
Des réformes majeures et des débats animés à l’assemblée générale d’automne 2025 du SÉUO
Crédit visuel : Jurgen Hoth – Photojournaliste
Article rédigé par Michelet Joseph — Chef du pupitre Actualités
L’assemblée générale d’automne (AGA) du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) s’est tenue le dimanche 30 novembre dans l’auditorium des diplômé.e.s au centre universitaire Jock Turcot. Une centaine de membres, dans un format hybride, s’est réunie afin de voter sur une série de réformes, de résolutions politiques et de débattre de points importants comme le contrat avec Bounce. Entre les procédures de ratification, les engagements militants et les discussions animées autour de ce contrat controversé, l’AGA a offert un aperçu rare de la vitalité démocratique au sein de la communauté étudiante.
Par un appel à l’ordre vers 10h30, Maya Sinclair, Présidente du Conseil d’administration, a ouvert l’assemblée.La séance a débuté par une reconnaissance du territoire. Une fois l’ordre du jour et les procès-verbaux approuvés, les membres de l’exécutif ont présenté leurs rapports d’activité.
Une motion pour faciliter l’inclusion
D’emblée, avant la mise à jour du comité exécutif, Ethan Ronaldo Dolcino, membre du club MisAmigos, un club pour étudiant.e.s en situation de handicap, a proposé une motion visant à donner priorité d’accès au micro aux personnes en situation de handicap. Cette motion visait la réduction des obstacles liés aux files d’attente et à la fatigue.
Au cours du débat, deux amendements ont été ajoutés : l’un limitant le nombre d’interventions pour préserver l’équité, l’autre clarifiant une vérification non punitive de la condition de handicap par la présidence. La motion, ainsi renforcée, a été adoptée par 52 voix contre 48.
Un exécutif militant et une année marquée par l’activisme
Les rapports des dirigeant.e.s ont dépeint un syndicat en ébullition. Plusieurs commissaires ont mis en évidence une année marquée par l’engagement politique, la révision des procédures internes et une plus grande implication auprès des communautés marginalisées.
Sous la direction de Jack Coen, la présidence s’est concentrée sur la solidification de l’administration : révision de politiques internes, renforcement des liens avec l’Université, relance de services tels que les « Marches sécuritaires », et l’amélioration de l’accès à l’impression gratuite, entre autres. La commissaire aux opérations, Elnaz Enayatpour, de son côté, a également mis l’accent sur la stabilité organisationnelle en relançant le comité des finances et en instaurant un nouveau système de publication bilingue des politiques.
La commissaire à la revendication, Alex Stratas, a mis l’accent sur l’intensification des campagnes pour défendre les droits étudiants, en particulier en ce qui concerne la justice sociale, l’équité et le changement climatique. Le SÉUO a dirigé l’une de ses initiatives politiques les plus ambitieuses, envoyant plus de 11 200 courriels à des élus provinciaux, un record pour le SÉUO.
Sur le plan linguistique, la commissaire à la francophonie, Ève Tremblay, a remarqué une augmentation significative de la participation aux initiatives francophones, incluant la série « Espresso-toi en français », qui est maintenant un rendez-vous hebdomadaire incontournable avec plus de 650 membres. Emilia Bah, quant à elle, a dirigé la refonte des clubs et une Semaine 101 particulièrement animée. Enfin, la commissaire aux communications, Kaitlin Ma, a supervisé une expansion fulgurante de la présence numérique du syndicat, qui a atteint un million de vues durant la période des Fêtes.
Réformes structurelles : plusieurs amendements adoptés
Les membres ont approuvé la ratification des résultats des élections partielles de 2025, y compris la confirmation de Kim Mantha au poste de directrice des étudiant.e.s autochtones. Deux amendements constitutionnels importants, soit les articles 14.4.6 et 6.4.2, ont également été adoptés, renforçant la structure décisionnelle du syndicat. Une motion a été adoptée pour rétablir l’accès public aux amendements constitutionnels..
Deux motions proposées par l’étudiant Luca Piomelli ont été approuvées à une écrasante majorité. La première exprime l’opposition du SÉUO au projet de loi 33, jugé préjudiciable aux droits des étudiant.e.s. La seconde demande le lancement d’une campagne publique pour un accès équitable à l’éducation, réaffirmant l’engagement du Syndicat à défendre un enseignement postsecondaire juste et abordable.
Motion D : un débat houleux autour du contrat Bounce
Le moment le plus polarisant de l’Assemblée a été la discussion de la Motion D, portant sur un contrat pluriannuel avec l’organisme Bounce. Cette motion a été introduite pour débat à l’AGA sous l’ordre de la Cour, dans le cadre d’un litige opposant l’étudiant Daniel Thorp au SÉUO.
Thorp, auteur de la motion, a soulevé des inquiétudes concernant la longueur de l’entente ainsi que la possibilité pour le syndicat d’y mettre fin. « Le Syndicat a essayé d’éviter cette discussion », a-t-il déclaré, évoquant un manque de transparence.
À l’inverse, Elnaz Enayatpour a défendu le contrat, rappelant que la signature d’accords pluriannuels constitue une pratique standard dans la plupart des organisations. Une porte-parole du LEAF (Women’s Legal Education and Action Fund) a toutefois mis en garde contre un possible conflit entre le contrat et les principes de lutte contre la violence fondée sur le genre, et a demandé sa réévaluation. Après un débat animé, la proposition a été rejetée : 49 votes pour, 56 contre, 11 abstentions.
Enjeux linguistiques et respect du bilinguisme : un moment crucial
Par ailleurs, la Motion E, proposé par Ethan Ronaldo Dolcin, visant à permettre aux fondateur.rice.s de clubs de rester en poste sans élection durant leur première année, afin d’assurer la stabilité initiale du leadership, tout en encadrant cette exception par des limites et un mécanisme de révocation par les membres. Elle a été annulée lorsque Quanah Traviss a proposé et obtenu un report indéfini, adopté à 76 voix contre 14, avec 17 abstentions.
La Motion F, la dernière de cet AGA, concernait les exigences linguistiques pour les membres exécutifs intérimaires. Elle a été adoptée à 62 voix et renforce les critères de bilinguisme au sein du SÉUO, un sujet soulevant des enjeux récurrents à l’Université d’Ottawa.
À l’issue de cette longue journée, les membres présent.e.s dans la salle, le comité exécutif, le conseil présidant l’assemblée, entre autres, se sont ovationné.e.s lorsque Maya Sinclair a officiellement prononcé la fin de l’AGA 2025. L’horloge affichait 19h15.
