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Décès à l’U d’O : le courriel de trop

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13 février 2020

Crédit visuel : Yasmine Hursault

Par Caroline Fabre – Rédactrice en chef et Yasmine Hursault – Cheffe de la section Actualités 

Le 10 février dernier, en début de soirée, les étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont reçu un nouveau courriel, annonçant le décès d’un membre de la communauté étudiante. Il s’agit du cinquième deuil auquel est confrontée la collectivité depuis le début de l’année 2019. 

Le lendemain, le président, vice-chancelier et recteur de l’Université, Jacques Frémont, s’est exprimé publiquement au pavillon des diplômé.e.s Alex-Trebek.

Devant la quinzaine de personnes ayant fait le déplacement, ce dernier s’est adonné à la lecture d’une déclaration écrite au préalable, avant d’octroyer aux participant.e.s une période de questions.

Il s’est également prononcé sur l’inquiétante disparition d’un étudiant, Jonathan Blanchette, activement recherché depuis jeudi dernier par la police de Gatineau.

Une déclaration controversée

Pendant cette déclaration, le vice-chancelier a réitéré ses condoléances à l’égard de la famille de la victime, de ses ami.e.s, et plus globalement, de ses proches. Il n’a pas souhaité s’exprimer davantage sur l’identité de la victime, ou sur les causes du décès, invoquant la vie privée des personnes concernées. 

Frémont a rappelé les services déjà proposés sur le campus, avant de parler de nouveautés. « Nous avons […] recruté six nouveaux conseillers en santé mentale afin de nous aider à éliminer les temps d’attente pour les étudiant.e.s ayant besoin d’appui psychologique, et un conseiller additionnel en matière de santé et de mieux-être pour répondre aux besoins des professeur.e.s et du personnel. Nous avons également ajouté des outils en ligne pour aider les étudiant.e.s et le personnel à composer avec l’anxiété et la dépression », a déclaré-t-il.

Le recteur a ensuite annoncé la création du nouveau Groupe de travail sur la santé mentale à l’U d’O et prié les étudiant.e.s de prendre soin de leur santé mentale, notamment durant la semaine de lecture qui arrive.  

Durant la période de questions qui a suivi l’allocution, plusieurs participant.e.s se sont exprimé.e.s, révélant leur inquiétude quant à la prise en charge de la santé mentale sur le campus.

Le recteur a répondu vouloir « établir des relations solides avec les hôpitaux, afin qu’il y ait un meilleur lien entre le système hospitalier, le système sanitaire et [le] système à l’Université ». Il précise que, lui et son équipe sont « là pour écouter. Beaucoup de gens sur le campus ont des idées, des solutions sur ce qui pourrait être fait ».

Une communauté inquiète 

Le mercredi 12 février, une manifestation dans le pavillon Tabaret a été organisée par des étudiant.e.s de l’U d’O, décidé.e.s à prouver leur mécontentement face au manque d’actions mises en place par l’Université. 

Cette situation n’est pas sans rappeler la création du groupe Collectif pour la santé mentale uOttawa, à la suite du quatrième suicide survenu en décembre 2019.

Une étudiante a d’abord tenté de déposer des pancartes devant le bureau du recteur, avant d’être interrompue par la sécurité. Plusieurs affiches mentionnant « le copié-collé est du plagiat » ou « le traitement avant la tragédie » ont été placardées sur les vitrines du hall du premier étage. Un groupe d’étudiant.e.s a pu s‘entretenir avec le recteur dans le courant de la matinée.

Une rencontre mitigée 

Le même jour, le recteur s’est exprimé auprès des étudiant.e.s dans la faculté des arts, au pavillon Simard. À l’entrée de l’édifice, se trouvent des autocollants avec les inscriptions « tu comptes » ou « prends soin de toi ». 

Lors de cette rencontre, à l’origine axée sur les nouveautés de ce début d’année à l’Université, comme Transformation 2030 ou le plan d’action de l’Université pour la décennie à venir. Plusieurs thèmes en lien avec la santé mentale tels que l’engagement du corps professoral, la pauvreté des étudiant.e.s, ou l’accessibilité aux services de santé mentale ont aussi été abordés. 

« Je pense qu’il y a plusieurs autres sujets qui sont importants d’être discutés, je ne m’attendais pas à ce qu’on parle de ça aujourd’hui », a partagé Frémont.

Jesse Hunt, étudiante en arts généraux ayant participé à la rencontre juge que la rencontre était nécessaire pour l’obtention de réponses. « Frémont semble simplement être déconnecté des problèmes, mais il essaie de prouver le contraire », déclare-t-elle.

Elle exprime le sentiment d’une administration corrompue qui semble se soucier plus de l’argent que du bien-être de ses étudiant.e.s. L’appui du Doyen de la faculté des Arts, Kevin Kee, au mouvement étudiant, et la volonté de plusieurs professeur.e.s de s’engager lui redonnent de l’espoir.   

Il reste maintenant à voir si les mesures mises en place le seront réellement et si elles seront efficaces. Une seconde manifestation pour la santé mentale est organisée demain, vendredi 14 février, de 9 h à midi, au pavillon Tabaret.

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