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Des centaines de manifestant.e.s à Ottawa pour la Marche pour le climat

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30 septembre 2021

Crédit visuel : Dereck Bassa – Photographe

Un article rédigé par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

« Agissons maintenant », « Le climat avant le profit », ou encore « Il n’y a pas de planète B » étaient quelques-uns des nombreux slogans trouvables sur les pancartes des manifestant.e.s du 24 septembre dernier. Deux ans après la manifestation de 2019 où 25 000 personnes avaient défilé dans les rues d’Ottawa et Gatineau, le mouvement Fridays for Future était de retour ce vendredi dans la capitale nationale.

C’était la plus grande mobilisation mondiale pour le climat depuis 2019. Après une pause de deux ans en raison de la crise sanitaire, le mouvement Fridays for Future, lancé par la militante suédoise Greta Thunberg en 2018, a de nouveau appelé à manifester pour la planète.

Armé.e.s de pancartes et de leurs masques, des centaines de manifestant.e.s se sont rendu.e.s au Parc de la confédération, où la marche a commencé aux alentours de midi. Elle s’est achevée quelques heures plus tard près du bureau du Premier ministre Justin Trudeau, dans le centre-ville d’Ottawa.

Même si les marcheur.se.s étaient moins nombreux.ses qu’en 2019, pour Clara, une jeune étudiante engagée présente à la marche : « La pandémie nous a empêché de nous rassembler pour manifester, mais le militantisme écologique est toujours aussi vif ».

La maison est en feu

C’est le rapport de l’ONU à propos du réchauffement climatique qui a fait venir Emilie Goudreau, qui déclare avoir pris conscience que son action à la maison n’était plus assez. Coralie Barrette pense aussi qu’il est primordial de se mobiliser collectivement pour demander des changements, face à un gouvernement qu’elle juge n’agir que très peu pour protéger l’environnement et les générations futures.

Beaucoup de jeunes étaient présent.e.s, mais aussi des personnes de toutes les générations, dont des mères et leurs enfants. C’est le cas d’Alexie Lalonde, qui s’est rendue à la marche avec ses deux enfants. Elle s’inquiète pour leur avenir et veut leur transmettre l’importance de la lutte contre le changement climatique. « On fait des petits gestes chez nous, à notre échelle, mais il faut maintenant de grands gestes, pour assurer de grands changements », a-t-elle affirmé.

Marie-Eve Verret souhaite elle aussi montrer un bon exemple à ses enfants. Le groupe qu’elle a créé, Mères au Front Outaouais, est un regroupement de mères et de grand-mères qui veulent prendre la rue pour assurer un futur sain et vert pour leurs enfants.

Pour Marie-Laure Collet, militante d’Extinction Rebellion Ottawa, manifester pour le climat permet de montrer au gouvernement et aux citoyen.ne.s que le monde est en crise, que « notre maison est en feu et [que] si nous ne faisons rien, nous allons à notre perte ».

Peu d’espoirs de changement face aux élections

Les manifestant.e.s interrogé.e.s montraient peu d’enthousiasme et d’attente face aux élections du 20 septembre dernier. Selon Barrette, ces élections ont été une perte de temps et d’argent : « C’est 612 millions de dollars qu’on aurait pu investir ailleurs, notamment pour le climat et l’accès à l’eau potable pour les peuples autochtones ».

Elle espère que Justin Trudeau ne se contentera pas durant son second mandat de prononcer de belles paroles mais mettra également en place des actions concrètes. Parmi les manifestant.e.s, un homme abordait d’ailleurs une tête en papier mâché caricaturant Justin Trudeau traînant un pipeline, en référence au projet d’extension du pipeline Trans Mountain.

Clara pense que le premier ministre canadien devrait annuler ce projet de pipeline et tenir compte des peuples autochtones qui sont affectés par la crise climatique. Selon l’étudiante, il faudrait réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES), sortir des énergies fossiles, protéger la faune et la flore, atteindre la carboneutralité et s’engager dans un processus de décroissance. Bref, résume-t-elle, « il faut agir selon ce que préconisent les scientifiques et les expert.e.s ».

Verret ajoute qu’il est important d’agir dès maintenant, et non de prévoir des mesures avec des échéances dans 20, 30 ou 50 ans. Elle souhaite que le gouvernement prenne des mesures plus ambitieuses et plus rapides.

Lalonde et Goudreau s’accordent pour soutenir que les élections se sont accompagnées de belles promesses mais qu’elles n’ont pas grand espoir de les voir se réaliser. « Plus n’est dit que fait » (more is said than done) pouvait-on lire sur l’un des nombreux panneaux. « Je pense que les libéraux sont très forts dans la parole et moins forts dans leurs gestes », affirme Lalonde. Cette manifestation permet ainsi pour Goudreau de rappeler les revendications et les attentes de la population, d’enjoindre les politicien.ne.s à respecter leurs promesses.

Ecoanxiété et perte d’espoir

Beaucoup de jeunes craignent pour leur futur et vivent de l’écoanxiété par rapport au changement climatique, rappelle Clara. Comment alors éviter de déprimer, de tomber dans le fatalisme ? Y a-t-il encore de l’espoir ?

L’éco-anxiété a particulièrement pesé sur le moral pendant le confinement, raconte Clara : « J’ai peur pour moi, pour ma famille, pour mes ami.e.s, pour mes futur.e.s enfants. Je ne sais même plus si je veux des enfants, si c’est pour qu’ils.elles vivent dans ce monde dystopique ». Selon une récente étude, 39% des jeunes hésiteraient en effet à avoir des enfants à cause du changement climatique. Clara continue en affirmant que la marche aide avec cette anxiété liée au changement climatique, en permettant d’être entourée de personnes qui se préoccupent aussi de ces enjeux.

Clara a particulièrement été alarmée par la sortie du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) le mois dernier et les événements de cet été (feux de forêt, inondations, tornades… etc), qui sont pour elle intrinsèquement liés au changement climatique.

Convergence des luttes

Savard affirme qu’il faut allier le changement climatique à d’autres enjeux de justice sociale comme le féminisme ou la lutte contre la pauvreté, les personnes les plus pauvres étant selon elle les plus touchées par le changement climatique.

Mais c’est surtout avec la lutte anti-capitaliste qu’il faudrait pour Savard associer la lutte climatique : « On ne pourra pas continuer à survivre sur la planète si le principal moteur de fonctionnement reste la recherche de profit ». Collet pense également que le problème principal est le capitalisme et l’obsession pour la croissance qui en découle. Elle affirme que notre démocratie s’est transformée en ploutocratie, c’est-à-dire en un monde dirigé par l’argent, les riches et les grosses compagnies, auxquels le gouvernement est soumis.

Pour Savard, l’intérêt principal des mouvements politiques comme celui-ci est de rappeler l’importance du groupe, face au néolibéralisme qui insiste sur les petits changements individuels sans remettre en question le système. Fondamentalement, le problème est selon elle systémique, et c’est donc contre le système dans son ensemble qu’il faut se battre.

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