Crédit visuel : Brendan Fernandes
Par Clémence Roy-Darisse – Cheffe de la section Arts et culture
Le vernissage Attaches│Cicatrices des artistes Claudia Gutierrez et Tafui prend l’affiche du 6 mars au 26 avril 2020 à la Galerie d’art d’Ottawa (GAO). En parallèle se déroulera l’exposition Rythmesthétique, création de plusieurs artistes internationaux, dont les artistes canadien.ne.s Paula Bath, Tiphaine Girault et Brendan Fernande, qui prend place du 12 mars au 27 septembre 2020.
L’exposition Attaches│Cicatrices implique des oeuvres minimalistes composées de gravures, de peintures, de tissages et de dessins, qui présentent les traces des cultures d’origine des deux artistes. Claudia Gutierrez est latino-canadienne et Tafui vient de Jamaïque.
Pour Gutierrez, l’inspiration provient de l’héritage et des techniques de textile de sa grand-mère ; Tafui s’est, de son côté, inspirée d’une variété de cultures, notamment des peuples précoloniaux de l’Afrique de l’Ouest.
L’exposition Rythmesthétique, quant à elle, est issue de la Corée du Sud et du Japon. Celle-ci est présentée par le Gyeonggi Museum of Modern Art, situé en Corée du Sud, en partenariat avec l’ambassade de la République de Corée au Canada et le Centre culturel coréen au Canada.
Cette version présente la création d’oeuvres grâce à la rythmanalyse, procédé cherchant à entendre les silences et les bruits ambiants des villes. L’exposition raconte les histoires invisibles qui constituent l’espace urbain.
Attaches│Cicatrices : au-delà des racines
La forme des oeuvres de Gutierrez et de Tafui intrigue. Véronique Couillard, responsable des relations médiatiques de la GAO, décrit que lorsque l’« on regarde les oeuvres de loin, on a l’impression de regarder une estampe. Puis, on s’approche et on voit de la broderie ». Le mélange des matériaux est au coeur de l’approche.
Pour l’artiste Gutierrez, Véronique rapporte que le textile « rappelait aussi […] les liens qui se sont créés, les chaînes entre elle et sa communauté ».
L’exposition, selon Couillard, souligne le mandat du GAO travaillant à « faire connaître des histoires communes, d’artistes qui sont peut être peu connu.e.s », ainsi qu’à « donner la voix à des gens qui [n’en] ont peut être pas eu traditionnellement [accès] ».
Attaches│Cicatrices est présentée dans la Galerie Annexe de la GAO, qui expose et vend les oeuvres d’artistes régionaux. Les profits sont séparés aux artistes et à la GAO : « c’est commercial mais ça retourne à la communauté », partage Couillard.
Rythmesthétique : oeuvres aux médiums multiples
Grâce à une performance créée et filmée, Paula Bath et Tiphaine Girault cherchent à rendre visible l’expérience d’immigrant.e.s au Canada issu.e.s de la communauté sourde. L’oeuvre témoigne ainsi de la place centrale du langage.
Une oeuvre de l’exposition, intitulée Tying par l’artiste Yong Ju Kwon, est une grande sculpture composée presque uniquement de fils textiles. Pour la commissaire en chef de la GAO, Catherine Sinclair, elle serait une pièce particulièrement marquante. Celle-ci rapporte l’expérience du travail dans une usine de textile en Thaïlande. « Sa mère a travaillé dans une usine de textile pendant 30 ans, ça [représente] cette expérience-là. […] C’est la voix d’une femme sur ce travail », explique la commissaire.
L’artiste canadien Brendan Fernandes, a créé un documentaire dont ses photos sont présentées, dans le cadre de cette exposition. Ce dernier porte sur le travail physique des femmes de ménage, souvent sous-estimé, et tente de rendre visible « les petites gestes qu’on ne voit pas […], les rythmes dans ceux-ci », décrit Sinclair.
L’exposition dans son ensemble interroge les rythmes particuliers et peu abordés de l’espace urbain.
La GAO offre ainsi deux parcours au coeur de la société actuelle. Les deux expositions sont accessibles gratuitement, tous les jours à la GAO, de 9 h à 21 h. Cependant, en raison du COVID-19, la Galerie demeure fermée jusqu’à nouvel ordre. La Rotonde vous tiendra au courant de l’évolution de la situation.