J’ai eu la chance cette semaine d’assister pour la première fois à un festival cycliste. J’y ai rencontré des gens particulièrement ravis d’utiliser ce qui ne devait être qu’un moyen de transport.
Le vélo a un impact énorme sur la société, depuis sa popularisation dans les dernières décennies du XXe siècle. Ce fût très rapidement un outil d’émancipation individuelle et collective. Il assure, pour un coût très réduit, une indépendance relative et permet d’accéder plus facilement à certaines parties des aires urbaines. Il a permis de désengorger le centre-ville, permettant ainsi aux travailleurs une plus grande liberté quand il s’agissait d’élire domicile. Il procure la liberté de s’aventurer dans des endroits éloignés et de découvrir du pays.
Cette autonomie conférée par le vélocipède a particulièrement profité aux femmes, qui y ont gagné une liberté de circulation. Lors du congrès féministe de Paris en 1896, Maria Pognon fit un éloge retentissant de la « bicyclette égalitaire et niveleuse par laquelle se fera l’émancipation de la femme ». Les fabricants de bicyclettes n’hésiteront pas à utiliser l’image de la femme cycliste libérée dans leur réclame.
Les ouvriers ont naturellement dominé les premières courses cyclistes. Des épreuves dont la difficulté reflétait les conditions de cette classe: météo dantesque, monts et cols à gravir, danger des descentes, importance du travail d’équipe et du courage individuel.
Il existe aussi des liens étroits entre vélo et écriture. La popularisation des deux roues a coïncidé avec la période phare du roman et il n’est donc pas surprenant que le cyclisme ait croisé la littérature. « Lui et sa machine ne font qu’un, ce ne sont pas deux êtres différents comme l’homme et le cheval ; non c’est un seul être (…) Il n’y pas un homme et une machine, il y a un homme plus vite », écrit Maurice Leblanc, auteur d’Arsène Lupin.
Le journalisme a aussi très tôt eu un rapport particulier avec la petite reine. Les plus grandes compétitions cyclistes ont été instiguées par des journaux. C’est le journaliste du quotidien L’Auto, Géo Lefèvre, qui a eu l’idée d’organiser le premier Tour de France en 1903. De la même manière, c’est La Gazzetta dello Sport qui a organisé le premier Giro d’Italia. Aujourd’hui encore des courses cyclistes portent des noms de journaux comme le Dauphiné libéré ou le Midi Libre. C’est sans doute que le cyclisme, en tant que sport de compétition, a répondu à un besoin de récit et d’aventure.