Chronique
Par Benjamin Doudard
Étudiant en science politique et en communication
Université d’Ottawa
Les délibérations de la Chambre des communes la semaine dernière ont porté sur une grande diversité d’enjeux, avec entre autres des initiatives gouvernementales apportant des modifications au Régime de pension du Canada ou encore l’implémentation de mesures du budget. Mardi, les conservateurs ont profité de la journée d’opposition qui leur était allouée pour débattre d’une motion visant à faire reconnaître le génocide des Yézidis, une minorité kurde particulièrement ciblée par le soi-disant État islamique en Irak, et à leur accorder de l’aide. La motion a été adoptée à l’unanimité avec 313 voix en faveur. Jeudi, c’était au tour des néo-démocrates de bénéficier d’une journée d’opposition, où ils ont choisi d’aborder la situation des enfants des Premières Nations. Alors que plusieurs communautés des Premières Nations à travers le pays sont ravagées par des tragédies répétées de suicides chez les jeunes, le NPD demandait notamment au gouvernement un investissement immédiat de 155 millions de dollars dans des mesures de bien-être pour les enfants. La motion passera au vote le mardi 1er novembre.
L’Accord de libre-échange avec l’Union européenne – Un sujet qui est revenu souvent à la période des questions au cours des deux dernières semaines est celui du traité de libre-échange conclu entre le Canada et l’Union européenne (UE), soit l’Accord économique et commercial global (AECG), mieux connu sous son acronyme anglais, CETA. Cet accord de libre-échange a été négocié et conclu en 2014 par le gouvernement Harper. Il y a deux semaines, alors que les 28 États membres de l’EU et le Canada se préparaient à signer l’Accord, la Wallonie, soit la région francophone de la Belgique, a décidé d’appliquer son droit de véto et a indiqué qu’elle refusait de le signer et de le ratifier. La ministre du Commerce international Chrystia Freeland, en charge des négociations pour le Canada, était donc la proie de l’Opposition en Chambre la semaine dernière, les conservateurs demandant au Premier ministre de mettre “un adulte” pour négocier à sa place. Le 28 octobre, une entente a été trouvée avec la Wallonie, qui a approuvé l’Accord, et le Premier ministre Trudeau s’est rendu à Bruxelles dimanche pour le signer.
Une lune de miel qui tire à sa fin? – Il est habituel pour un gouvernement, qu’il soit de gauche ou de droite, de bénéficier d’une “lune de miel” quelques temps après son élection, une sorte de période de grâce où l’électorat est généralement satisfait du gouvernement nouvellement élu et n’a pas encore trop de raisons de le critiquer. La lune de miel du Gouvernement Trudeau dure depuis maintenant plus d’un an, ce qui est particulièrement long, le PM surfant sur une vague de popularité qui peine à faiblir.
Pourtant, les signes qui commencent à s’accumuler semblent pointer au fait que la lune de miel du gouvernement libéral commence à s’essouffler. Récemment, l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) annonçait que le répit était fini pour le gouvernement et qu’après un an de patience et de relations cordiales, il passerait à l’action, via des campagnes de publicité, pour exiger de M. Trudeau de tenir ses promesses et ses engagements de campagne.
Puis, lundi dernier, des manifestants contre le pipeline Kinder Morgan se sont amassés sur la Colline du Parlement pour faire passer leur message et 99 d’entre eux, dont de nombreux étudiants, ont été arrêtés pour désobéissance civile, après avoir outrepassé les barrières qui avaient été érigées.
Enfin, mardi, le Premier ministre participait au Sommet national des jeunes travailleurs et travailleuses, organisé par le Congrès du travail du Canada, où il s’est fait interpeller par plusieurs jeunes travailleurs mécontents, avec des doléances allant des déboires du gouvernement avec le système de paie Phénix aux décisions d’Ottawa sur l’approbation de pipelines, ou encore aux propos récents tenus par le ministre des Finances Bill Morneau qui a affirmé que les jeunes devraient s’habituer à changer d’emploi et à occuper des emploi précaires. Certains protestataires ont tourné le dos au Premier ministre pour signifier que s’il allait leur tourner le dos à eux, ils en feraient de même avec lui.
Neuf nouveaux visages au Sénat – Le premier ministre a annoncé la semaine dernière la nomination de neuf nouveaux sénateurs, pour combler des sièges vacants. Le président de la Société nationale de l’Acadie (SNA), le néo-brunswickois René Cormier fait notamment partie du lot. Ces nouveaux sénateurs sont sans affiliation, le Premier ministre poursuivant son engagement de réformer le Sénat et d’y réduire la partisanerie. Avec ces nouvelles nominations, la Chambre haute compte désormais 32 sénateurs indépendants, contre 40 conservateurs et 21 « libéraux-indépendants ». Actuellement, le regroupement de sénateurs indépendants se bat pour une meilleure représentation dans les comités ainsi qu’à un meilleur accès à des budgets de recherche. Il ne reste maintenant plus que 12 sièges vacants, et on s’attend à ce que de nouvelles nominations soient annoncées prochainement.
Élection partielle – Les électeurs de la circonscription albertaine de Medicine Hat-Cardston-Warner se sont choisi un nouveau député lundi dernier. Le conservateur Glen Motz a été élu avec près de 70 % des suffrages, loin devant son plus proche adversaire, le libéral Stan Sakamoto, qui a pour sa part obtenu 25 % des voix. La circonscription était sans représentant aux communes depuis le mois de mars. Trois autres circonscriptions sont toujours vacantes.