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Déclaration officielle de l’APTPUO

Rédaction
21 octobre 2020

Chers membres de la communauté de l’Université d’Ottawa,

La récente controverse impliquant l’une de nos membres à l’Université d’Ottawa l’a projetée au cœur d’une véritable tempête médiatique. En tant que syndicat, nous n’approuvons ni ne tolérons aucune forme de discrimination ou de racisme, que ce soit par des discours haineux ou encore des menaces de violence proférées contre quiconque.

Sans avoir le privilège de la permanence ni celle de la sécurité d’’emploi à l’Université d’Ottawa, notre membre est une professeure à temps partiel contractuelle. Malgré son statut précaire, elle est une alliée engagée dans la communauté BIPOC (Black, Indigenous and People of Color) dans la mesure où elle encourage les nombreuses initiatives de la communauté, et a participé, notamment, le mois dernier, à la Grève des universitaires pour la justice raciale au Canada. Elle est parfaitement consciente des conséquences de la misogynie, de la discrimination et de l’oppression au sein de l’Université d’Ottawa. Notre membre s’est d’ailleurs immédiatement
excusée pour tout préjudice qu’elle aurait pu causer lorsqu’elle a été contactée par l’un de ses étudiants, et, de manière proactive, elle s’est excusée auprès de toute la classe.

À travers le Canada, les femmes et les professeur.e.s d’université issu.e.s de communautés racialisées constituent la majorité de cette main-d’œuvre précaire et ils demeurent malheureusement sous-représentés dans les coulisses du pouvoir universitaire. Nous ne faisons pas partie de la majorité dominante comme nos membres ont été décrits dans certains médias sociaux récemment; nous sommes sous-payés, surchargés de travail et dépourvus de ressources, tant ici à l’Université d’Ottawa qu’ailleurs dans d’autres institutions.

Notre statut fait l’objet d’une marginalisation et d’une exclusion au sein de l’Université d’Ottawa, et ce, de diverses manières, tant directes que subtiles. Alors que le recteur faisait sa déclaration au Sénat lundi, aucun.e professeur.e à temps partiel sous contrat fixe n’y était, car nous n’y sommes pas représentés. Bien que nous enseignons à plus de la moitié des étudiant.e.s de l’Université d’Ottawa, l’administration centrale de l’institution continue à nous exclure de sa plus haute sphère de gouvernance collégiale.

Nous sommes très inquiets du message que le recteur a livré au Sénat lundi, ainsi qu’à tous les employés de l’Université d’Ottawa par courriel. S’il reconnaît l’importance de la liberté académique, il envoie du même souffle un message sans équivoque à ses professeur.e.s, soit qu’ils/elles sont complètement livré.e.s à eux-mêmes pour faire face à la colère publique et au procès des médias sociaux en lien avec leur enseignement et leurs travaux de recherches au sein de l’Université d’Ottawa.

Dans le cas de notre membre et collègue visée par la présente controverse, l’administration centrale de l’Université n’a pas réagi lorsque ses coordonnées personnelles, y compris son adresse et son numéro de téléphone, ont été diffusés et partagées sur la plateforme Twitter par un étudiant. L’administration a immédiatement pris position par le biais d’un gazouillis (tweet) alléguant le racisme et, par la suite, d’une décision de suspension sans enquête préalable sur le contexte et l’intention de ce qui a été dit en classe. Cette action a stigmatisé notre collègue comme une personne raciste.

Nous sommes également profondément préoccupés par le fait que la déclaration du recteur encourage l’autocensure et compromet l’exercice déjà fragile de la liberté académique pour nos membres qui ont un statut d’emploi précaire. Les universités sont des endroits où, au cours des siècles, les universitaires se sont battus pour être à l’abri de l’ingérence religieuse, de l’ingérence de l’État, de l’ingérence des entreprises et de l’ingérence de la direction dans l’exercice de leurs recherches, de leur enseignement et de leur service à la communauté. Cela contredit même la politique 121 de l’Université d’Ottawa :

« En tant qu’établissement autonome régi par les principes de la gouvernance collégiale, l’Université reconnaît que sa valeur la plus fondamentale est celle de la liberté académique. Elle prise et protège la liberté d’enquête et la liberté d’expression sous toutes ses formes ; elle refuse donc de s’interposer entre la communauté et les vues jugées controversées ou répréhensibles, et ne permet aucune répression de la libre expression de la gamme complète de la pensée humaine, à l’intérieur des limites imposées à l’Université par la loi du Canada et de l’Ontario. »

Nous devrons faire face aux problèmes de discrimination, de représentation, de diversité et d’inclusion, et nous espérons que l’Université d’Ottawa demeurera un endroit propice pour le faire. Nous espérons que nous serons soutenus par notre institution et non pas abandonnés par elle. Il est temps de considérer les implications étendues de ce qui se passe actuellement au sein de la communauté universitaire, et même au-delà d’elle, afin de progresser collectivement et d’en faire un lieu de travail et d’études meilleur et plus équitable.

Association des professeur.e.s à temps partiel de l’Université d’Ottawa

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