans la même phrase, vous vous direz que le degré de platitude d’une ville reflète plus le caractère de ses habitants que la ville en soi.

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