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Arts et culture

Découvrir le rap alternatif avec Squerl Noir

Marie-Ève Duguay
7 novembre 2021

Crédit visuel : Courtoisie – Sylvain Sabatié  

Entrevue réalisée par Marie-Ève Duguay – Cheffe de pupitre Arts et culture

Squerl Noir, rappeur et compositeur qui oeuvre à Ottawa, a lancé le 22 octobre dernier son nouveau morceau Irrationnels. Il se confie aujourd’hui sur son parcours, sa démarche artistique et son style percutant.

La Rotonde (LR) : Comment avez-vous commencé votre carrière musicale ?

Squerl Noir (SN) : J’ai toujours été connecté au monde de la musique, on m’a d’ailleurs mis une guitare entre les mains assez tôt lors de mon enfance. Je suis autodidacte, donc je n’ai jamais pris de cours pour apprendre à jouer.

Plus tard, je me suis spécialisé en musique au secondaire et j’ai ensuite étudié dans le domaine à l’université, où j’ai également été dans un groupe de musique. Une fois mon groupe séparé, il était naturel pour moi de poursuivre une carrière solo. J’ai donc commencé il y a environ quatre ans. J’évolue dans une scène à la base hip-hop, et je commence tout juste à sortir un peu de ce style pour me diriger vers le milieu de la chanson.

LR : D’où vient votre nom de scène ?

SN : Je suis originaire de la France, et je viens récemment d’être officiellement adopté par le Canada. Mon nom de scène vient d’Ottawa, puisque c’est ici qu’est né mon projet actuel. J’avais d’autres projets avant, mais en immigrant ici, je me suis dit que c’était le moment de repartir à zéro et donc de faire un projet musical qui me ressemblait davantage.

Plusieurs gens m’identifient comme un écureuil : j’ai un tempérament très énergétique et actif, d’où vient la première partie du nom. « Squerl » provient du terme « squirrel » en anglais, mais écrit en argot pour que les francophones de la France puissent le prononcer correctement. On m’a aussi dit qu’il y avait beaucoup d’écureuils noirs à Ottawa. Je voulais que le projet s’identifie à ma ville d’adoption et donc j’ai choisi Squerl Noir comme nom.

LR : D’où est venue l’inspiration derrière votre nouvelle chanson Irrationnels ?

SN : Cela a été un gros défi de lancer cette chanson. Au début, j’adoptais un style qui se rapprochait plus du rap. J’avais également fait d’anciens projets un peu plus pop. Je cherchais à marier le rap et la musique pop, et cela a donné un genre de style indie pop.

Pendant la pandémie, c’était difficile pour plusieurs artistes qui se retrouvaient chez eux.elles et qui perdaient leurs spectacles. Moi, j’étais pris dans mon travail et j’avais envie de plein d’autres choses sauf de faire de la musique. Irrationnels parle donc de vulnérabilité ; c’est un sujet dont je ne parlais pas beaucoup dans mes anciens projets et dont on ne parle pas beaucoup dans le rap en général, d’ailleurs. J’avais envie d’être vulnérable et je voulais casser l’image que nous avons souvent du ou de la rappeur.euse fort.e ; nous avons le droit d’être plus doux.ce, plus sensible. Pour moi, c’était un virage naturel d’aller vers une chanson plus posée.

La pandémie a été une façon pour moi de me remarier avec ma créativité, de retrouver le goût de créer. Irrationnels représente un renouveau dans mon projet ; la chanson marque la fin de cette ère de pandémie qui a été difficile pour moi en tant qu’artiste. C’est un virage de sonorité, et je suis très content de la réception du public.

LR : Quelle partie de votre travail préférez-vous ? 

SN : Je dirais que le moment le plus excitant est lorsque j’envoie un morceau à la personne qui va le mixer, et que je reçois ensuite la première ébauche finale. C’est un moment fou : je redécouvre, avec du recul, quelque chose que j’ai fait moi-même. Le dévoilement de mon travail et lorsque je reçois les premières réactions sont aussi des moments très récompensants. 

Je retourne également sur scène cette semaine. C’est certain que faire de la musique pour soi-même, dans sa chambre, est intéressant. Cependant, le fait de partager sa musique en direct et avoir de l’énergie sur scène, c’est ce que je préfère.

LR : Que souhaitez-vous transmettre à votre public par vos chansons ?

SN : Faire du hip-hop ou du rap, pour moi, c’était dans le but de mettre du contenu dans mes paroles. En 2019, j’ai sorti un morceau qui parlait des changements, surtout au niveau de l’immigration, au niveau climatique et concernant la société en général.

Il y aura toujours une trace de ces thèmes dans mes chansons. C’est un message qui montre que j’observe et que je fais attention à ce qui m’entoure. Irrationnels dit que la vie est belle. Oui, la vie est belle, mais il faut quand même faire attention, surtout en ce moment, aux changements qui se développent. J’ai envie de montrer qu’il existe encore de la bienveillance à la fois pour les gens et pour l’environnement.

Je veux en parler dans ma musique, mais sans que ce soit trop lourd. Je ne suis pas là non plus pour matraquer le message du bon sens ; je veux simplement souligner l’importance d’être bienveillant.e.

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