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Opinions

Comment vous dire adieu?

Web-Rotonde
11 avril 2012

CHRONIQUE

Catherine Dib | Chef de pupitre

Comme je désire éviter de tomber dans les adieux Pepto-Bismol et que j’assume moyennement d’être coiffée comme une animatrice de talk-show, je vais tenter d’être brève et limiter les sentiments « cul-culisants ».

La Rotonde, ce sont des fous rires, des nuits presque blanches, des discussions pseudo-philosophiques plus ou moins pertinentes, une masse de shawarma assez grosse pour nourrir toute la Côte-de-Sable et une bande d’étudiants fichtrement allumés sur les papillonnements du monde.

On y entre, c’est un champ de bataille, nos yeux aux œufs pochés larmoient sous la lueur glauque de l’écran. Plusieurs ont quitté ce navire qui tangue et qui tourbillonne pour quelque chose de plus « normal ». Il faut dire que pour battre au rythme du pouls du journalisme étudiant, il faut être franchement cinglé.

Cette année, au deuxième mandat en tant que chef de pupitre Arts et culture, j’appréhendais la redondance, mais le parcours fut à nouveau semé de surprises et d’embûches. J’ai branle-brassé Ottawa, grattant les strates pour y voir les fragments de la création artistique.

Ces découvertes se faisaient souvent au détour d’une discussion, par accident. Pour ma part, c’est cet art-intrus aux tentacules sournoises que j’ai préféré. Après tout, rien n’est plus beau que de savourer un classique par bouffée à travers une fenêtre ouverte par hasard. C’est quand cet art se borne à déclarer son importance, sa divinité chef-d’œuvresque en costume de soirée et foie gras que mes yeux roulent. Les boutiques de musée, pour leur part, sont des temples de la culture édulcorée, du terrorisme intellectuel décaféiné. Malheureusement, ce consensus de ce qui est beau, du précongelé, préapprouvé, rated G, réprime la moindre pulsion de l’imprévu, de la création fortuite et imparfaite.

La culture et le consensus, une histoire d’amour de pachydermes incestueux. L’appréciation générale est malheureusement trop souvent en accord avec la version dernier cri du rêve américain, du oui-ouisme à s’en casser le cou.

Pourtant, rien n’est intouchable, ni le journaliste, ni l’artiste. Allez-y, jetez la pomme de discorde et croquez dedans à belles dents.

Je salue donc ceux qui tracent des moustaches à la Joconde.

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