Arts et culture
Par Myriam Bourdeau-Potvin
Culture culinaire
Breuvage réconfortant par excellence, le thé est précédé d’une tradition vieille de plus de 8 000 ans. Bien que la pratique cérémonieuse associée au thé japonais se soit un peu perdue en chemin vers l’Occident, il existe des choix excellents dans la région de la Capitale pour ceux qui chercheraient des produits de qualité tout en s’initiant à l’univers qui les entoure.
Faire la différence
Selon Daniel Tremblay, propriétaire du salon de thé Cha yi, « un thé commercial va être produit industriellement et son grade va être inférieur. Ce seront des récoltes d’été et d’automne, qui auront pour but d’être aromatisées. C’est comme ajouter du maquillage, on ajoute des arômes artificiels dans quelque chose d’insipide pour lui donner un goût. » Le thé traditionnel que l’on retrouve dans les établissements spécialisés est donc très différent de l’afternoon tea de nos cousins anglais. Ceux-ci ne nécessitent en effet ni lait ni sucre et dont seules les saveurs naturelles suffisent. « Le thé nature, ajoute Tremblay, a ses propres arômes. Il est tout seul et tout nu. Il doit donc s’assurer lui-même de sa qualité! »
Ji Li, propriétaire du House of Tea à Ottawa, tient le même discours : « Les thés aromatisés ne sont pas naturels. Un bon thé n’a pas besoin d’ajout des saveurs ou des morceaux de fruits. Chaque thé a naturellement une saveur, une texture et un caractère qui lui est propre. »
Ardu travail d’éducation
Un bon nombre d’informations se trouvent dans le nom donné aux thés. Comme l’explique Li, « au tout début, chaque conversation qu’on avait avec quelqu’un qui passait la porte durait une quinzaine de minutes. Lorsqu’ils regardaient le menu, on pouvait voir les points d’interrogation sur leurs visages. » C’est certain que, lorsqu’on tombe sur une panoplie de termes écrits dans une langue étrangère, il est facile de se laisser impressionner. « Les noms semblent étranges pour ceux qui ne sont pas initiés, mais ils veulent dire quelque chose. Nous ne traduisons pas les noms des thés par « Oolong du singe rose » ou « Rêve de Panda », puisque ça n’a absolument aucun sens », explique Li. « En Chine, par exemple, le nom du thé est donné selon sa région de production. Un Mei Tan Yun Wu, par exemple, vient de la région de Mei Tan et Yun Wu se traduit par nuage et brouillard, ce qui décrit l’élévation du jardin de thé. »
Un univers en constante évolution
Les propriétaires, tous deux oeuvrant dans la région depuis plus de cinq ans, notent que, pour faire découvrir les thés classiques, une rééducation est souvent nécessaire. Il faut oublier ce qu’on sait, vider sa tasse comme le dit l’adage. À l’image du vin, Tremblay note qu’« il y a plusieurs cultivars, donc différentes variétés botaniques. L’endroit où le thé pousse fait aussi une grande différence : sur le versant d’une montagne ou dans une vallée, le pH du sol, le climat, et ainsi de suite… Puis il y a aussi le choix du cultivateur, qui peut décider de prendre ce théier-là et d’en faire du thé vert, du thé noir, un oolong… c’est lui qui va faire la transformation finale. »
Tremblay se dit très optimiste quant à l’avenir du thé à Ottawa et apprécie l’intérêt que les gens portent aux traditions du thé. « Il y a eu beaucoup d’émissions de télévision et de livres qui sont sortis [dans les dernières années]. Mais le travail d’éducation se fait au jour le jour! C’est un monde qui grandit continuellement. »
Les suggestions du Cha Yi – 61, rue Eddy
Thé vert – Sencha Tenga (Japon)
Signifiant « l’élégance des cieux », ce thé printanier est le produit d’un processus attentionné d’assemblage. Des arômes de chocolat noir, d’amandes, de pain grillé et de mangue fraîche se côtoient merveilleusement pour créer un thé séduisant.
Oolong – Gabacha (Taiwan)
La haute concentration en molécule GABA de ce thé en fait un excellent choix pour tout.e.s les étudiant.e.s qui ressentent le besoin de détendre leur cerveau pour mieux résister au stress. Arômes réconfortantes de pomme cuites, de fruits secs, de caramel et de pâtisserie.
Thé noir – Xiao Zhong (Chine)
Un thé noir qui saura réchauffer votre corps transi par la tempête de neige. Des arômes de fleurs, de fève de cacao, de céréale grillé et une légère pointe de cuir se mélangent pour créer un thé gourmand.