Inscrire un terme

Retour
Éditorial

Éditorial : Les membres exécutifs de la FÉUO : de faux activistes payés grassement par les étudiants

Actualités
29 octobre 2012

– Par Vincent Rioux –

J’en conviens, nous en avons très peu parlé dans les pages de La Rotonde depuis le début de l’année. Pourtant, la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) en mène large sur le campus. Elle gère un gros budget (voir p. 4) de presque 18 millions de dollars qui vient des contributions étudiantes. Cet argent passe par la FÉUO avant d’être réinjecté dans divers programmes sociaux, des événements, dans la U-Pass, dans les commerces étudiants et… dans les généreux salaires des membres exécutifs.

Des salaires insensés

Les six membres exécutifs de la FÉUO se prétendent activistes. Entre autres, ils militent pour la baisse des frais de scolarité à travers des campagnes de sensibilisation organisées par la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ). Or, les six représentantes élues de la FÉUO ne paient même pas de frais de scolarité eux-mêmes (ou, dans certains cas, en paient très peu) et ont un salaire déraisonnable de 32 339,06 $ par année (voir p. 3), directement payé par les étudiants qui, eux, doivent débourser des montants de plus en plus gros chaque année pour avoir accès à une éducation postsecondaire. C’est complètement absurde.

C’est à se demander à quoi les membres exécutifs de la FÉUO tiennent le plus : leur gros salaire puisé à même les cotisations étudiantes et tous les avantages financiers et sociaux qui viennent avec le job, ou une véritable baisse des frais de scolarité? Parce que, jusqu’à présent, outre leurs « campagnes de sensibilisation » qui ressemblent plus souvent qu’autrement à des campagnes publicitaires pour un nouveau produit en vogue qu’à un véritable moyen de pression sociale, la mobilisation étudiante, qui semble si chère aux yeux de la FÉUO et de la FCÉÉ, n’a pas porté ses fruits au cours des dernières années.

Par exemple, la dernière manifestation organisée par la FÉUO a été un échec lamentable. Une maigre foule de quelques 200 étudiants ottaviens s’était réunie à l’occasion du rassemblement s’étant tenu le 1er février dernier. Pourtant la FÉUO avait mis le paquet en terme de publicité et de marketing. Ce pseudo-activisme a donné quoi? Rien. Les étudiants de l’Université d’Ottawa ont tout de même encaissé une autre hausse de 5 % en début d’année.

Selon le Petit Robert, l’activisme est une attitude politique qui préconise l’action concrète. Or, pour la FÉUO, cette action consiste plutôt à s’impliquer dans l’organisme tentaculaire qu’est la FCÉÉ. Il suffit de participer aux événements de la FÉUO et de vous voir attribuer le titre de bénévole, et hop ! Le tour est joué! Ça fait de vous un activiste. J’ai une question : y a-t-il aussi possibilité de récupérer un coupon dans une boîte de céréales pour être activiste?

L’Assemblée des activistes : former des militants dociles

L’Assemblée des activistes, organisée par la FCÉÉ, s’est déroulée durant la fin de semaine des 12-13-14 octobres à Toronto. Tout d’abord, comme tout événement organisé par la FCÉÉ, ça commence par une grosse campagne publicitaire qui, après coup, n’aura pas servi à grand chose. La FCÉÉ a acheté de l’espace publicitaire dans La Rotonde, dans le Fulcrum et ailleurs sur le campus de l’Université d’Ottawa pour inviter les étudiants à s’inscrire à l’évènement. Après avoir mal investi ces milliers de dollars tirés de la poche des étudiants, ce n’est finalement qu’une poignée d’Ottaviens qui s’est rendue dans la Ville Reine pour la fin de semaine. Des quelques étudiants qui se sont déplacés, tous étaient impliqués au sein de la FÉUO. Tous, sauf un petit groupe d’irréductibles activistes, qui croyait naïvement assister à une véritable assemblée d’activistes où l’on fait effectivement la promotion de l’action directe.

Selon quelques sources qui désirent rester sous le couvert de l’anonymat, ce qui devait être un congrès enrichissant au service de la promotion de l’activisme (selon la définition du Petit Robert et non celle de la FCÉÉ, bien entendu), s’est plutôt révélé être en atelier de formation et de rétention de « bénévoles » à la FCÉÉ. En fait, pour la FCÉÉ, la terminologie « bénévole » sert tout simplement à faire la distinction entre ceux qui sont rémunérés et ceux qui ne le sont pas.

Les leaders étudiants de l’ASSÉ ne sont pas rémunérés

 

Preuve que ce n’est pas la grosseur du salaire qui fait la qualité de nos leaders étudiants, ceux de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ, qui était en coalition temporaire avec la « CLASSE » durant le conflit étudiant), qui représente plus de 40 000 étudiants à travers le Québec, ont orchestré la grève étudiante la plus importante de l’histoire du Québec devant la hausse draconienne des frais de scolarité du gouvernement Charest. Et, tout ça, sans recevoir le moindre sou des cotisations étudiantes des quelques 250 000 $ du budget de l’ASSÉ.

Je retiens deux raisons pour lesquelles ces leaders étudiants québécois ne sont pas rémunérés : d’une part pour concentrer l’ensemble des ressources financières dans le matériel d’information, les tournées, le soutien aux associations membres plutôt que dans les salaires et, d’autre part, pour éviter que les élus ne choisissent d’occuper leurs fonctions pour des raisons purement carriéristes et vénales.

Avant de penser à abolir les salaires de nos exécutifs de la FÉUO, on peut déjà envisager de réduire leurs rémunérations et les rendre plus raisonnables. Il semble complètement illogique et incohérent qu’un soi-disant leader militant fasse trois fois le salaire d’un étudiant « normal ». Si les membres exécutifs de la FÉUO croient réellement à leurs revendications sociales, ils devront repenser aux moyens qu’ils utilisent pour faire de « l’activisme » et revoir les conditions de leur association avec la FCÉÉ. Le problème de cette dernière, c’est qu’elle ne semble pas saisir l’essence même de ce que devrait être l’activisme et la mobilisation étudiante. Pour ses membres, il suffit de faire rouler l’économie et de continuer à se prétendre activiste.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire