Inscrire un terme

Retour
Arts et culture

Compost-partum d’Éric Charlebois : Autobiographie d’images et de sentiments

27 octobre 2014

– Par Steeve Ferron –

Pour son huitième recueil de poésie, Éric Charlebois tisse une toile qui jette un nouveau regard sur son rapport à l’enfance.

Le titre, Compost-partum, mot-valise de « compost » et « post-partum », évoque autant le bouleversement, la perte de repères et la détérioration en déchets organiques, que la régénération, l’élément nutritif de la chose et le développement durable (à la fois corporel et émotionnel). Perdu dans le labyrinthe sinueux des allégories imagées du poète, le lecteur suit presqu’à l’aveuglette son fil d’Ariane : le rapport d’un homme à son enfance, à l’enfantement et aux enfants qu’il n’a jamais eus.

Avec un style si littéraire, on pourrait croire qu’Éric Charlebois s’adresse à un public particulièrement cultivé. Toutefois, le poète, virtuose des mots et des images, nous atteint par la présence importante de vers poignants. Par le biais de ces passages, il nous révèle la réalité d’un enfant qui regarde un homme en devenir, et d’un homme qui rêve d’être cet enfant.

La « narrative » commence avec le regard préréflexif d’un enfant. Pour lui : « une poupée de chiffon tenait lieu de rondelle de hockey ». Cependant, un jour survient l’adolescence, la prise de parole quand même habituelle d’un être en quête de soi. Cette forme de révolte d’adolescent se manifeste dans le recueil de Charlebois à travers plusieurs passages. « J’étais assis à table, en train de contrefaire ses pièces d’identité pour dessiner les miennes ». Néanmoins, la fougue du jeune homme en devenir s’attire les foudres parentales, comme si la vie testait sa ténacité à oser prendre sa place.

L’adolescent décide, malgré tout, de prendre sa place d’« homme » dans ce monde, le poussant ainsi à refouler des sentiments pour une certaine sensibilité humaine. La dissidence de l’adolescent se transformera donc en une certaine soif de liberté de l’homme qui, paradoxalement, une fois adulte, devient nostalgique de cette forme de « liberté » qu’il avait auparavant.

L’homme ose être ce qu’il veut. « Petit homme n’est pas devenu grand », nous raconte l’auteur, « le ressort en a assez de se comprimer ». Éric Charlebois nous aura bien fait comprendre, par son dernier recueil, que la peur de mourir, c’est la peur de tuer l’enfant. Mais malgré tout, « l’enfant est ».

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire