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Opinions

Des services adaptés…. mésadaptés!

Web-Rotonde
25 février 2013

– Par David Buetti, assistant de cours et étudiant à la maîtrise en service social – 

Je vous écris pour vous faire part d’un phénomène qui, selon moi, est préoccupant au sein de notre université. En effet, je suis nouvellement bénévole au Centre des étudiants ayant un handicap et j’ai été très choqué d’apprendre la présence de critères d’admissibilité rigides incluant la nécessité d’avoir un diagnostic médical pour se prévaloir de certains services du Service d’appui au succès scolaire (SASS). En ce sens, l’étudiant-e qui a de la difficulté à être attentif de façon soutenue en classe, à prendre des notes efficacement ou qui nécessite plus de temps pour compléter ses examens doit faire une demande au SASS qui exige habituellement la présence d’un diagnostic médical (quelque chose s’apparentant au déficit de l’attention probablement) pour se prévaloir de services adaptés. En plus de blâmer l’individu quant à ses difficultés d’apprentissage, le diagnostic requis pour les services de soutien de l’Université encourage la prise de médication et responsabilise l’étudiant-e quant à sa situation de difficulté.

Or, pourquoi est-ce nécessairement à l’étudiant-e de se conformer au cadre universitaire et non l’inverse? L’Université d’Ottawa fait-elle vraiment son maximum pour faciliter la tâche des étudiants dans leur apprentissage? Il semble primordial pour notre institution de se remettre en question et de mettre en place un système d’éducation qui donnera à tous et toutes une opportunité égale de s’accomplir et s’actualiser dans le monde universitaire. Au lieu de répondre uniquement aux besoins des personnes ayant des difficultés d’apprentissage, il est de mise de se questionner collectivement à des méthodes pédagogiques qui favoriseront l’inclusion sociale de l’ensemble des étudiants. En ce sens, il semble pertinent pour les professeurs et les facultés de se pencher sur leur méthode pédagogique et d’évaluation.

Pourquoi certains professeurs refusent-ils toujours de fournir les PowerPoints aux étudiants sachant que certains d’entre eux ont de la difficulté à prendre des notes efficacement? Pourquoi certains enseignants n’utilisent-ils que des examens à formule d’apprentissage de type « par cœur » au lieu de favoriser l’utilisation d’une diversité de méthodes d’évaluation tels les exposés oraux, les examens maison, etc.? Pourquoi certains pédagogues s’obstinent-ils à utiliser une terminologie complexe sachant que cela cause pour certains des difficultés de compréhension? Certes, mon objectif n’est pas que de pointer du doigt les professeurs dans cette situation: je suis bien conscient qu’ils font souvent face à des classes surpeuplées ou qu’ils ont eux-mêmes plusieurs tâches à compléter. Nonobstant, l’Université se doit de faire en sorte de favoriser un climat qui donnera aux professeurs et étudiants le pouvoir d’offrir et de recevoir un accès égal à l’éducation.

Trop souvent blâmé à tort de ses difficultés d’apprentissage par le biais de la médicalisation à outrance et de la responsabilisation de l’étudiant-e à se procurer du soutien psychosocial, il me paraît évident que cette problématique complexe et multifactorielle dépasse largement l’accessibilité à des services adaptés. À ce propos, j’encourage fortement le corps professoral et les facultés à se pencher sur cette dernière afin de répondre plus adéquatement aux défis et aux réalités de certains étudiant-es.

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