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Élaborer un language pour tou.te.s avec l’inclusif

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12 janvier 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Article rédigé par Miléna Frachebois – Cheffe du pupitre Actualités

Inclure tout le monde dans un langage plus respectueux des genres ; là est l’objectif de l’inclusif et de l’usage de pronoms variés. Mais pourquoi, et surtout comment utiliser ces outils ? 

Il est de plus en plus fréquent qu’une personne indique ses pronoms en se présentant, ou que des articles soient rédigés en utilisant l’écriture inclusive. Pour Mikayla O’Neill, coordinatrice au Centre de ressources des fxmmes, ces pratiques sont une nécessité qui passe par la compréhension de ce langage sexiste qu’il faut « désapprendre ». 

Enjeux d’un langage respectueux

Pour Camille Cottais, étudiante à l’Université d’Ottawa (U d’O), l’inclusif permet de dégenrer le langage et ainsi éviter l’invisibilisation des femmes et des personnes qui ne s’identifient pas dans le genre utilisé par la langue. Cette pratique est d’autant plus importante pour Nessrine Bessaih, doctorante à l’U d’O en anthropologie et en traductologie, car ignorer le genre d’une personne, c’est pour elle ignorer son identité. 

C’est non seulement un enjeu d’identité, mais la mauvaise utilisation du langage en s’adressant à l’autre peut également avoir des conséquences malencontreuses partage O’Neill. « Même si nous n’avons pas l’intention d’utiliser un langage oppressif, ce langage peut toujours avoir un impact réel », affirme-t-elle. Elle insiste sur l’intérêt de responsabiliser, d’engager et d’encourager les gens à utiliser un langage non-genré, et donc moins oppressif et moins discriminatoire.  

Changer les mots, changer le monde 

L’inclusivité à travers les mots est l’une des méthodes employées pour inclure et respecter l’identité de chacun.e. Mais O’Neill en souligne la difficulté, car la langue française est genrée. Cependant, des techniques permettent de mieux inclure tous les genres grâce à des « restructurations de phrases et l’utilisation de termes épicènes. Par exemple, utiliser «élève» au lieu des termes «étudiante» ou «étudiant» », exemplifie la coordinatrice. 

Cottais poursuit en précisant que c’est un ensemble de règles, orales et écrites, qui va dé-genrer la langue et permettre l’égalité de tou.te.s, qui passe par exemple par l’utilisation du point médian, comme avec « étudiant.e.s ». Elle recommande également l’utilisation d’antonomases, avec l’utilisation du terme « partenaire » au lieu de « conjoint », « conjointe », « mari » ou « femme », afin de normaliser les relations non hétérosexuelles et les titres non-genrés, qui seront employés pour des personnes non-binaires.

Pronoms et identité 

Cottais soutient que l’usage de pronoms respectueux et adaptés à la personne citée est une autre façon de développer un langage inclusif. O’Neill avance que les pronoms sont des mots qui remplacent des noms, et servent donc de référence directe à une personne. « C’est dans une vision binaire du monde que la langue française va attribuer un pronom, soit il soit elle. Pourtant, le genre est fluide, vous pouvez être homme, femme, aucun des deux, ou les deux », affirme alors Bessaih.

Si certains pronoms sont populaires, comme « il » ou « elle », O’Neill liste ceux qui semblent l’être un peu moins, tels que « iel », « yel », « ille », « al », « ol », « ul », « ael », « im », « em ». En les énumérant, elle précise que les pronoms représentent ce que la personne en question veut qu’ils représentent, qu’il s’agisse d’une identité de genre, binaire ou non binaire, ou d’une préférence pour l’utilisation d’un pronom plutôt qu’un autre : les pronoms sont propres à un individu.

Selon la coordinatrice au Centre de ressources des fxmmes, respecter les pronoms et le genre d’une personne, c’est respecter la personne, puisqu’elle s’identifie à travers ceux-ci. Elle explique qu’il peut être difficile de savoir quand et comment demander les pronoms, ou le genre de quelqu’un, mais cela peut aussi être blessant de s’adresser à une personne de la mauvaise manière.

Cottais suggère donc de pousser une personne à se présenter en mentionnant ses pronoms, ou en écoutant comment elle se genre, à travers des adjectifs par exemple. O’Neill considère cela comme une étape nécessaire pour ouvrir la porte à la discussion sur le partage de pronoms, permettant ainsi de normaliser l’émergence d’un langage plus inclusif et respectueux de l’autre.

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