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Comprendre le phénomène de la procrastination

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25 février 2019

Illustration : Andrey Gosse 

Par Maeve Burbridge, journaliste

Le statut étudiant signifie dans la plupart des cas que l’on goûtera à la procrastination à un moment ou un autre durant notre parcours. S’il n’est pas réaliste de vouloir renoncer à 100% à la procrastination, apprendre à travailler avec la tendance vers l’évitement reste possible afin d’atténuer ses conséquences.

D’après une étude réalisée en 2011 par Antonio Pierro et des collègues de l’Université La Sapienza à Rome, ce qui motive notre désir d’éviter nos travaux dépend fortement de notre démarche quant à la réalisation de travaux scolaires. Les chercheurs ont identifié deux catégories de travailleurs : ceux à tendance locomotive, et ceux à tendance vers l’évaluation.

Tendance locomotive

D’une part, les travailleurs à tendance locomotive se caractérisent par le fait d’avoir relativement peu de difficulté à commencer leurs travaux au moment propice et à résister aux distractions. Si vous êtes un travailleur à tendance locomotive, votre motivation est davantage intrinsèque, autrement dit provient de l’intérieur, et relativement peu influencée par les attentes d’autrui. Toutefois, ce genre de travailleur tend à faire moins attention aux détails du travail. Il s’attelle à la tâche jusqu’à ce que le travail soit de qualité satisfaisante, mais ne fait souvent pas l’effort de parfaire son travail.

Tendance vers l’évaluation

D’autre part, les travailleurs qui tendent vers l’évaluation ont davantage de chances de se fixer un plan d’action avant de commencer leurs tâches. Si vous êtes très facilement distrait et que votre motivation est largement affectée par les attentes d’autrui, vous figurez peut-être dans cette catégorie. Ce genre de travailleur se distingue également par l’attention portée aux détails. Les travailleurs à tendance vers l’évaluation sont très susceptibles au perfectionnisme.

Il est à noter que selon l’étude de Pierro, la majorité des personnes ne présentent pas uniquement des caractéristiques d’un seul type de travailleur. La plupart du temps, un travailleur possède des caractéristiques des deux types. Au-delà du caractère individuel, l’approche que l’on prend pour aborder nos travaux peut également dépendre du sujet et du type de tâche à effectuer.

Procrastination classique

Si le travailleur de type locomotive vous ressemble le plus, votre procrastination est probablement issue d’un manque de motivation. Peut-être que le travail est difficile, ou que vous n’y voyez pas l’utilité. Dans ce cas, il s’agit de trouver une façon de commencer votre travail et de continuer jusqu’à la fin. Un article publié dans le journal Nurse Educator considère que la meilleure stratégie pour vaincre ce genre de procrastination est de diviser sa tâche en petites sections, les terminer une à la fois, et s’accorder une récompense après avoir terminé chaque sous-section.

L’article précise également l’inutilité de s’en vouloir pour avoir procrastiné après l’avoir fait. En effet, la procrastination est alimentée par des sentiments d’insatisfaction, de honte et de frustration envers soi-même. Si vous voulez déjouer la procrastination, soyez donc un ami envers vous-même. Remplacez ce discours de stress et de frustration par des mots encourageants. Focalisez-vous sur les aspects du travail dont vous êtes fier, récompensez-vous après avoir mis la main à la pâte et restez optimistes autant que possible !

Rôle du perfectionnisme

Si vous vous identifiez plus au travailleur à tendance vers l’évaluation, votre situation pourrait être plus compliquée. L’étude de Pierro constate que ce type de travailleur a tendance à éviter ses travaux en raison des attentes inatteignables qu’il a envers lui-même. Ainsi, en recevant une moins bonne note qu’il aurait espéré, le perfectionniste peut attribuer son mauvais rendement au fait qu’il ait procrastiné. Il se déresponsabilise en faisant en sorte que la note ne reflète pas son vrai potentiel.

Pour confronter ce genre de procrastination, un travail intérieur est nécessaire, d’après Jacques Bradwejn, professeur en psychiatrie à l’Université d’Ottawa : « Quand on est étudiant, on peut s’imposer certains standards. On se dit que ce qui est important pour nous, c’est d’avoir des A+. Cependant, des bonnes notes ne sont pas des valeurs, et on devient très déçu quand on ne les obtient pas ». Bradwejn suggère alors de travailler le plus possible à faire une distinction entre le bonheur personnel et la réussite scolaire.

Pour affronter sa peur de l’échec scolaire, il faudrait peut-être échouer un peu. Le professeur Bradwejn vous assure que « les études démontrent qu’on imagine toujours l’échec comme étant plus douloureux qu’il ne l’est vraiment ». Votre estime de soi sera davantage solidifiée à force de constater que l’échec scolaire n’équivaut pas l’échec personnel, et que la vie se poursuit après l’obtention d’une note indésirable.

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