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Comment être un.e bon.ne allié.e ?

Rédaction
7 juin 2020

Crédit visuel : Pixabay

Par Clémence Roy-Darisse – Journaliste 

Face aux iniquités raciales meurtrières décrites dans les journaux, je me suis lancée davantage sur la question du racisme à travers des documentaires, des podcasts et des livres écrits par celles et ceux qui en savent beaucoup plus que moi sur la question. Je me suis toujours dit antiraciste mais ce n’est jamais assez. De par ma couleur, je participe tous les jours à un système injuste qui m’accorde beaucoup de privilèges. Pour devenir une véritable alliée, je dois d’abord écouter. 

Émilie Nicholas, anthropologue et chroniqueuse explique le concept d’allié.e comme étant la « lutte pour une cause qui nous affecte pas ». Cette dernière passe d’abord par la reconnaissance de son privilège puis par la décision ferme d’« arrêter d’être complice [au statu quo] ».

Elle souligne qu’il aura toujours plus d’indignation pour le racisme « exotique » ce qui signifie le racisme d’ailleurs que chez soi. L’indignation, que l’on voit présentement, contre le racisme présent aux États-Unis en est un exemple. Mais selon elle, il faut d’abord dénoncer le racisme chez soi. 

Une manière de s’informer

Le podcast Speaking of Racism propose quant à lui des discussions franches, honnêtes et nécessaires sur le racisme aux États-Unis. Bien que ces dernières n’aient pas lieu au Canada, elles éclairent sur le racisme présent ici. 

L’épisode de jeudi portait sur le documentaire de Chelsea Handler Hello privilege it’s me. Pour en parler, l’animatrice blanche invite la militante antiraciste Tina Strawn. Étant une femme noire, cette dernière confie avoir été fâchée et mal à l’aise lors du premier visionnement du documentaire.

Réalisé par une femme blanche, le film semble être davantage à propos de Chelsea que des communautés affectées par le racisme. Il éduque peu sur les racines du problème et offre peu de pistes de solutions au racisme. Pour Strawn et l’animatrice, ce documentaire est l’exemple parfait du privilège blanc. 

Strawn explique que pour être un.e allié.e, il faut d’abord et avant tout écouter les voix des personnes noir.e.s. Elle réitère que les personnes noir.e.s ont amorcé ce mouvement antiraciste depuis bien longtemps et qu’en tant que blanc.he, il est nécessaire de reconnaître son arrivée tardive dans le mouvement et la nécessité de faire preuve d’humilité.

Elle répète l’importance de se greffer, de supporter et d’écouter ceux qui portent déjà le mouvement antiraciste et qui en sont les principaux affectés. Elle confie que plusieurs personnes blanches, telles que vues dans le documentaire de Chelsea, veulent être félicitées lorsqu’elles rejoignent le mouvement. Il n’y a rien à applaudir s’il n’y a pas de confrontations de ses propres biais et des discussions inconfortables. S’il n’y a pas d’inconfort, il n’y a pas de changements et donc pas de travail de fait.

Lutter contre le racisme

Ces conversations inconfortables sur le racisme et l’antiracisme sont, selon elle, essentielles car elles forcent à assumer sa propre responsabilité, en tant que blanc.he, au système de suprématie blanche. Afin d’y parvenir, elle affirme qu’il faut laisser son égo de côté et écouter d’abord les voix de personnes noir.e.s. 

L’animatrice, qui lutte activement pour l’antiracisme, souligne que le problème avec le documentaire de Handler est l’impact et non l’intention de ce dernier. L’intention semblait louable, mais l’impact est, entre autres, l’exploitation de la souffrance des noir.e.s pour s’éduquer soi-même ; comme lorsqu’elle retourne voir son ex, noir, pour qu’il lui parle des expériences traumatisantes liées au racisme qu’il a vécues. Il ne suffit pas d’avoir de bonnes intentions ; il faut réfléchir et s’éduquer sur l’impact de ses gestes. 

Les meilleures phrases du documentaire, sont assurément celles émises par les personnes noires, comme lorsque Chelsea rencontre une communauté noire pour leur demander comment ils vivent le racisme : « qu’est-ce que tu vas faire d’autre, que venir dans cet espace et le prendre ? », l’interroge l’une des personnes dans la salle. « Une des choses que j’ai remarquées à propos du privilège blanc, est que ça finit toujours par être à propos de l’expérience des personnes de couleur et jamais à propos de la blancheur », énonce une autre. Cette phrase incite à d’abord se regarder le nombril, en tant que personne blanche, avant de pointer du doigt celui des autres. 

J’aurais dû d’abord écouter, apprendre. J’aurais dû me taire plus souvent et parler quand il le fallait. 

Quelques pistes

La Rotonde vous propose quelques pistes afin de vous documenter sur la cause, et de devenir un.e meilleur.e allié.e

Voici une liste de livres à lire pour en apprendre davantage : La pensée féministe noire de Patricia Hill Collins, How to be an antiracist de Ibram X. Kendi, Why I’m Not Longer Talking to White People About Race de Reni Eddo-Lodge.

Concernant le monde du septième art, les documentaires Notes d’espoir de Charles Officer, La couleur de la beauté de Elizabeth St-Phillip, 13e disponible sur Netflix, Afroprospérité disponible sur Tout.tv. La série When they see us créée par Netflix aborde également la thématique du racisme.

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