Crédit visuel; Andrey Gosse – Directeur artistique
Par Mathilde Schöpfel – C0-cheffe web
Je n’ai rien acheté ce vendredi 29 novembre 2019. Non pas parce que le désir de consommer manquait, mais plutôt par choix éthique. Cette année, j’ai décidé de boycotter Black Friday.
Nous avons tout.e.s déjà vu sur YouTube les vidéos de Black Friday digne de films post-apocalyptiques, des hordes de consommateurs se ruant sur des produits.
La télévision toujours plus grande. Le téléphone intelligent qui, en temps normal, coûte un mois de salaire. Le chandail que l’on portera cinq fois avant de le délaisser au fond du placard : tout y passe.
Pourtant, ces scènes se font de plus en plus rares. Pourquoi se déplacer si l’on peut, en deux ou trois clics et depuis chez soi, devenir l’heureux propriétaire d’un énième bien matériel ? Pourquoi encourir le risque de se battre avec un.e autre client.e si l’on peut faire ses achats de cadeaux pour les fêtes de fin d’année en toute tranquillité ?
Black Friday n’est donc plus celui que l’on connaissait : ce n’est plus uniquement les foules de client.e.s affluant dans les grands magasins de l’aube au crépuscule.
Black Friday, c’est également les achats en ligne, en augmentation exponentielle ces dernières années, et tout particulièrement en cette journée bien spéciale
Pourquoi est-ce si mal ? En parlant à certain.e.s de mes ami.e.s étudiant.e.s, nombreux sont ceux pour qui c’est la seule journée où ils peuvent enfin acheter ce qu’ils n’ont pas pu le restant de l’année, à cause des prix élevés.
Est-ce immoral d’être un.e étudiant.e en situation financière précaire ? Dit comme ça, être contre Black Friday peut sembler digne d’un discours classiste, refusant à certain.e.s le droit de consommer le seul jour où ils le peuvent. .
La consommation, plus que le magasinage
Black Friday est bien plus que la responsabilité du consommateur. Black Friday est bien plus qu’une décision individuelle d’aller ou non magasiner. Black Friday est le symptôme d’une société aliénante, centrée autour du profit, dont la liberté de chaque individu la constituant dépend de sa consommation. Pour être libre, il faut consommer sans modération.
Bon là, j’imagine les sourcils se lever sur vos visages derrière vos écrans en pensant tout haut : « ah, encore une gauchiste qui tente de nous faire culpabiliser sur notre consommation. Elle tente de refaire le monde dans un texte de 3000 caractères ». En réalité, vous n’avez peut-être pas totalement tort, mais je pense qu’il est toujours important de repenser l’idéologie de l’hyperconsommation, surtout lorsque les fêtes de fin d’année approchent à grands pas.
Ce que nous consommons n’est pas des biens, ce sont des symboles nous conférant une valeur sociale.
Dès lors, il faut se poser certaines questions lors de nos achats; « Ai-je réellement besoin de ça ? » ou bien « pourquoi est-ce que j’ai envie de faire cet achat ? » ou encore « y a-t-il un moyen plus écologique d’acquérir ce bien ? ».
Tout en gardant à l’esprit que la surconsommation est un désastre écologique, laissez-moi, si vous le voulez bien, vous guider dans l’art d’être sensible à la question environnementale, lors de vos achats, que ce soit pour vous ou pour vos proches.
1) Achetez local. Vous seriez surpris à quel point il est possible de dénicher des merveilles auprès de commerçant.e.s locaux.
2) Achetez d’occasion : au Village des valeurs, l’Armée du salut ou toute autre friperie, sans oublier vos ami.e.s ou encore la Gratuiterie de l’Université d’Ottawa !
3) Achetez moins. Pensez aux questions ci-dessus ; peut-être guideront-elles vos achats ? Tout du moins, votre porte-monnaie vous remerciera.
4) Valorisez la réparation d’un bien plutôt que son remplacement, lorsque celui-ci est brisé.
5) Vous pouvez aussi laisser parler votre créativité. Vos parents seront sûrement touchés de recevoir un collier fait de pâtes pour Noël.
6) Offrez à vos proches une expérience plutôt qu’un bien matériel. Invitez vos proches au restaurant, emmenez-les au cinéma, au musée ou à une partie de hockey.
7) Éduquez-vous sur la provenance d’un produit, de son impact écologique, de sa durabilité.
8) Soyez conscient des mouvements sociaux se déroulant près de chez vous ! Je suis, par exemple, allée à la manifestation contre Black Friday, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres ! Il est important de délaisser l’idéologie selon laquelle c’est l’individu qui a réellement un impact sur le système et comprendre que c’est en réalité un mélange d’actions individuelles et collectives qui ont réellement un impact.
Sur ce, je vous souhaite de bonnes révisions et de bons achats responsables en cette fin d’année.