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Opinions

Débat – Postes Canada

20 janvier 2014

– Par Nicolas Gauvin –

Postes Canada : À quand la privatisation?

On a appris juste avant les Fêtes que Postes Canada arrêterait de faire sa livraison de courrier à domicile. La situation financière très précaire de la société d’État serait derrière ce brusque changement (déficit d’un milliard de dollars par année jusqu’en 2020, sans l’application de ces mesures, comme le mentionnait Marc-André Bonneau la semaine dernière) de même que le changement des habitudes des Canadiens. Les députés du NPD sont alors montés aux barricades déplorant cette mesure et s’exclamant que Postes Canada est un « service essentiel ». À entendre les députés du NPD, les services postaux canadiens seraient aussi essentiels que l’assurance maladie. Le NPD semble croire que la société d’État représente un service si essentiel, qu’il en oublie la situation très précaire. Dans une étude commandée auprès du Conference Board of Canada, on y apprend que la croissance du marché de la livraison de colis ne pourra pas palier les pertes encourues par la société d’État. On y apprend également que même une hausse des tarifs de 10 % par année laisserait un déficit de 600 millions de dollars. En Grande-Bretagne, les services postaux (la Royal Mail) étaient dans une situation similaire. Le gouvernement britannique a décidé de les privatiser. La Royal Mail possédait un capital humain et logistique immense. Cependant, étant une société d’État, elle n’avait pas la liberté nécessaire pour accumuler un capital financier suffisant sur le marché qui aurait pu la moderniser. En 2011, le gouvernement britannique décide de vendre 51 % de la société d’État. En procédant à une vente en deux temps, le gouvernement britannique s’assure que les actions restantes augmentent en valeur et puissent attirer des capitaux avant de les vendre. Dix pourcents des actions de la société d’État furent réservés aux employés. La population est également encouragée à acheter des actions. N’est-ce pas là un exemple à suivre? Pendant combien de temps les contribuables canadiens vont devoir faire les frais des déboires de Postes Canada? Avec une privatisation calquée sur celle de la Royal Mail, nos services postaux gagneraient en efficacité (augmentation de la productivité) tout en assainissant nos finances publiques. Les citoyens canadiens en tant que consommateurs et contribuables seraient alors bien servis. J’exhorte nos politiciens à prendre cette option en considération.

– Par David Beaudin Hyppia –

Bientôt, j’en ai bien peur…

Solution plausible que vous proposez ici, mais le problème reste quand même dans l’instant présent. Si Postes Canada vise à éliminer plus 8000 emplois par attrition, cela créé un grave problème, car dans la majorité des emplacements où la clientèle est rare, la population l’est tout autant, et donc les emplois aussi. Les emplois qui seront éliminés dans les régions éloignées des grands centres urbains seront difficilement remplaçables contrairement à ceux des grandes villes. Si plus de 15 000 personnes vont prendre leur retraire d’ici les cinq prochaines années, et que d’autres emplois seront nécessairement coupés, arriveront nous à voir des villages qui ne possèdent plus de bureau de poste? Deuxième problème, qu’arrivera-t-il alors dans les grands centres urbains? La livraison à domicile étant éliminée et remplacée par des boites de collecte communautaire, comme ça se fait dans certaines banlieues, cause un problème pour les handicapés. Les boites devront être facilement accessibles pour les chaises roulantes, même dans les vieux quartiers de la ville qui ne sont pas tous comparables aux belles rues droites des banlieues. Combien cela va coûter à Postes Canada, non seulement d’installer les boites, mais de s’assurer que tous les boites soient accessibles aux handicapés? Surement beaucoup d’argent, et comme la société n’a pas d’argent, ces installations seront certainement problématiques pour les handicapés. Vous parlez ici de la manière de régler le problème financier, et c’est peut-être la seule chose à faire à court terme pour sauver Postes Canada, mais cela ne réglera pas les problèmes de gestion qui ont certainement causé ces problèmes. Comme l’a dit notre rédacteur en chef dans la dernière édition, Postes Canada devrait diversifier ses effectifs pour pouvoir avoir plus de revenus et d’emprises dans divers services. Aussi serait-il possible de faire enquête à l’intérieur de Postes Canada pour voir si des emplois de hauts gestionnaires soient vraiment nécessaires, au lieu de couper les emplois des travailleurs canadiens, les vrais contribuables. Je ne suis pas contre votre idée de privatisation, mais j’ai bien peur qu’elle ne réglera pas les problèmes viscérales à une telle organisation.

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