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Éditorial

Dessine-moi un oiseau

Web-Rotonde
26 mars 2012

Éditorial

Anaïs Elboujdaïni | Rédactrice en chef
@anais_azzaro

Ah, la fin de l’année scolaire, où les feuilles qui renaissent donnent à tous les comptes Facebook des couleurs de coups de soleil, de paysages enneigés pour comparer la température actuelle à celle de l’année dernière. Le temps où certains cours migrent des quatre murs d’un building en béton vers l’herbe éparse et jeune, histoire de profiter du soleil et de taquiner la marmotte.

Les jupes courtes, les micro-shorts dans une température de Micronésie emballent l’atmosphère.

Il y a aussi la Tour des Sciences sociales qui attend un nom, branding du savoir. Et les petits mots d’anglais qui courent partout dans nos textes, dans nos paroles, oui-oui, d’expressions en expressions on voit la francophonie filer comme une bière du Nostalgica entre deux rires. Tu ris de savoir que les frais hausseront bientôt…

Parlant de Nostalgica, qui sera mis K-O dès le début avril, parlant aussi de la Tour des Sciences sociales en pleine érection, il s’agit maintenant de se poser la question de l’espace étudiant. « La question qui tue ». Des professeurs ont dénoncé cette semaine, par le biais d’un appui au « Printemps érable » québécois contre la hausse des frais de scolarité, la marchandisation du savoir universitaire en réfléchissant aussi à celle de l’espace.

À l’U d’O, le Café Nostalgica était un des seuls poumons où respirer était possible. Vous savez, où prendre un sandwich pour discuter, pour brasser des idées, pour même contempler des expositions mensuelles issues du talent de la communauté permettait de tisser un sentiment d’appartenance. L’Amazonie déraciner, la faune universitaire devra penser ailleurs. Mais où exactement? Car ailleurs, c’est la jungle de béton armé et d’espaces claustrophobisants. C’est la jungle où il faut payer pour réserver un local, où l’on s’entasse un peu partout, porcs à l’abattoir. Où la bibliothèque se transforme en discothèque faute d’endroit où socialiser.

En plus d’avoir été un lieu de brassage d’idée, le Nostalge, comme certains le surnomment, prêtait ses planches aux artistes émergents. Montrez-moi désormais où accueillir le talent local. Les futurs Soul Jazz Orchestra et Marabou de cette ville devront-ils débourser un montant pour monter sur scène ici? Ou bien le fardeau retombera-t-il sur les étudiants, à coup de 5$ à la porte?

Toute la communauté étudiante doit se rendre à l’évidence : malgré la construction de bâtiments, il manque cruellement d’espaces où innover et se rassembler pour faire d’aujourd’hui quelque chose de meilleur.

Amenez-moi des Second Cup parmi Kant, Mendel et Aristophane, mais de grâce, étudiants et enseignants! Ayez la pudeur de ne pas vouloir vous assembler pour réfléchir! Ayez la décence de payer les locaux qui vous appartiennent, sans poser de questions! Voilà bien le discours d’un centre-commercial…

Aujourd’hui, il est grand temps de demander à être consulté pour que chaque nouveau bâtiment érigé sur nos terres contienne des espaces de rassemblement, des lieux où échanger, où manifester.

Car la vie, plus elle se trouve réprimée, plus elle trouve la brèche, le lieu où jaillir. Et quand 40 000 cerveaux décident de jaillir, vaut mieux qu’il trouve la place où le faire!

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