Par Ghassen Athmni
Pour convaincre de faire du sport, on avance souvent la nécessité de porter intérêt à son bien-être. Être en condition ou en forme. Réguler sa chimie interne et ses sécrétions. Être en santé.
Cette rhétorique semble s’intéresser aux bienfaits potentiels d’une activité physique donnée sur la santé, les muscles, la circulation sanguine, etc. du corps humain et théorise un lien évident entre ces bienfaits et un bien-être ou encore un mieux-être.
Les questions qui se posent dès lors sont celles de savoir si le sport doit être approché uniquement ou essentiellement comme un exercice qui ne vaut que par cette finalité et de savoir si le rapport du sport à l’être est uniquement celui de la santé.
Le sport est à mon sens, et comme le laisse entendre l’étymologie du mot, jeu. La composante « jeu » est la fondamentale du sport.
Ce n’est pas un hasard si, à la différence de l‘exercice caractéristique de la discipline individuelle, on a recours au verbe jouer pour décrire la pratique des sports collectifs. Le jeu est à l’opposé de l’exercice à la finalité utilitaire et individualiste. L’aspect ludique en est l’objet premier et en conditionne le fonctionnement.
La socialisation qui résulte du sport bénéficie de cet aspect, en ce qu’il est l’expérience d’un ensemble d’interactions, de mouvements et d’exécutions qui s’agencent autour d’un certain nombre de règles et qui échappe souvent à l’enrégimentement de l’utilitaire.
Ensuite, les composantes « discipline » et « progrès » viennent compléter ce que je perçois du sport.
La discipline prenant une dimension ascétique, celle de la maîtrise de l’énergie et de la violence, permet, au bout d’une course ou d’un effort, la libération et la réflexion sur des effets enfouis.
Le progrès en tant que métamorphose continue est la condition d’être capable de répondre à toutes les sollicitations du sport, d’acquérir la polyvalence technique et tactique et l’ambivalence des attitudes (entre contrôle et explosivité, retenue et générosité dans l’effort, etc.). Des métamorphoses synonymes d’une symbiose plus intense, d’un dépassement du rapport habituel entre corps et esprit dont résulte un bonheur. C’est ainsi que je conçois un bien-être lié au sport.